Pouvoir judiciaire : une grève à deux vitesses observée dans la Magistrature

Jeudi 1 Août 2019 - 17:20

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Depuis le 31 juillet, les magistrats sont entrés en grève. « Palais mort », ainsi qualifient-ils leur mouvement visant l’amélioration des conditions de travail dans le secteur.

Les grévistes estiment avoir été floués par les autorités du pays qui leur ont promis d’augmenter leurs salaires sans que cela ne soit suivi d’effets. De Joseph Kabila à Félix Tshisekedi, ils n’ont rien vu venir. À Kinshasa, les hommes en toge ont même improvisé une marche de colère à l’initiative de leur syndicat avec pour point de chute le Palais de la nation où ils comptaient déposer leur mémorandum.  Une action qui a été étouffée dans l’œuf à la suite de l’intervention des forces de l’ordre. Outre les magistrats, les agents de la police judiciaire dont certains accusent plus de quinze ans d’arriérés, sont aussi entrés dans la danse en réclamant leur mécanisation et ainsi que leur paie.  

Le mot d’ordre, faut-il le dire,  a été suivi néanmoins à l’arrière-pays où plusieurs cabinets n’ont pas fonctionné depuis l’annonce de la grève. Les portes des cours et tribunaux ainsi que du Parquet de grande instance sont restées fermées et aucune audience n’a pu avoir lieu. Les magistrats ont préféré rester à la maison séchant volontairement leur milieu de travail.

En Ituri par exemple, le mot d’ordre a été respecté scrupuleusement par les juges. Les magistrats de ce coin du pays se sont joints à leurs collègues de Kinshasa et de plusieurs autres juridictions du pays qui revendiquent le paiement de leur salaire selon le nouveau barème déjà déposé au ministère du Budget.        

À Bunia, le Palais de justice a offert l’image d’un endroit abandonné où rien ne vit. Cependant, au Nord-Kivu, un service minimum a été néanmoins observé au Parquet près le tribunal de grande instance de Goma pour gérer les justiciables. À noter qu’une frange de magistrats n’adhère pas à ce mouvement de grève qu’elle considère comme une agitation stérile et contreproductive. En Ituri, le président du Tribunal de grande instance de Bunia est entré en contradiction avec ses pairs dont il récuse la démarche qu’il juge non conforme à la procédure administrative en cette matière. Il en est de même du procureur du Parquet de grande instance de l’Ituri qui considère les grévistes comme des absents volontaires sur le lieu de travail alors qu’ils étaient censés venir exprimer leur mécontentement sur le lieu de travail.  La province du Kongo central est l’une des rares à avoir fait fi de ce mouvement de grève. Ici, les audiences ont eu lieu sans problème. Les tribunaux, parquets et cours ont ouvert et les activités se sont déroulées normalement comme si de rien n’était. Toutefois, avant que la situation ne dégénère, des appels en provenance de diverses instances judiciaires du pays ne cessent d’être lancés pour qu’une solution soit trouvée en amont afin d’éviter la paralysie du système judiciaire du pays.

Alain Diasso

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