G5 Sahel : sommet extraordinaire d'hommage et de concertation après la tuerie d’Inates

Lundi 16 Décembre 2019 - 10:45

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Les chefs d'État de la force conjointe se sont réunis, le 15 décembre Niamey, au Niger, sur les problèmes de sécurité dans la région après la tuerie d’Inates.

Quatre chefs d’État des pays du G5 Sahel , Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso, Ibrahim Boubakar Keïta du Mali, Idriss Déby Itno du Tchad et Mahamadou Issoufou du Niger se sont recueillis devant les deux rangées de tombes alignées sur plusieurs dizaines de mètres, fraîchement recouvertes de monticules de terre ocre, dans "le carré des martyrs" de la base aérienne 101 de l’armée nigérienne à Niamey, où soixante et onze soldats nigériens ont été enterrés le 13 décembre, victimes de l’attaque d’Inates, avant un sommet extraordinaire.

Le ministre de la Défense du Niger, Issoufou Katambé, ne s’explique pas comment les troupes assaillantes ont pu progresser tranquillement dans une zone si surveillée sans se faire repérer et passer à l’attaque par surprise. Ce qui semblerait d’autant plus incompréhensible, selon lui, car la zone est doublement quadrillée par les soldats nigériens et les forces étrangères. Imaginer que des colonnes de centaines de djihadistes lourdement armés à bord de blindés aient pu traverser toute la région sans se faire repérer ni par les forces de l’armée nigérienne ni par les forces étrangères de l’opération Barkhane paraît impossible pour certains spécialistes de la défense. Ce qui poserait le problème de l’opportunité de la présence des uns et des autres dans la région.

"Nous sommes venus présenter nos condoléances au peuple nigérien et encourager l’armée du Niger", a déclaré le président burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré, dont le pays assure la présidence tournante du G5 Sahel. Les chefs d'État du G5 ont évoqué les derniers événements survenus au Niger, au Mali et au Burkina, et se sont concertés pour une position commune avant la rencontre "controversée" de Pau, en France, en janvier 2020, avec leur homologue français.

En effet, participant à un sommet de l’Otan à Londres, en Grande-Bretagne, le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, avait annoncé avoir "convoqué" ses homologues du G5 Sahel ( Burkina Faso, Tchad, Mauritanie, Mali et Niger), le 16 décembre 2019, à Pau, afin qu’ils "clarifient et assument" leur position. Il reprochait aux chefs d’Etat du G5 Sahel de laisser faire les opinions publiques qui expriment de plus en plus leur hostilité à la France.

La sortie d'Emmanuel Macron intervenait au lendemain de la mort de treize soldats français dans la collision de leurs hélicoptères au Mali, dans un contexte tendu, où la présence de bases militaires françaises est de plus en plus décriée par la population locale. Un peu partout dans les pays concernés, les citoyens ont réagi parfois avec des termes durs et violents, pour exprimer leur méfiance, voire leur défiance, vis-à-vis de la France et de la présence de ses troupes dans la zone.

Le 11 décembre, à l’occasion du 59e anniversaire de la commémoration de l’indépendance du Burkina Faso, le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, avait déploré le "manque de tact" du chef de l’Etat français. "La forme et le contenu ont manqué de tact. Nous ne sommes pas dans une guerre entre le G5 Sahel et la France. Nous estimons que le partenariat doit être revu pour une meilleure efficacité sur le terrain. Il est important que le partenariat avec la France soit équitable et efficace dans l’intérêt partagé de nos populations respectives", avait-il déclaré.

Le président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, déclarait à son tour, à l'ouverture d'un forum politique, le 14 décembre à Bamako :"Hier notre voisin, le Niger, enterrait soixante et onze de ses soldats tombés sous les balles de ceux qui veulent installer le chaos. Notre solidarité ne fera pas défaut au Niger, demain avec mes frères du G5 Sahel, nous irons à Niamey et nous allons nous concerter ", après les attaques d'Inates.

Le président du Niger, Mahamadou Issoufou, avait décrété trois jours de deuil national. A Niamey, Rock Marc Christian Kaboré, qui assure la présidence tournante du G5 Sahel, et ses pairs de cet espace, se sont concertés pour réaffirmer leur position de principe, sur l’exigence d’un engagement plus soutenu de la communauté internationale, aux côtés des pays du Sahel, en lutte contre le terrorisme.

Emmanuel Macron veut des garanties de ses homologues du G5 Sahel et qu'ils prenent des dispositions pour empêcher les critiques contre la présence des forces militaires françaises. Au forum sur la paix de Paris de novembre, les présidents Idris Déby Itno, Mahama Issoufou et Ibrahim Boubacar Keïta  s'étaient agacés du manque de solidarité de la communauté internationale et des "promesses" non tenues des Occidentaux à soutenir la région dans sa lutte contre le terrorisme.

Le G5 Sahel est initié pour aider à combattre les terroristes dans cet espace, mais jusque-là, il n’est encore qu’à l’étape d’une idée que de force. Pendant ce temps, les terroristes gagnent du terrain et des ressources.

Noël Ndong

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