Tête-à-tête Tshisekedi-Kodjo : les lignes n’ont pas bougé

Samedi 6 Février 2016 - 15:32

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Rien de neuf  en rapport avec les arguments développés par le leader de l’UDPS  dans sa dernière correspondance adressée à la présidente de la Commission de l’Union africaine (UA) et dans laquelle il exige à ce que le dialogue politique en vue ne s’écarte pas des prescrits de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et des dispositions de la Constitution.

La rencontre du 4 février entre Édem Kodjo, le facilitateur désigné par l'UA dans la crise politique en RDC, et Étienne Tshisekedi aura accouché d’une souri. C’est le moins qu’on puisse dire au regard des échos en provenance de la capitale belge où les deux personnalités se sont rencontrées en tête-à-tête. En tout cas, rien n’a filtré de cette entrevue étant entendu qu’aucun compte rendu n’a été fait à la presse. Le Togolais Édem Kodjo s’est voulu discret au point d’éviter toute interview. C’est à croire que c’est à la présidente de la Commission de l’UA qui l’a mandaté qu’il entend réserver la primeur de son entretien avec le leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).

Cependant, des sources présentes à Bruxelles continuent d’affirmer que les lignes n’ont pas véritablement bougé, Étienne Tshisekedi étant demeuré inflexible par rapport à sa position. D’une manière claire, l’émissaire de l’UA n’a pas réussi, pendant près deux heures qu’aura duré l’entretien, à convaincre le vieil opposant à participer au dialogue dans son format actuel. Le « Sphinx de Limete » est resté, en effet, figé sur sa position de ne pas prendre part à un forum national convoqué par Joseph Kabila qui, d’après lui, fait partie du problème. À en croire des sources, le « lider maximo » n’aurait fait que réitérer sa position contenue dans sa dernière correspondance adressée à la présidente de l’UA. La pierre d’achoppement entre les deux personnalités aura gravité autour des principaux points sur lesquels l‘UDPS n’entend pas transiger. Il s’agit, entre autres, de la convocation unilatérale du dialogue par l’actuel chef de l’État, l’alternance démocratique en 2016, le respect du pacte républicain de Sun City qui fonde la Constitution et l’engagement à ne pas trahir la RDC.

Tout en adhérant au projet du dialogue, l’UDPS exige à ce que ladite rencontre ne s’écarte pas des prescrits de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et que les dispositions de la Constitution ne soient pas violées. Bien plus, le parti d’Étienne Tshisekedi continue de faire une fixation sur le remplacement du bureau de la Céni par d’autres animateurs après consensus tout en réclamant le règlement du contentieux électoral de 2011. « Le dialogue politique que je prône et auquel je reste attaché est celui qui, sous la médiation internationale, va garantir le respect de la Constitution et des délais constitutionnels; le règlement du contentieux électoral de 2011; la restructuration de la Céni ; l’organisation d’un processus électoral crédible et apaisé; l’alternance politique par un transfert pacifique du pouvoir dans le respect de l’expression du peuple congolais », écrivait l’irréductible opposant et challenger à Joseph Kabila à la présidentielle de 2011 dans sa lettre adressée à Nkosazana Dlamini-Zuma. Il est resté constant dans cette prise de position au grand dam d’Édem Kodjo qui, du coup, voit ses espérances par rapport au dialogue s’étioler.

Le revers subi par le facilitateur de l’UA à Bruxelles sonne le glas d’un processus qui vient de sombrer dans les méandres des incertitudes du fait de l'intransigeance du leader de l’UDPS, mais aussi du G7 et de la Dynamique de l'opposition. À présent qu’Étienne Tshisekedi, l’un des gros poissons de l’opposition sur lequel misait la majorité présidentielle pour crédibiliser tant soi peu le dialogue, vient de se rétracter, la facilitation est prise au dépourvu avec le risque de jeter l‘éponge sans parvenir au but. Les prochaines heures nous en diront un peu plus.

   

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Poignée de main entre Étienne Tshisekedi et Édem Kodjo à Bruxelles

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