Souvenir : Guy Léon Fylla, quatre ans après sa disparition

Jeudi 21 Novembre 2019 - 19:59

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Musicien, peintre, auteur-compositeur, perfectionniste, l'illustre disparu est demeuré l’un des doyens de la musique congolaise les plus respectés. Il est aussi l’un des plus talentueux "rumberos" de la génération des années 1950-1960, celle des Bowane, Kallé, Luambo, Essous, Longombo, et connu également comme le musicien qui a défini par notation le "sèbènè".

Né en avril 1929 à Lokutu (ex-Elisabeth-ville, au Congo belge), Guy Léon Fylla a fait ses études primaires entre 1937 et 1945 à l’école Saint-Vincent de Poto-Poto, et à l’école Sainte-Jeanne d’arc de la mission catholique de Brazzaville. Entre 1945-1948, il passe son cycle secondaire au collège moderne de Mbounda, à Dolisie, puis s’oriente dans la musique et la peinture où il s’inscrit par correspondance à l’école inter de dessin et de peinture de Monte-Carlo (principauté de Monaco) et obtient un diplôme de fin d’études artistiques.

Guy Léon Fylla compte non seulement parmi les meilleurs "premiers sopranos" de grands orchestres, mais aussi parmi les saxophonistes sopranos inventifs de sa génération. Technicien accompli, improvisateur à la sonorité chaude et pleine, il est un de ces artistes musiciens dont on éprouve davantage ses mérites pour avoir atteint, après une longue carrière, une parfaite et passionnante maturité. Pour ceux qui ne le connaissent pas, il fait partie des artistes venus à la musique par le chant avant de se familiariser à la guitare dont il s’est inspiré autrefois du Belge Bill Alexandre, le premier Européen à introduire, en 1953, la guitare électrique.

En effet, ses débuts professionnels se font en 1953 à Léopoldville lorsqu’il enregistre son premier disque aux éditions CEFA avec son épouse, la chanteuse Marcelle Ebibi. Le duo sort l’une des plus belles chansons de l'époque, intitulée "Mama’e". Une œuvre à partir de laquelle a été utilisée, pour la toute première fois, la guitare électrique, et comptée parmi les plus belles mélodies de la musique congolaise de tous les temps. Partant de cet exploit, Guy Léon Fylla fait la connaissance des grandes figures de la rumba congolaise telles que Franco, Paul Roger Bemi, Maurice Evan, Albert Yamba-Yamba, Marie Isidore Diaboué et bien d’autres.

Ainsi, trois ans plus tard, en 1956, il s’associe aux musiciens du Négro Jazz de Brazzaville, lors de leurs séjours à Kinshasa, où deviendra par la suite chef d’orchestre. A la disparition du groupe, deux ans après, il crée sa propre formation, Maquina Loca, avec des artistes comme Antoine Nédule, dit Papa noël, Basile Mékono et Théopile Nguimadiao. Sous contrat avec les éditions Ngama, le groupe se rend populaire dans les deux Congo avec des chansons comme "Experencia", "Mbemba", "Bilengi ya Maquina", "Souvenir ya chérie", "Mwana ya Gabon". Fort de cette expérience, le groupe s’installe en 1959 à Libreville, au Gabon, et obtient un engagement régulier dans un dancing. Mais pendant son séjour dans la capitale gabonaise, Guy Léon Fylla partage son temps entre la musique et la peinture, expose plusieurs fois en France au cours des années 1959-1960.

Talentueux, habile et perfectionniste, au courant des années 1965, il devient directeur du Centre des arts de Moungali, à Brazzaville. Cet artiste aux multiples cordes enseigne à la fois le dessin, l’histoire de l’art, la théorie musicale et la guitare. Un brillant parcours qui le conduit en 1966 au poste de délégué permanent du Congo au premier festival mondial des arts nègres à Dakar, puis de 1972 à 1992, il occupera successivement des fonctions de secrétaire exécutif de l’Union nationale des écrivains et artistes congolais, président du conseil de l'Union nationale des musiciens du Congo, président des peintres indépendants du Congo et professeur à l’école nationale des beaux-arts en qualité d’enseignant d’anatomie artistique.

                                     

Cisse Dimi

Légendes et crédits photo : 

Guy Léon Fylla

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