Violations des droits de l’homme : la RDC toujours dans le collimateur de l’ONU

Jeudi 28 Février 2019 - 17:14

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Au mois de janvier dernier, les Nations unies ont documenté au moins cinq cent soixante-quatorze cas des exactions dans le pays, pour l'essentiel imputables aux forces de sécurité.

L’avènement au pouvoir de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo n’a pas véritablement eu un impact positif sur les violences des droits humains en République démocratique du Congo (RDC), au regard des tendances persistantes qui traduisent la résistance du phénomène.

Les chiffres qui résultent du dernier rapport du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) tranchent encore avec les annonces et promesses du nouveau président, décidé à faire bouger les lignes en faveur d'une démocratie réellement agissante. Il ressort des sources onusiennes que depuis les élections, le nombre de violations des droits de l'homme est resté très élevé, particulièrement en janvier. Durant cette période postélectorale, au moins cinq cent soixante-quatorze cas de violations ont été recensés, la plupart étant le fait des forces de sécurité, soit plus qu'en novembre ou décembre 2018. En outre, l’ONU note qu’un bon tiers de ces violations est à caractère politique.  

D’après les Nations unies, les militaires et policiers sont responsables d’un grand nombre des violations des droits humains documentés. Il leur est imputé au moins 73% des exactions comptabilisées sur tout le territoire national, contre 53% en décembre 2018. Toujours à cette période postélectorale, au moins une cinquantaine de personnes parmi lesquelles les journalistes et les activistes des droits de l’homme ont fait l'objet de menaces ou d'attaques jusqu’à solliciter la protection des Nations unies. En effet, plus d’une fois, des professionnels des médias et des membres des mouvements citoyens ont été violentés lors des manifestations publiques et leur matériel détruit ou confisqué. Le rapport onusien évoque également le nombre très élevé d'exécutions extrajudiciaires, documentant au moins quarante-sept cas dont sept femmes, soit plus d'un par jour.

Des premiers signaux d'espoir perceptibles

Une chose est vraie, c’est qu’il faudra accorder un peu plus de temps au nouveau pouvoir pour espérer voir les tendances être inversées dans ce domaine. Déjà, les premiers signaux permettant de croire au changement sont perceptibles. Le cas des récentes manifestations estudiantines à l’Université de Lubumbashi qui a vu la Cour d'appel condamner onze policiers à des peines allant de six mois à la peine capitale est très éloquent à ce sujet. D’aucuns ont salué ces mesures correctives prises avec plus de célérité qu'à l'accoutumée. Toutefois, il reste encore du chemin à parcourir par le nouveau pouvoir appelé à s’engager véritablement dans la lutte contre l’impunité qui gangrène l’appareil sécuritaire du pays et qui est à l’origine de nombreux abus déplorés.  

Quant à l’ensemble du processus électoral, allant de la période préélectorale et postélectorale, l’ONU a recensé au total cent quarante-et-un cas de violations des droits de l’homme, essentiellement durant les manifestations ayant émaillé cette période trouble. Au moins vingt personnes ont été tuées, soixante-deux autres blessées et trois cent soixante-et-onze arrestations. Ce bilan a été présenté le 27 février à Kinshasa par le directeur du BCNUDH, Abdoul Aziz Thioye.

Alain Diasso

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