Covid-19 : les enquêtes face-à-face abandonnées au profit des appels téléphoniques

Mercredi 25 Novembre 2020 - 15:21

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

La seconde méthode risque de brouiller la perception de l’impact économique de la crise sanitaire et des mesures de confinement sur les personnes les plus pauvres et vulnérables, estime la Banque mondiale. Une défaillance dans la collecte et l’interprétation des données pèsera fortement dans la mise en œuvre des politiques sociales et d’actions de riposte à la pandémie.

L’évolution de l’impact économique de la pandémie de covid-19 sur les ménages ne livrera plus facilement ses secrets à la suite de l’incapacité de collecter des informations autrement que par la voie des appels téléphoniques jugés peu représentatifs. Faute de données d’enquête plus représentatives, beaucoup de pays du continent africain peine à ajuster leur riposte ou à mettre sur pied des services capables d’aider les ménages désemparés à faire face à la crise sanitaire.

Pour la Banque mondiale, les enquêtes traditionnelles auprès des ménages, principalement le face-à-face, fournissent des précieuses informations sur la manière dont la crise sanitaire affecte la vie et le bien-être des ménages et des individus, sur la manière dont ils font face à ses répercussions et sur l’accès ou non des plus démunis à l’aide privés et publique. Une bonne collecte des données d’enquête permet d’orienter les réponses politiques. Avec le téléphone, la première grande difficulté est justement la part des propriétaires de téléphone qui varie selon le pays. Il est inimaginable de comparer de telles données au regard des différences de niveau de développement entre les pays enquêtés.

Une grande enquête de la Banque mondiale

Entre-temps, une nouvelle formule a vu dernièrement le jour pour permettre aux pays affectés d’actualiser leurs politiques pour faire face efficacement à la covid-19. En effet, la Banque mondiale et ses partenaires ont lancé les enquêtes téléphoniques auprès des ménages pour cerner l’évolution de la situation économique dans plus d’une centaine de pays dont la RDC. Par ailleurs, l’idée est d’arriver justement à affiner l’énorme masse d’informations en mettant sur pied un tableau de bord de suivi à haute fréquence covid-19. Il s’agit d’un outil interactif qui permet de mieux appréhender les variations des conséquences de la crise selon les pays et dans le temps. La Banque mondiale parle d’un travail sans précédent tant sur le plan des pays couverts que de la rapidité de la conception et de la mise en œuvre.

Au niveau des résultats attendus, il sera désormais possible de combler la carence en informations du fait du ralentissement des enquêtes en face-à-face. Bien exploitées, ces données d’enquête devraient aider un pays comme la Zambie à concevoir un programme de transferts en espèces pour soutenir les ménages. De même, l’apport serait incommensurable pour l’Indonésie dans son effort d’actualisation de la riposte à la covid-19 à travers l’extension des programmes d’aide sociale et des subventions salariales. Pour sa part, la RDC ne pourrait que tirer profit de ces données d’enquête. En effet, le tableau de bord permet d’accéder à des informations comparables entre pays sur plus de quatre-vingts indicateurs répartis en quatorze grands thèmes comme l’accès à la nourriture, les évolutions de l’emploi, la perte de revenus, l’accès aux filets sociaux et les stratégies d’adaptation des ménages.

Laurent Essolomwa

Notification: 

Non