Voir ou revoir : « La colère des dieux » d’Idrissa Ouedraogo

Jeudi 26 Novembre 2020 - 19:35

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Film drame d’environ 1h 35 min, réalisé par Idrissa Ouedraogo et sorti en 2003, « La colère des dieux » est une leçon de bon sens sur les échecs et malheurs que peuvent s’attirer les hommes à cause de leur insouciance.

Ecrit par Idrissa Ouedraogo et Olivier Lorelle, « La colère des dieux » projette le téléspectateur au milieu du XIXe siècle, au cœur du royaume de Mossi, ancêtre du Burkina Faso. Sur son lit de mort, le roi réunit autour de lui les notables et fait prévenir son fils Tanga, ainsi que son frère Halyare, pour ses dernières recommandations. A la mort de l'empereur, le prince organise un coup d’Etat afin d'accéder au pouvoir et ce, malgré les mises en garde de son père.

Le jeune homme se fait couronner roi et s'octroie le droit de vie et de mort sur tous les sujets du royaume. Autoritaire et insoucieux du bien-être de sa communauté, Tanga décide d’épouser Awa, une jeune femme du village, qu’il a fait enlever de force à son fiancé. Peu de temps après leur union, Awa met au monde un petit garçon, Salam, fruit de sa première relation amoureuse. Dix ans plus tard, Tanga apprend que celui qu’il croyait être l’héritier de son trône est en réalité le fils d’un autre. Menacé de mort, Salam s'enfuit avec la vengeance au cœur. La fureur des dieux est prête à s’abattre sur le royaume...

« La Colère des dieux » s’inspire de certains aspects obscurs de l’histoire du continent africain, du discours sur le pouvoir et les rapports de force entre anciens et jeunes, mais aussi de la place des divinités dans la vie de l’homme noir. Il est bien vrai que la génération ancienne cherchait constamment à s’assurer la protection des dieux et s’approprier leurs pouvoirs à travers toutes sortes de rituels. Une philosophie qui contraste avec le monde de plus en plus moderne d’aujourd’hui. En parallèle, Idrissa traite de façon intimiste les raisons du retard de développement en Afrique ainsi que la position de son continent durant la colonisation et dans le monde d’aujourd’hui. A en croire la pensée du réalisateur burkinabé, les divisions et les luttes intestines pour le pouvoir ont sapé la disposition des Africains à faire face aux puissances étrangères. Et pour lui, c’est encore le cas aujourd’hui.

Obnubilé par la valorisation de la culture africaine face à l’invasion de la civilisation étrangère, Idrissa Ouedraogo ancre sa vision dans une tradition qu’il estime riche de ressources inexploitées. Les musiques traditionnelles participent notamment de sa beauté, tout comme les plans larges sur la brousse et le professionnalisme des acteurs. Ce film a le mérite de tenir le téléspectateur en haleine grâce à quelques séquences d’humour et d’une trame qui ne laisse présager la fin de l’histoire. Avec un scénario soigneusement ficelé, « La colère des dieux » se termine sur une énigme : quel est ce quatrième pouvoir qui manqua aux Africains ? De quoi titiller le téléspectateur après la visualisation du long-métrage.

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

L’affiche du film/DR

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