Afrique centrale: la CEEAC à l'heure des réformes

Jeudi 26 Novembre 2020 - 15:30

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Le mandat du président congolais, Denis Sassou N'Guesso, qui commence à la faveur de la 18è session de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale-CEEAC-, qui se tient à Libreville, au Gabon, ce 27 novembre, s'inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre des réformes actées lors du précédent sommet en juillet dernier. 

Onze pays*, un espace géographique vaste de 6 667 047 km2, 187 millions de bouches à nourrir, la CEEAC est une mosaïque des peuples et des cultures dont les aspirations au développement sont partagées. Trente-sept ans après sa création, ces aspirations restent une constante pour les dirigeants de la sous-région mais la route vers l’intégration est longue.

Désigné par ses pairs lors de la 17è session de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement tenue par visioconférence, le 30 juillet dernier, le président de la République du Congo, Denis Sassou N’Guesso, a choisi de donner de l’allant à l’événement en se rendant personnellement à Libreville, ce vendredi 27 novembre, à l’occasion du 18è sommet de l’Institution pour assurer la passation des pouvoirs avec son homologue gabonais, Ali Bongo Ondimba, qui était en poste depuis 2015.

Au-delà du geste qui symbolise, toutes consignes liées à la pandémie de Covid-19 observées, sa volonté de privilégier le contact direct, le nouveau président en exercice de la CEEAC, dont c’est le quatrième mandat à la tête de l’organisation sous-régionale, tient à placer celui-ci au cœur des réformes actées lors de la session rappelée plus haut. Il s’agit de faire en sorte que la toute nouvelle commission de la CEEAC, qui remplace l’ancien Secrétariat général, fonctionne à son meilleur niveau.

A priori, cette commission dotée de cinq portefeuilles reflète l’ambition exprimée par les chefs d’Etat d’accélérer l’intégration régionale. Elle focalise ses missions sur les domaines variés : affaires politiques, paix et sécurité ; marché commun, affaires économiques, monétaires et financières ; environnement, ressources naturelles, agriculture et développement rural ; aménagement du territoire et infrastructures ; promotion du genre, développement humain et social. Les potentialités naturelles dont dispose l’Afrique centrale et le dynamisme de sa jeunesse sont autant d’atouts pour concrétiser cette espérance. Il faut sans doute viser plus loin que ces simples démonstrations sur papier.  

Le chef de l’Etat congolais mesure à leur juste valeur les défis du moment. La crise sanitaire actuelle, qui s’est ajoutée à la déjà très éprouvante crise économique internationale pour la sous-région, de même que les tensions sociopolitiques récurrentes dans plusieurs Etats-membres posent que dans le cadre de leur organisation, les gouvernements d’Afrique centrale s’engagent plus vigoureusement sur le chantier des réformes envisagées, l’intégration étant l’objectif final.

On s’attend à ce que Denis Sassou N’Guesso mette en avant son expérience en matière de gestion des entités supranationales comme il l’a fait par le passé à l’échelle continentale avec l’Union africaine. Il est vrai pour ce qui concerne la CEEAC qu’en 2004, en reconnaissance de ses efforts dans la remise en ordre de l’organisation durant son second mandat (2002-2004), ses homologues de la sous-région avaient décidé de le reconduire pour un nouvel exercice jusqu’en 2007.  La création décidée par les chefs d’Etat de l’académie sous-régionale des métiers des transports et de l’aviation civile, qui aura pour siège Brazzaville fera sans doute partie des actes à concrétiser au cours de ce nouveau mandat. 

Comparée à d’autres ensembles sous-régionaux, la CEEAC est considérée comme la moins intégrée. Que l’on parle des infrastructures routières ou de la mise en œuvre des accords bilatéraux, les pays trainent les pieds rendant improbable la concrétisation des délibérations prises par les dirigeants. Il y a lieu de briser le tabou du repli sur soi sur lequel certains ont bâti leur vision du développement, et décrier le refus d’avancer qui caractérise d’autres. Le temps présent se prête plutôt à la constitution de grands ensembles, bien plus, à l’opportunité de leur donner un cachet particulier tant ils existent déjà.

Comment faire en sorte que dans les prochaines décennies la CEEAC réponde à l’intégration telle que ses pères fondateurs l’avaient rêvée ? A savoir, un espace géographique cosmopolite dans lequel la libre circulation des personnes et des biens assure aux investisseurs la garantie qu’ils ne seront pas spoliés par les conflits sociopolitiques et à sa population le bien-être et la dignité. Vaste chantier évidemment qui ne peut être réalisé sans une vision d’ensemble portée par des hommes de conviction soucieux du primat de l’unité et de la solidarité sur les divisions et les déchirements. Un défi que Denis Sassou N’Guesso et ses pairs sont tenus de relever devant les attentes toujours croissantes de leurs compatriotes.

 

  • Pays membres de la CEEAC : Angola, Burundi, Cameroun, Centrafrique, Congo, Rd-Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Rwanda, Tchad, Sao-Tomé-et-Principe.

 

Gankama N'Siah

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