Troisième dialogue : l’Église catholique ne veut plus offrir ses bons offices

Mardi 26 Septembre 2017 - 17:59

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Les membres de l’épiscopat catholique qui sont en mission de plaidoyer auprès des institutions et gouvernements européens ne se sont pas dits prêts à conduire d’autres rencontres des acteurs politiques et sociaux congolais, étant donné que le pays attend encore la mise en œuvre de l’Accord de la Saint-Sylvestre.

 

Alors que la possibilité d’un troisième dialogue visant à décrisper la situation politique commence petit à petit à hanter les esprits des Congolais, notamment ceux de la majorité au pouvoir, l’Église catholique décline la proposition d’offrir ses bons offices pour mettre, une fois de plus, les Congolais autour d’une table. « La Cénco ne va pas piloter un éventuel 3e  dialogue alors que le précédent souffre de sa mise en œuvre », a dit le président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cénco), Mgr Marcel Utembi au cours d’une conférence de presse au siège du Réseau européen pour l’Afrique centrale (Eurac) à Bruxelles.

Pour le prélat catholique, il est possible de sortir le pays de l’impasse actuelle sans organiser un autre dialogue. « Nous sommes logiques et cohérents envers nous-mêmes. L’Accord du 31 décembre souffre de sa mise en œuvre à 90%. Nous ne pouvons pas piloter un 3e dialogue alors que le précédent n’est pas appliqué », a-t-il dit. Pour Mgr Marcel Utembi, à voir la délinquance de l’homme politique congolais, un autre dialogue irait dans le sens de saper l’accord du 31 décembre. « C’est possible de sortir de la crise sans un autre dialogue. Tout est encore possible », a, par ailleurs, ajouté un autre membre de l’épiscopat congolais, Mgr Fidèle Nsielele, qui a participé à la même conférence de presse.

Une possibilité inopportune

Du côté de l’opposition déjà, l’idée d’un troisième dialogue avait été boudée. Pour les membres de cette plate-forme, un autre dialogue est inopportun étant donné qu’il est vu comme un subterfuge du pouvoir en vue de lui permettre de passer la date du 31 décembre 2017 qui s’approche, et qui marque la fin de la rallonge accordée à la législature actuelle par les acteurs politiques et sociaux congolais réunis sous l’égide de la Cénco et qui ont signé l’accord de la Saint-Sylvestre qui peine à être mis en œuvre. Pour l’opposition, en effet, le pouvoir procéderait à des nominations de premiers ministres et chefs du gouvernement en violation de l’accord du 31 décembre 2016 jusqu’à l’approche de la date « fatidique », pour négocier un autre dialogue lui permettant de passer ce cap. Tel aura été le cas avec Samy Badibanga puis avec Bruno Tshibala dont les nominations ont permis, pour le premier, à la majorité de rogner trois mois au temps de la rallonge, alors que pour le second, c’est déjà quatre mois. « Après avoir pris ces opposants fabriqués, le pouvoir voudra un autre dialogue qui lui permettra de pactiser avec la vraie opposition en vue de passer la date du 31 décembre », a tenté d’expliquer un Congolais se déclarant de l’opposition.

Selon cette opinion qui se déclare de l’opposition et qui s’oppose au troisième dialogue, la personne qui serait visée pour faciliter ce passage en force serait Félix Tshilombo Tshisekedi, le président du Rassemblement aile Limete. « Il est approché pour être nommé Premier ministre à l’issue de ce dialogue. Mais nous, de notre part, nous ne souscrivons pas à cette démarche », soutiennent les proches du fils du sphinx de Limete dont le corps attend son rapatriement pour la RDC. Il est noté que les acteurs politiques et sociaux de la RDC ont signé, le 31 décembre 2016, un accord qui avait sanctionné le dialogue piloté par la Cénco. La signature des arrangements particuliers avait posé problème, le Parlement avait pris le relais de la Cénco et avait patronné la signature de ces textes. Pour la majorité au pouvoir, les choses marchent comme prévu dans l’Accord de la Saint-Sylvestre alors que l’opposition a un langage contraire. Actuellement, la non-organisation des élections dans un délai consensuel remet sur la sellette toutes les questions sur la légalité et la légitimité du pouvoir tenu par la majorité présidentielle qui en jouit depuis 2006, après l’organisation des premières élections. En attendant, les violons sont loin de s’accorder entre les deux camps.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

La Cénco au Front pour le respect de la Constitution pour négocier sa signature de l'Accord de la Saint-Sylvestre /photo Adiac

Notification: 

Non