Violences contre les femmes : les magistrats souhaitent le primat de l’action civile sur le pénal

Samedi 1 Décembre 2018 - 13:15

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Le souhait de privilégier la réparation du préjudice a été émis, le 30 novembre à Brazzaville, à l’issue de l’atelier organisé sur « Le plaidoyer sur la protection des femmes et des enfants victimes de violence », au Centre d’information des Nations unies.

La rencontre organisée par l’association Azur développement, avec l’appui de l’ambassade des Etats-Unis, s’inscrivait dans le cadre du projet dénommé « Prévention et réponse aux violences faites aux femmes et aux filles ».  

 Elle a regroupé les magistrats, les animatrices du guichet unique, les représentants des services de la police, de la gendarmerie, des différents ministères et bien d’autres.

L’objectif général est de contribuer au respect des droits humains au Congo, tandisque les objectifs spécifiques ont été notamment de présenter les données et les difficultés rencontrées par le guichet d’assistance aux personnes victimes de violences et échanger avec les magistrats sur l’accompagnement juridique et judiciaire de ces dernières.

L’échange a porté sur la présentation des données et difficultés rencontrées par le guichet unique d’assistance des femmes et enfants victimes de violences. Elle a été faite par l’animatrice du guichet, Carine Matangana, et celui sur la prise en charge judiciaire des victimes de violence : responsabilité du magistrat, par le juge à la Cour suprême, Jean de Dieu Batchy. Carine Matangana a fait l’historique du guichet d’assistance et présenté ses différents services. Selon elle, le guichet d’assistance a été mis en place à Nkayi et Pointe-Noire, en 2014, avec l’appui de l’ambassade de France au Congo. A Brazzaville, par le PCPA et le Fonds mondial pour les femmes.  En 2017, a-t-elle dit, l’action de ces guichets a été mise en échelle en partenariat avec Action de solidarité internationale, le ministère de la Promotion de la femme et de l’Intégration de la femme au développement avec l’appui financier de l’Union européenne.                                                                                                                        

Les statistiques enregistrés au guichet unique de Brazzaville et Pointe-Noire de 2017 au premier semestre 2018 sont d’un total de trois cent quatre-vingt-quatre cas dans les deux villes.  Parmi eux, l’on compte cent quatre-vingt-huit femmes et cent quatre-vingt-dix filles mineures ainsi que six garçons.

Les cas de violences sexuelles identifiés ont été cent quatre-vingt-douze, les violences physiques : trente-sept, les violences psychologiques : cent, les violences économiques : cinquante-cinq, les plaintes déposées aux services de police et de la gendarmerie : deux cent dix-sept, les dossiers parvenus au tribunal :  cent cinq dont trois ont pu avoir un aboutissement.  

La communication sur « La prise en charge judiciaire des victimes de violence : responsabilité du magistrat » a été donnée par le juge à la Cour suprême, Jean de Dieu Batchy.

L’orateur a expliqué les différentes étapes de procédures du dossier présenté au niveau des autorités de poursuites, des autorités de jugement. Il a exhorté les victimes qu’il serait mieux de chercher la réparation du préjudice subi au lieu de penser toujours à la condamnation.

En ce qui concerne la lenteur de la prise en charge judiciaire des victimes, Jean de Dieu Batchy a indiqué qu’elle est causée par le poids de la coutume, la sorcellerie, les pesanteurs sociales ainsi que les conditions carcérales.

Les recommandations formulées ont été notamment au service du guichet unique de travailler en coordination avec la police et les hôpitaux, de faire un plaidoyer auprès du Parlement pour améliorer la législation, de prolonger les activités de prise en charge des victimes de violence à l’intérieur du pays, d’aider les victimes à dénoncer les violences, prioriser l’action civile à l’action pénale, de lutter contre l’impunité et bien d’autres.  

 

 

 

Lydie Gisèle Oko

Légendes et crédits photo : 

La photo de famille des participants à l'atelier / Adiac

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