Insécurité alimentaire : Ocha alerte sur le risque d’oublier la complexe et prolongée crise humanitaire

Mardi 12 Mai 2020 - 14:53

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Dans cette alerte, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) pense que dans le contexte actuel où toute l’attention est portée sur le Covid-19, il serait essentiel de maintenir l’attention et le financement pour répondre aux besoins essentiels identifiés dans le Plan de réponse humanitaire 2020 afin de sauver des vies.

Le bureau onusien a rappelé qu’au début du mois de mars, la République démocratique du Congo (RDC) a rejoint la longue liste de pays confrontés au Covid-19. Ocha a alerté que cette nouvelle crise de santé publique venait s’ajouter à une crise humanitaire complexe et prolongée qui risque d’être oubliée en raison de l’attention accordée au Covid-19. Dans sa vision, l’agence onusienne note qu’il est essentiel de maintenir l’attention et le financement pour répondre aux besoins essentiels identifiés dans le Plan de réponse humanitaire 2020 (US$1,82 milliard) afin de sauver des vies. « Une détérioration de la situation humanitaire globale aurait un impact catastrophique sur la capacité du pays à répondre au Covid-19 », a souligné Ocha dans un document publié la semaine dernière.

Dans ce plaidoyer, Ocha relève quelques faits-clés sur la crise humanitaire et la réponse en RDC. A l’en croire, le Congo est le deuxième pays au monde avec le plus grand nombre de personnes souffrant de malnutrition. Ocha note, en effet, que les organisations spécialisées estiment que 15,6 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire sévère, dont 4,7 millions souffrant de malnutrition aiguë. Dans la région du Kasaï, souligne le bureau de l’ONU, les dernières statistiques conjointes du gouvernement et du Programme alimentaire mondial indiquent que jusqu’à 85 pour 100 des communautés déplacées et celles qui sont retournées chez elles ces derniers mois souffrent de malnutrition. « En RDC, l’insécurité alimentaire et la malnutrition sont les conséquences d’une conjonction de facteurs, dont l’insécurité qui entraîne l’abandon des champs et le manque d’opportunités économiques. La moitié du budget du Plan de réponse humanitaire 2020 est consacrée à la sécurité alimentaire et à la nutrition », a-t-il précisé.

La RDC aurait également le plus grand nombre de personnes déplacées en Afrique. Pour Ocha, chaque semaine, de nombreuses personnes sont contraintes de quitter leur domicile, fuyant l’insécurité et les violences armées. « On estime que 5,5 millions de personnes sont actuellement déplacées à l’intérieur du pays, faisant de la RDC l’un des pays les plus touchés par les déplacements internes au monde. Les déplacements bouleversent la vie des familles, entraînant la perte des revenues, la déscolarisation des enfants, entre autres. Bien que les acteurs humanitaires s’activent à répondre aux conséquences de ces déplacements, la seule solution durable est de s’attaquer aux causes profondes via le rétablissement de la paix et la sécurité », a insisté Ocha.

L’agence onusienne décrit également la RDC comme un pays qui doit lutter contre la plus longue et la plus meurtrière des épidémies de rougeole de son histoire. Elle note, en effet, que depuis janvier 2019, la rougeole a déjà tué plus de 6 600 personnes en RDC, en majorité des enfants. Dans une course pour mettre fin à l’épidémie, a rappelé ce bureau, les autorités sanitaires congolaises et les partenaires internationaux ont vacciné à ce jour plus de 24 millions d’enfants âgés de 6 à 59 mois. A l’en croire, malgré l’immense effort fourni, il reste encore des millions d’autres à vacciner.

Ocha note aussi, dans ce plaidoyer, la plus longue épidémie d’Ebola enregistrée au Congo. Le bureau rappelle que depuis juin 2018, des équipes pluridisciplinaires luttent contre la dixième épidémie d’Ebola dans le pays. « Les espoirs de déclarer la fin de l’épidémie à la mi-avril ont été anéantis lorsque plusieurs nouveaux cas ont été découverts à Beni », a-t-il noté, avant de relever que des milliers de familles dans le pays sont sans assistance.

Ocha indique que le mauvais état des routes, qui deviennent impraticables pendant la saison des pluies, et l’insécurité persistante dans certaines régions ont fait que des milliers de personnes sont régulièrement coupés d’assistance humanitaire. « Dans la province du Sud-Kivu, par exemple, on estime que 400 mille personnes sont sans assistance depuis la fin de l’année 2019 dans les régions de Bijombo, Fizi et Itombwe. Les femmes, les enfants et les personnes âgées ont payé un lourd tribut en termes de santé, d’accès à la nourriture et de protection », a regretté le bureau onusien, notant que 1,82 milliard de dollars américains étaient nécessaires pour fournir une aide à 8,1 millions de personnes.

Enfin, Ocha rappelle que le 28 février à Kinshasa, le gouvernement congolais et la communauté humanitaire ont lancé un appel de 1,82 milliard de dollars, reflétant la crise humanitaire prolongée et complexe qui continue de perturber des millions de vies ainsi que le développement du pays. Mais selon ce bureau, dans le contexte actuel où toute l’attention est portée sur le Covid-19, la communauté internationale et les donateurs ne doivent pas négliger les besoins humanitaires aigus du pays.

Lucien Dianzenza

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