Après Marrakech : les Nyota, tête d’affiche du Lubum Comedy Club

Il est un fait, Lubumbashi s’apprête déjà à accueillir honorablement « les jumelles ». Sur la page Facebook du Lubum Comedy Club, l’événement humoristique de référence de la capitale du cuivre, on lit : « Les Nyota vous donnent rendez-vous le 17 août au Pullman Lubumbashi à partir de 17h45 ». En filigrane, on sait deviner l’importance donnée aux deux stars de l’humour natives de Kinshasa qui n’en seront pas à leur première prestation dans la ville toujours à l’invitation de la scène découverte d’humour à vocation panafricaine. Lubum Comedy Club se réjouit donc d’avoir accordé une place de choix aux Nyota dans son cadre. Et pour sa part, le jeune duo a fait la fierté de l’étendard congolais au Marrakech du rire 2019. Ce, juste après le passage déjà bien remarquable de son mentor, Ronsia Kukielukila l’an dernier précédé en 2017 par Abelle Bowala, tous deux des fleurons de la Team Toseka créée autour du Festival international d’humour kinois Toseka.

Il faut signaler que le Lubum Comedy Club tient à assurer l’accompagnement de « l’essor d’un écosystème des humoristes d’Afrique et du monde francophone ». Décidé à tout faire de ce leitmotiv sauf un slogan creux n’hésite pas à s’offrir la crème de l’humour africain. Aussi, outre les Nyota qui passent désormais pour de vraies stars dans le continent, elle réserve sa prochaine scène aussi au meilleur humoriste de l’édition 2017 du Festival du Gondwana « Abidjan Capitale du Rire ». Il s’agit donc de l’Ivoirien Boukary qui entend porter sur les planches Pullman Lubumbashi un petit bout de sa Côte d’Ivoire natale pour le grand bonheur des Lushois.

Par ailleurs, en attendant de s’exprimer au Lubum Comedy Club le troisième week-end de ce mois d’août, Les Nyota au top de leur forme, elles ne s’en cachent guère, affinent leur verbe. En effet, requinquées à l’édition du Marrakech du rire (MDR 2019), il ne saurait en être autrement. Ce merveilleux souvenir qu’elles gardent du Gala Afrika, la soirée dédiée à l’humour africain, le 13 juin dernier du MDR 2019, elles l’ont partagé au Courrier de Kinshasa. Princesse Watuwila, la plus loquace des Nyota, Jovitha Songwa à l’inverse de caractère beaucoup plus réservé, s’est donné le plaisir de raconter l’expérience vécue avec une certaine dose d’émotion. La jeune humoriste souligne de prime abord : «  Nous étions les troisièmes à passer sur les planches à cette soirée, nous étions très stressées ». Ce qui est compréhensible dès lors qu’en participant à la fête de Marrakech, elles estimaient « porter un poids sur nos épaules ». Ce qu’elle nous a expliqué ainsi : « Il y avait tellement de gens qui nous écrivaient sur les réseaux sociaux de partout à partir d’ici. Nous recevions des messages de soutien du genre : “Nous sommes derrière vous, vous représentez le pays là-bas“, c’était à la fois encourageant et fort stressant ». Et de renchérir non sans sourire  : « Jovitha stressait comme pas possible. D’habitude, c’est moi la professionnelle en stress mais cette fois, elle s’y était mise avant la scène. Mais une fois sorties devant le public, nous nous sommes relaxées et amusées. »

Synchronisation impressionnante

Quoique intimidées par la scène du MDR, Les Nyota ont fait une heureuse expérience à l’entame de leur show. « Dès l’entrée, le public s’était exclamé. Nous nous demandions si dans la foule il y avait des gens qui nous connaissaient », se sont-elles réjouies. La présentation élogieuse que leur avait réservée leur aînée, la MC, Amoutati y était bien pour quelque chose comme l’a d’ailleurs dit Princesse. L’humoriste d’origine ivoirienne avait, en effet, eu la brillante idée de mentionner, entre autres, que le duo venait du pays de Koffi Olomide, la RDC. Ces mots avaient bien servi, en est persuadée la Kinoise, pour exciter la salle : « Il nous a suffi d’apparaître sur la scène pour que le public crie ». Mais elle a aussi reconnu que l’entrée musicale des Nyota sur un son original préparé par Kratos, un jeune réputé beatmaker et beatboxer de Kinshasa, a fait son effet. Qu’avait-il à espérer de plus sinon que les spectateurs soient à ce point réceptifs ? « Les cris du public nous ont donné une certaine assurance de sorte malgré qu’il s’était montré un petit peu froid la première minute, cela ne nous a pas empêchée de nous lancer tout de suite et il s’est lâché », a déclaré Princesse. Elle a observé la surprise du public face à la parfaite synchronisation vocale et gestuelle des jumelles qui l’avait impressionné. De la scène, Princesse dit avoir noté par exemple la stupéfaction d’un spectateur. «  Il y avait un monsieur dans le public qui semblait ému, je ne sais pas trop bien décrire son expression. On sentait bien qu’il y avait de l’étonnement. Il était sûrement là à se demander comment nous faisions ! », a-t-elle pensé.

Le premier fou-rire de la salle, se souvient l’humoriste kinoise, avait été occasionné par le sketch comparant les réactions d’un Américain, d’un Congolais et d’un Français se rendant compte, après le premier croc, que la pomme achetée à l’étalage d’un vendeur de fruits et légumes était pourrie. « Déjà l’allure du Congolais, sa démarche avait provoqué un gros rire du public. Ce, avant d’en arriver au fait qu’il croque une deuxième fois la pomme pour s’assurer qu’elle est vraiment infecte alors que les deux premiers ont recraché le morceau avec un juron. Cette scène l’avait littéralement tué !  », a affirmé Princesse. C’est avec un réel ravissement qu’elle raconte ensuite l’effet encourageant des commentaires en lingala qui fusaient dans la salle. Et de reconnaître à ce propos : « Quoi de plus enchanteur que de se rendre compte de la présence des Congolais dans la salle qui n’arrêtaient pas de crier en lingala. Et, à la fin évidemment, ils ne nous ont pas ratées. Ils criaient à tue-tête, Bana mboka toza wana eh ! (Nous sommes là, fils et filles du pays !)  ».