Littérature : un plaidoyer pour l'inscription de Présence Africaine au patrimoine mondial

Jeudi 23 Mai 2019 - 19:30

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Les écrivains, enseignants et étudiants de l’Université Marien-Ngouabi ont été édifiés sur le processus de créativité littéraire et de la maison d'édition, le 22 mai, lors d’une table ronde animée par différents acteurs culturels.

Suzanne Diop, co-directrice de Présence Africaine, les Prs Romuald Fonkoua, rédacteur en chef de ladite maison, Mukala Kadima Nzuji, ancien rédacteur en chef de la revue Présence Africaine et Marie Kattié, responsable de la communication de Présence Africaine ont respectivement parlé des conditions de publication d’un livre à cette maison d'édition, de la créativité littéraire, de l'acteur culturel et économique du livre.

Expliquant la procédure de l’élaboration d’une œuvre littéraire, Suzanne Diop a fait savoir: « Quand les gens nous envoie leur manuscrit, nous le regardons s’il est intéressant ou pas. Une fois que celui-ci est accepté, nous concluons avec l’auteur un contrat.  Nous préparons le texte et nous l’organisons. Un rewriter est chargé de le lire et nous le corrigeons.  Une fois corrigé, nous le vérifions ensemble avec l’auteur.  Après l'étape de correction, nous le mettons en pages au format avant de l’envoyer à l’imprimerie. Ensuite nous faisons la promotion de ce livre »

Pour sa part, le Pr Romuald Fonkoua pense que « Alioune Diop était fou d’avoir imaginé, pensé à défendre l’Afrique noire à partir de la culture. Le livre La philosophie bantoue, du révérend père Placide Tempels, publié en néerlandais, traduit en français par Présence Africaine, est le premier ouvrage édité par cette maison. Celui-ci a permis à Alioune Diop de lutter pour l’indépendance du continent et s’engager dans le combat pour la reconnaissance de la dignité de l’homme noir, et suscita ainsi de nombreuses controverses ».

 Marie Kattié, quant à elle, a insisté sur le principe de garder les catalogues classiques, c’est-à-dire de les réimprimer afin qu’ils soient accessibles.

 Le Pr Mukala Kadima Nzuji, de son côté, a révélé qu’Alioune Diop était passionné des questions qui touchaient à l’africanité. « La philosophie bantoue a joué un rôle très important dans notre manière de penser, de vivre. Le nombre de publications sur la philosophie africaine, sur la pensée africaine, sur la théologie africaine, est considérable à Présence Africaine ; il suffit seulement de regarder les catalogues, il y a énormément de thèses, textes qui ont été publiés dans ce sens-là et à cela s’ajoute une tendance dominante à cette époque dans le milieu des théologiens, ils parlaient d’inculturation. Il se posait une question essentielle dans le domaine de la chrétienté, comment transmettre l’évangile à travers la culture aux gens qui recevaient ce message. Et, à partir de là, beaucoup de chercheurs ont été encouragés à publier chez Présence Africaine », a-t-il témoigné.

Le professeur a aussi parlé de l’expérience qu’il a eue à Présence Africaine. « C’est qu’il y a une exigence, c’est-à-dire la qualité de texte. Un accent est mis jusqu’aujourd’hui à Présence Africaine sur la valeur de la civilisation noire », se souvient-il.

Il a, en  outre, exhorté les écrivains en herbe à beaucoup travailler, indiquant: « Il n’y a pas de miracle à cela, rien que le travail. Pour écrire, il faut beaucoup travailler »

             Inscrire Présence Africaine au patrimoine mondial

Le Pr Mukala Kadima Nzuji a formulé le vœu de voir un jour Présence Africaine inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco comme cela se fait avec certains sites. « Présence Africaine mérite d’être inscrite sur la liste du patrimoine mondial, car elle occupe une place extrêmement importante dans le cheminement de la pensée africaine.  Elle a dépassé toutes les contingences, ce n’est plus une structure familiale ni une institution qui appartient à un individu. Présence Africaine appartient à l’humanité.  Pourquoi ne pas se battre au lieu de poser le problème de financement, pour que grâce aux grands intellectuels et politiques africains, que cette maison soit inscrite sur la liste du patrimoine mondial, et c’est à partir de là qu’elle peut survivre, s’ouvrir davantage, qu’elle peut mettre en place de nouvelles politiques pour intégrer de nouvelles visions », a-t-il souhaité.

Alioune Diop est né le 10 janvier 1910 à Saint-Louis (au Sénégal). Après des études primaires et secondaires (à Saint-Louis), il entama en Algérie, de 1936 à 1937, des études de Lettres classiques qu’il termina à la Sorbonne, à Paris. Il meurt le 2 mai 1980 à Paris.

Rosalie Bindika

Légendes et crédits photo : 

Photo : Des acteurs culturels lors de la table ronde Photo : Une vue des étudiants de l’Université Marien-Ngouabi, des écrivains et enseignants

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