Médecine pour tous. Cœur et sport (troisième partie) : mort subite du sportif

Vendredi 21 Juin 2019 - 14:26

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Définition. Flash épidémiologique La mort subite du sportif est un décès imprévisible survenant pendant la pratique sportive. Elle est principalement due à un trouble de rythme cardiaque grave, à une insuffisance coronarienne aiguë ou à une gêne subite à l’éjection du ventricule gauche. Dans le monde, la mort subite frappe chaque année deux athlètes de moins de 35 ans sur cent mille. Dans plus de 90% la cause en est cardiaque et neuf fois sur dix, l’athlète est de sexe masculin.

Causes de la mort subite. Les facteurs qui favorisent la survenue de la mort subite sont principalement l’intensité de l’exercice, un niveau d’entraînement insuffisant, les conditions environnementales et le sexe (neuf hommes pour une femme). Le mécanisme de ces morts subites est souvent une fibrillation ventriculaire (équivalent de l’arrête cardiaque) qui complique une cardiopathie sous-jacente. La liste des cardiopathies causales est détaillée dans les séries internationales. Celles-ci mettent en avant, chez les sportifs de moins de 35 ans, les cardiomyopathies hypertrophiques (CMPH), la dysplasie arythmogène du ventricule droit (DAVD= ventricule droit papyracé, dystrophique), les anomalies congénitales des artères coronaires, les anomalies de l’électrogenèse avec arythmies sévères (Syndrome de Wolf Parkinson White, QT long, Syndrome de Brugada). Chez les sportifs de plus de 35 ans, parfois moins, elles citent l’athérosclérose coronaire avec le risque d’infarctus d’effort et de mort subite rythmique, le rétrécissement orificiel aortique, la rupture d’anévrisme de l’aorte, les myocardites et les cardiomyopathies dilatées (CMD). Exceptionnellement, la mort subite résulte d’un « commotio cordis », traumatisme thoracique non pénétrant, réalisé par une balle de base-ball ou de football tirée à bout portant et heurtant le thorax d’un sportif.

Tableau clinique de mort subite. Prise en charge immédiate.

La mort subite peut être précédée dans la moitié des cas de prodromes (signes annonciateurs), à type de douleurs thoraciques, de syncope, d’antécédent familial de mort subite. Le tableau clinique de mort subite est celui d’un collapsus cardiovasculaire sévère et généralement irréversible avec : écroulement subit ; pâleur extrême, refroidissement des extrémités, bruits du cœur inaudibles, pouls et tension artérielle imprenables, perte de conscience. Le diagnostic est évident.

Le traitement par réanimation cardiaque obtient un succès dans moins de 20% des cas. Il consiste immédiatement en un massage cardiaque externe actif, une oxygénothérapie par le bouche-à- bouche et, si possible, en un recours au Samu (Service d’aide médicale d’urgence) ou à un service spécialisé des pompiers qui appliquera un choc électrique externe. Dans la suite, la possibilité de la mise en place d’un défibrillateur externe automatique accroît les chances de ressusciter la victime. Chez les survivants, le traitement repose sur la prise en charge de la maladie sous-jacente. Dans ce contexte, un défibrillateur automatique implantable (DAI) est souvent nécessaire.

Prévention de la mort subite chez le sportif

 La prévention de la mort subite sur le terrain de sport requiert une détection précoce des cardiopathies en cause. Comme celles-ci sont souvent asymptomatiques (=sans signes fonctionnels), les principaux éléments de dépistage doivent comporter : 1) L’interrogatoire. Il permet de recueillir la notion d’antécédents familiaux de mort subite ou d’existence de symptômes ou d’événements qui orientent le diagnostic (essoufflement anormal, douleurs thoraciques, palpitations, sensation de jambes « coupées », etc.). 2) L’examen clinique. Il est souvent normal mais il faut penser à documenter le souffle systolique si fréquent sur ces terrains. 3) L’électrocardiogramme (ECG). Cet examen attire l’attention en cas de troubles de la repolarisation, de bloc de branche, d’allongement du QT, d’existence d’un syndrome de Wolf Parkinson White (WPW= influx nerveux suivant une voie accessoire), d’un trouble au Holter-ECG, etc. 4) L’échocardiographie-Döppler apporte une contribution inestimable, notamment en cas de CMPH, CMD, obstacles à l’éjection ventriculaire (rétrécissement aortique, tumeur intracardiaque, etc.).

D’une façon générale, les règlementations internationales rendent obligatoires la surveillance médicale des sportifs. Dans le cas de la pratique individuelle d’activités sportives, il est recommandé aux intéressés de subir des contrôles médicaux bi- ou trimestriels en prévention d’accidents graves dont la mort subite est le dernier terme.

Christophe Bouramoué, professeur émérite, nbouramoue@yahoo.fr

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