Soudan du Sud : Amnesty fait état de nouveaux crimes

Mercredi 19 Septembre 2018 - 14:48

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L'organisation non gouvernementale (ONG) a documenté de nouvelles atrocités d’une « brutalité ahurissante » de l’armée et de ses milices contre des civils lors d’une offensive menée d’avril à début juillet dans le nord du pays.

Dans un rapport intitulé « Tout ce qui respirait était tué : des crimes de guerre à Leer et Mayendit », publié le 19 septembre, l'ONG a compilé les témoignages de cent survivants qui font état de civils tués aveuglément, pendus à des arbres et « écrasés par des véhicules blindés » mais aussi de viols, enlèvements et pillages.

L'offensive contre la zone de l'Etat d'Unité (nord) tenue par les rebelles a débuté fin avril et duré jusque début juillet, soit une semaine après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu ayant précédé la signature, le 12 septembre, du dernier accord de paix en date, les précédents s'étant soldés par des échecs.

Le déferlement de violence qui s'est abattu sur les régions de Leer et Mayendit est un nouvel exemple des atrocités à caractère ethnique commises durant le conflit sud-soudanais, débuté fin 2013, deux ans et demi après l'indépendance et qui a fait des dizaines de milliers de morts et poussé des millions de Sud-Soudanais à fuir leurs foyers.

Les témoins cités par Amnesty International rapportent notamment l'usage de véhicules amphibies pour poursuivre les civils fuyant dans les marais et des tirs à l'aveugle dans les hautes herbes. Ils assurent également que les soldats, de l'ethnie dinka, celle du président Salva Kiir, rassemblaient des civils dans des habitations pour ensuite y mettre le feu.

« Il y avait aussi cinq enfants qu'ils ont frappés en les balançant contre un arbre, ils avaient 2 ou 3 ans. Ils ne veulent pas que les garçons vivent car ils savent qu'ils grandiront et deviendront des soldats », a raconté Nyaweke, 20 ans, citée dans le communiqué, qui a, par ailleurs, vu des soldats tuer son père.

D'autres survivants ont décrit un bébé tué par un soldat qui l'a écrasé avec son pied. « De nombreuses femmes ont été violées », a ajouté l'ONG, citant des témoins évoquant des viols en réunion de jeunes filles de 8, 13 et 15 ans. Captives pendant parfois plusieurs semaines, « celles qui essayaient de résister étaient tuées ». « Les Dinka attendaient en file pour nous violer », a déclaré une survivante.

Amnesty International a, en outre, dénoncé l'impunité dont bénéficient les auteurs de crimes depuis le début du conflit entre le président Kiir et son rival Riek Machar, soulignant que de nombreux appels à enquêter sur des crimes contre l'humanité et crimes de guerre ont été jusqu'à présent ignorés. « Le seul moyen d'arrêter ce cycle vicieux de violence est de mettre un terme à l'impunité dont bénéficient les combattants sud-soudanais, quel que soit leur camp », conclut l'ONG.

Rare exemple de justice rendue au Soudan du Sud, dix soldats avaient été condamnés à de lourdes peines de prison, le 6 septembre, pour le meurtre d'un journaliste sud-soudanais et le viol de cinq travailleuses humanitaires étrangères.

Josiane Mambou Loukoula et AFP

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