Économie nationale : mille trois cents exonérations « injustifiées»

Dimanche 16 Août 2020 - 11:54

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L’Inspection générale des finances (IGF) parle d’un manque à gagner de plus de 5 milliards de dollars américains pour le compte du Trésor public. Par ailleurs, l’institution appelle à un vrai travail de tri pour séparer les exonérations fiscales et autres compensations financières « justifiées » des simples « détournements de deniers publics savamment organisés ».      

Au regard du contexte financier difficile, la RDC gagnerait en éliminant autant que possible toutes les sources de coulage des recettes publiques. L’État RD-congolais perd chaque année plus de cinq milliards de dollars américains sous forme d’exonérations fiscales. A ce jour, l’IGF a recensé environ mille trois cents exonérations fiscales. Il s’agit ni plus ni moins, renchérit-elle, « d’un moyen savamment utilisé pour détourner les deniers publics ». Aussi les efforts actuels de l’IGF visent-ils à « déterminer les exonérations injustifiées en vue de proposer au gouvernement de la République leur annulation suivie de pénalités conséquentes à imposer aux bénéficiaires indues».

Par rapport aux compensations, autre dossier brûlant, l’IGF s’engage également à appliquer la même rigueur pour aider finalement le gouvernement de la République à maximiser ses recettes. D’emblée, elle évoque également des compensations « justifiables », notamment celles en vigueur dans le secteur pétrolier et minier représentant environ six cents millions de dollars américains. Pour le reste, l’IGF se veut moins clémente : « Il y a d’autres compensations d’environ neuf cents millions de dollars américains découlant des jugements et créances de l’État. Tout doit être fait en sorte que les vraies compensations soient maintenues et les fausses soient annulées".   

S’adressant à l’opinion nationale, le patron de l’IGF, Jules Alingete, a apporté un début d’éclairage sur les enquêtes initiées par son office. Selon lui, il y a neuf cents millions de dollars US de compensations qui sont faites sur rien. « 99 % de produits de la corruption ne profitent qu’a 1 % de la population, et 99 % de la population ne profitent qu’à 1 % des produits de la corruption ». Il va plus loin en précisant que ce 1 % de profiteurs est constitué des « personnes puissantes ».  Le jeudi dernier, il avait eu déjà à présenter l’état d’avancement des missions de contrôle directement au Premier ministre Sylvestre Ilunga.  Au cours de cet échange à la Primature, l’IGF a assuré disposer des moyens nécessaires pour remplir les missions lui assignés par le gouvernement central.

Se voulant rassurant, l’IGF assure de son professionnalisme dans l’accomplissement de cette tâche délicate qui promet tout de même des tensions futures entre les autorités RD-congolaises et les milieux des affaires. En effet, des pressions seraient même exercées pour l’inciter à abandonner purement et simplement le travail d’analyse du mécanisme de compensation ou d’exonération.  

Laurent Essolomwa

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