Libye : les acteurs tenus de s'accorder pour désigner un gouvernement unifié

Jeudi 26 Novembre 2020 - 17:30

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Après une première réunion tenue à la mi-novembre à Tunis (Tunisie) qui a permis de trouver un accord sur des élections du 24 décembre 2021, et une autre à Tanger (Maroc), les négociations visant à désigner un exécutif unifié devant sortir le pays d’une décennie de conflit se trouvent dans l’impasse. Une situation qui a conduit certains Etats à menacer de sanctions les dirigeants libyens qui feraient obstacle à la mise en place d’institutions de transition.

A ce jour, les Libyens sont déjà parvenus à un consensus sur trois documents importants : la feuille de route, les prérogatives des autorités exécutives et les critères d’éligibilité de ces dernières, mais beaucoup reste à faire puisque les noms de ceux qui doivent composer le gouvernement ne sont pas connus. Il s’agit notamment de celui du Premier ministre et des trois membres du conseil présidentiel constituant l’exécutif censé prendre le relais des institutions rivales actuelles. Et tout porte à croire que ce sont les dirigeants du pays eux-mêmes qui sont à l’origine de cette situation.

Outre le fait que ceux qui doivent conduire l’exécutif ne sont pas connus, et en dépit d’un accord de cessez-le-feu conclu le 23 octobre et de récentes discussions militaires entre les belligérants, les parties adverses n’ont toujours pas commencé le retrait de leurs forces. Pourtant, le document prévoyait « le retrait de toutes les unités militaires et groupes armés des lignes de front, ainsi que le départ de tous les mercenaires et combattants étrangers de l’ensemble du territoire libyen dans un délai de 90 jours ».

Malgré cela, « les forces du GNA restent stationnées à Abu Grein et à al-Washka, avec des activités de patrouilles », selon l’émissaire par intérim de l’ONU en Libye, Stephanie Williams. « Des vols de cargos militaires ont été observés dans les aéroports d’al-Watiya et Misrata », indique-t-elle, ajoutant que les troupes du général Khalifa Haftar et leurs auxiliaires « continuent d’établir des fortifications et des avant-postes militaires équipés de systèmes de défense aérienne entre Syrte et al-Joufra, et dans la zone nord de la base aérienne d’al-Joufra ».

Les Européens réclament la concrétisation des engagements militaires

La responsable de l’ONU fait également état d’une « intense activité d’avions cargos entre l’aéroport de Benina, al-Joufra et la base aérienne d’al-Gardabiya ».

Devant cet état de chose, la représentante de l’ONU met en garde les tenants du « statu quo » soucieux avant tout de « préserver leurs privilèges ». « La communauté internationale a des outils à sa disposition face à ceux qui font obstruction, y compris le recours aux sanctions », prévient-elle.

Estimant que l’instauration d’institutions enverra « un signal fort d’unité et d’appropriation par les Libyens du futur politique de leur pays », Paris, Londres, Rome et Berlin dénoncent l’obstruction du processus politique et toute « interférence étrangère » en Libye. « Nous sommes prêts à prendre des mesures contre ceux qui entravent le Forum libyen de dialogue politique et les autres voies du processus de Berlin, ainsi que ceux qui continuent à piller les fonds étatiques ou commettent des atteintes aux droits de l’homme dans le pays », écrivent les quatre capitales européennes dans un communiqué commun. « Nous appelons toutes les parties internationales et libyennes à s’abstenir de toute initiative parallèle et non-coordonnée, qui risque de miner les efforts menés par les Nations unies », poursuivent-elles.

Les dirigeants d’Allemagne, de France, de la Grande Bretagne et d’Italie réclament la concrétisation des engagements militaires et le départ effectif des mercenaires étrangers. C’est certainement pour veiller sur ces engagements que la frégate allemande Hamburg a stoppé en Méditerranée orientale le navire cargo MV Roseline A, battant pavillon turc, dans le cadre de l’opération européenne Irini qui veille au respect de l’interdiction d’acheminer des armes en Libye décrétée par les Nations unies.

Nestor N'Gampoula

Légendes et crédits photo : 

Des députés libyens à Tanger (Maroc)

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