Transport en commun : six raisons de confier la gestion des parkings et arrêts de bus à un privé

Jeudi 30 Novembre 2017 - 13:11

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Caducité des textes légaux au niveau provincial, mode de perception archaïque, détournement systématique des recettes, absence de preuves de paiement, multiplicité des services publics et manque de parkings modernes sont autant de paramètres qui ne permettent pas à la ville de Kinshasa de rationnaliser les revenus générés par un des secteurs les plus prolifiques mais qui tourne actuellement au ralenti.

 

 

 

La situation est d’autant plus inexplicable que le parc automobile kinois atteindrait actuellement trois millions de véhicules. Moins de 10 %  d'entre eux sont constitués de poids lourds et plus de 80 % de véhicules utilitaires (chiffres officiels 2015). A Kinshasa, en effet, jusqu’aux heures avancées de la nuit, les arrêts de bus sont sous le contrôle de ceux qu’on a l’habitude d’appeler communément les « chargeurs ». Portant des blouses frappées du sigle de l’Association des chauffeurs du Congo (Acco) s'ils ne sont pas simplement en débraillé, ces « chargeurs » abordent les usagers du transport en commun pour leur indiquer le prochain taxi et sa destination. Pour service rendu, le chauffeur leur verse alors 100 à 200 FC (selon la course). Mais l’on ne sait prouver, au stade actuel, le point de chute réel de cet argent ou même l’implication de l’Acco dans ce phénomène qui gagne les différents parkings et arrêts de transport en commun dans la capitale. Or, l’on reconnaît que cette activité s’avère une véritable machine à  sous, échappant totalement à la vigilance des autorités urbaines. Actuellement, au-delà des « chargeurs » habituels, des policiers affectés dans les différents carrefours stratégiques entrent également dans le jeu.

Un phénomène hors de contrôle

Malheureusement, le débat ne date pas d’aujourd’hui. En 2014 déjà, un chiffre a créé une certaine polémique. En effet, les recettes attendues de la collecte des taxes dans les parkings devaient refléter un parc automobile de plus de 200 000 véhicules. Par ailleurs, les assignations budgétaires n’ont jamais été respectées au cours des années antérieures. L’on parle aujourd’hui de plus de trois millions de véhicules dont une bonne proportion de taxis, taxi-bus et bus. Après de nombreuses études sur le terrain, les causes de la contreperformance dans la gestion de ces recettes sont de mieux en mieux identifiées. D’abord, la ville de Kinshasa doit arriver à adapter ses textes légaux, du moins les actualiser au regard des réformes importantes des finances publiques au niveau national. En effet, la décentralisation offre de multiples possibilités de renflouer les caisses de la ville par des actes tout-à-fait légaux. Par la suite, il faut tirer la conclusion de l’échec de l’actuel système de perception, en raison des détournements massifs et de la multiplicité des services publics et privés intervenant de manière formelle et informelle dans les collectes. Le problème de traçabilité est bien réel. Enfin, pour une ville qui se veut moderne, l’état général des parkings laisse à désirer.

Expérimenter le PPP

Plusieurs experts poussent aujourd’hui l’autorité urbaine à redynamiser le secteur en repensant tout le mécanisme. Parmi les nouvelles pistes à explorer, il y a bien entendu la capitalisation des espaces libres pour doter la ville des parkings de plus en plus modernes. Toutefois, un accent semble être mis de plus en plus sur un système de gestion plus efficace. Au besoin, la ville doit carrément envisager un solide partenariat public-privé (PPP). Le résultat serait incommensurable en termes de rentabilité pour la ville de Kinshasa. Une loi sur le PPP est, d'ailleurs, en examen au Parlement et beaucoup d’experts estiment qu’elle aidera l’État à combattre les mauvaises pratiques dans les différents services et activités sous son contrôle. Déjà, pour réussir la gestion des parkings et arrêts en mode privé, la ville de Kinshasa doit penser dès à présent à installer un organe de régulation et de contrôle. Un débat à suivre.

Laurent Essolomwa

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