Afrique/ Russie : Moscou relance l’université Patrice-Lumumba

Vendredi 25 Octobre 2019 - 18:23

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Pour retrouver son influence sur le continent, la Russie a décidé de relancer l'université d'amitié entre les peuples, plus connue sous le nom du héros indépendantiste congolais assassiné, qui a formé depuis les années 1960 des milliers d'étudiants africains.

La Russie ambitionne de renouer avec l'Afrique, en relançant son université moscovite d’amitié entre les peuples, qui formait des élites africaines à l'époque soviétique. Distancé par la Chine et les Occidentaux, Moscou opère un retour remarqué sur le continent africain. Au cœur de cette stratégie d’influence, l'Université moscovite d'amitié entre les peuples, appelée à l'époque soviétique (de1961 à 1992) université Patrice-Lumumba, qui était une pierre angulaire du soft power de l'URSS.

Cette université avait fait les beaux jours de la politique "internationaliste" de l'URSS dans le tiers monde. Construite au plus fort de la décolonisation africaine et des tentatives de récupération des pays non-alignés par Moscou, elle a perdu sa raison d'être en 1991 avec la chute du communisme et l'implosion de l'URSS. En pleine Guerre froide, c'est elle qui a formé des générations d’ingénieurs, de médecins et de dirigeants africains. Parmi les plus connus, les présidents sud-africain, Thabo Mbecki; nigérian, Olusegun Obasanjo; angolais, Eduardo Dos Santos; et son successeur Joao Lourenço; namibien, Sam Nujoma et bien d’autres. Une stratégie d'influence en pleine décolonisation.

Après la chute de l'Union soviétique et la crise économique qui a suivi, ce haut lieu de l'éducation n'intéressait plus grand monde, faisant davantage les gros titres pour les attaques racistes sur son campus, que pour son haut niveau d’éducation.

Plus de mille deux cents cadres et scientifiques africains formés par les universités russes

Selon Vladimir Filippov, son recteur actuel, l'université a tourné cette page sombre et retrouve son rôle dans le soft-power russe. Et cela à l'heure où la Russie cherche à faire un retour en Afrique, comme en témoigne le tout premier sommet Russie-Afrique que le président russe, Vladimir Poutine, vient d'organiser les 23 et 24 octobre, à Sotchi. Une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement africains y ont participé. Moscou doit rattraper un retard considérable sur la Chine, qui accueille un grand nombre d’étudiants africains dans ses multiples universités, sans parler des dizaines de milliards investis chaque année sur le continent même.

L’Université moscovite d'amitié entre les peuples forme aujourd'hui un millier d'étudiants africains. "Bien sûr, c'est toujours une question d'intérêts géopolitiques et économiques", reconnaît son recteur, Vladimir Filippov. Ainsi, cette université veut aussi convaincre ses étudiants russes de s'expatrier et organise, à cette fin, son premier salon de l'emploi baptisé "Je veux travailler en Afrique".

Noël Ndong

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