Matadi : Chantal Yelu se met à l'écoute de la jeunesse

Lundi 2 Septembre 2019 - 18:34

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Les jeunes de la localité ont vécu des moments inoubliables, d’effervescence et de liesse à la faveur du passage de la conseillère spéciale du chef de l'Etat chargée de la Jeunesse et des violences faites à la femme. 

Arrivée le 29 août dans la soirée au chef-lieu de la province du Kongo central sous les ovations des jeunes « matadiens » enthousiasmés, Chantal Yelu Mulop s’est immédiatement mise au travail. Le premier acte de son séjour dans la ville portuaire s’est négocié juste le lendemain dans la résidence du gouverneur de la province, Atou Matubuana, à qui elle est allée présenter ses civilités et lui esquisser l’objet de sa mission. La clôture du mois international de la jeunesse célébrée le 12 août de chaque année, tel aura été l’enjeu principal du déplacement de la conseillère spéciale qui a jeté son dévolu sur la ville de Matadi pour abriter l’événement.

Des jeunes triés sur le volet parmi les associations et autres mouvements affiliés au sein de la coalition majoritaire, représentés notamment par les ligues des jeunes de l’Union pour la nation congolaise  et du Cap pour le changement  venus de Kinshasa, étaient dans la suite de la conseillère spéciale du chef de l'Etat qui tenait à les confronter à leurs pairs de Matadi dans une perspective d’échange d’idées et d’expériences. Une démarche qui procédait de son engagement à unir les jeunes de toutes les provinces autour des idéaux du changement et du progrès de sorte à faire reculer un peu plus les antivaleurs en milieu juvénile. Les jeunes de l’Union pour la démocratie et le progrès social, particulièrement ceux des Forces du progrès, étaient très en verve.

C’est dans une salle « Victoria » pleine à craquer, située dans la commune de Kinkanda,  que Chantal Yelu a conféré, dans une ambiance hystérique, avec les jeunes de Matadi. Ces derniers ont saisi l’occasion pour lui soumettre leurs préoccupations liées essentiellement à leur vécu dans un environnement qui ne leur offre pas toujours des opportunités d’émergence. Dans son mot de bienvenue, la ministre provinciale du Genre, jeunesse et sport, Nenette Kiatoko, a, d’emblée, rendu hommage au président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, pour sa vision sur la jeunesse qu’il veut « citoyenne, patriote, compétitive, responsable, formée et capable de prendre en mains la destinée du pays ». Et de rassurer son hôte sur l’implication de l’exécutif provincial dans l’encadrement de la jeunesse du Kongo central qu’il veut sienne. 

Pour sa part, la conseillère spéciale du chef de l'Etat s’est dite honorée, non en tant qu’autorité mais en tant que Congolaise d’abord. Elle a martelé sur le changement auquel tout Congolais aspire désormais mais qui, a-t-elle dit, « ne doit pas être celui de la dégradation de la situation actuelle mais celui de l’amélioration des conditions de vie ». Tout en exhortant les uns et les autres à regarder dans la même direction, elle a estimé que l’heure est venue de rompre avec le passé avilissant et ses tares qui ont gangrené le système éducatif congolais. Et d’ajouter : «  Nous devons bâtir un Congo plus beau qu’avant et cela revient à reformer notre éducation (…) ». Dans la foulée, elle a exhorté l’assistance à s’approprier la lutte que mène Félix Tshisekedi pour l’émancipation et l’émergence de la jeunesse congolaise. 

Face à la disponibilité de la représentante du chef de l'Etat qui s’est mise à leur écoute, les jeunes « matadiens » ont eu la latitude de vider leurs tripes en extériorisant tout ce qui leur tenait à cœur. Les requêtes ainsi formulées ont gravité, entre autres, autour du manque de financement des projets initiés par des jeunes entrepreneurs locaux, des tracasseries des structures étatiques chargées du prélèvement d’impôts et taxes, de l’absence de formation, de la précarité de vie menée par les filles victimes de viol, du chômage, de l’absence des bourses d’études, de la criminalité, de la discrimination des jeunes dans certaines structures de l'Etat, etc.

N’éludant aucune question, Chantal Yelu avait visiblement réponse à tout. Sur la question de financement de l’entrepreneuriat local, elle a plaidé pour la création des banques congolaises pour les jeunes entrepreneurs, mais aussi pour leur mise à niveau. Et d’annoncer, à ce sujet, la création imminente d’un fonds de garantie censé permettre aux jeunes entrepreneurs d’accéder aux crédits bancaires tout en bénéficiant d’un accompagnement dans la gestion de leurs projets. « Les jeunes entrepreneurs devront amener un plan d’affaires pour espérer bénéficier du crédit », a-t-elle déclaré, non sans inviter les éventuels souscripteurs à faire preuve d’un sens de responsabilité et à ne pas faire mauvais usage des ressources qui seront mises à leur disposition. Quant à la multiplicité des taxes, elle a indiqué qu’avec l'avènement du gouvernement, cette question sera traitée en toute responsabilité. 

« Il est temps de dénoncer ! »        

Abordant la question des filles victimes de viols, Chantal Yelu les a exhortées à dénoncer les auteurs de ces bavures. « Il est temps d’accuser ! Les femmes, soyez débout !», a-t-elle tempêté, estimant que ces dénonciations devraient servir à enclencher une procédure judiciaire au bénéfice des victimes. Il en est de même des jeunes maltraités dans les entreprises tenues par des sujets expatriés. S'agissant du chômage des jeunes résultant de l’inamovibilité des vieux peu enclins à aller à la retraite, l’oratrice a évoqué la complexité du système en place qui favorise certes l’accès des jeunes à l'emploi, mais astreint, par ailleurs, l'Etat à garantir une retraite honorable aux sujets éligibles. Tout ceci, a-t-elle dit, nécessite une réflexion en profondeur pour trouver le point d’équilibre qui satisfasse les deux parties.

Dans le même ordre d’idées, elle a plaidé pour l'émergence d’une main d’œuvre locale qui passe par l’implantation sur le territoire national des centres de formation à l’instar de l’INPP et autres susceptibles de former des jeunes en un temps record. Toutefois, a-t-elle relativisé, les six à sept mois accomplis par Félix Tshisekedi depuis son avènement à la tête du pays sont si infimes pour s’attendre, au stade actuel, à des réformes en profondeur.  

Les mêmes sujets ou presque étaient également au menu des échanges que la conseillère spéciale du chef de l’Etat a eus, le  30 août, avec la jeunesse du réveil et entrepreneuriat au temple officiel de la direction provinciale du Centre d’évangélisation et d’enseignement biblique appliqué. Une atmosphère pieuse teintée de spiritualité et de dévotion a marqué les entretiens en présence des membres du corps ecclésiastique. Ici, les jeunes de cette communauté religieuse ont notamment plaidé pour que la primauté soit accordée à la jeunesse locale concernant l’engagement dans les entreprises publiques établies dans la province à l’instar du port de Matadi qui, d’après la conseillère spéciale, devrait être l’une de plus grandes sources d’emploi pour les jeunes, à côté du stade Lumumba en cours de réhabilitation.  

Entre ces deux activités, Chantal Yelu Mulop s’était rendue, le 31 août, à la maternité provinciale de Kinkanda, vieille de 105  ans, qui accueille des femmes enceintes, mais aussi des victimes de violences sexuelles. Le médecin-directeur de cette structure sanitaire, Digata Mamita, a fait part à son hôte des difficultés de fonctionnement auxquelles est confronté l’hôpital avant de lui faire visiter les différents services spécialisés sous son administration.

Au bout du compte, un document donnant un aperçu des problèmes que connaît cette formation médicale a été transmis à  Chantal Yelu qui, au nom du chef de l’Etat, a promis un accompagnement de la présidence de la République dans la réhabilitation de cette structure sanitaire. Cerise sur le gâteau : toutes les femmes qui y étaient hospitalisées ont été libérées, séance tenante. Un don signé Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

La conseillère spéciale Chantal Yelu (à droite)

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