Isp Matadi : la paix sociale mise à mal par l’actuel comité de gestion

Lundi 15 Février 2021 - 18:45

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Le feu qui couve au sein de cet institut d’enseignement supérieur risque de causer un grand incendie ou une forte explosion si les autorités du secteur continuent à fermer les yeux sur cette situation décriée au sein de cette institution.

Des informations en provenance de l’Institut supérieur pédagogique de Matadi (Isp Matadi), dans le Kongo Central, font état d’un climat social explosif au sein de cette institution d’enseignement supérieur. « La situation que nous traversons n’est pas particulière à notre institut. Elle est presque commune à toutes les institutions des provinces, étant donné que le ministère de l‘Enseignement supérieur et universitaire n’est pas décentralisé ; l’administration se trouve à Kinshasa et les institutions des provinces ne dépendent que de la capitale. Même les nominations viennent de là et, il arrive que l’on envoie des personnes non connues de ces institutions. Ce qui fait que sur place, ces personnes nommées à partir de Kinshasa pensent n’avoir des comptes à rendre qu’à la hiérarchie qui les a nommées », expliquent des sources proches de cet institut.

Enrichissement au détriment des institutions

Selon ces sources, ces dirigeants nommés à partir de Kinshasa, ne connaissant les besoins ni de ces établissements moins encore de la population des coins où ils sont affectés, ne viennent que s’enrichir « sur le dos de ceux-ci ». « Ils se donnent les primes que les enseignants n’ont pas. Pour ce faire, ils vont toucher même aux frais destinés au fonctionnement de l’institution », explique-t-on.

Pour l’Isp-Matadi, particulièrement, l’on apprend qu’au cours de l’année académique 2018-2019, un ministre intérimaire, qui n’avait pas qualité, avait nommé un comité de gestion. Malgré la désapprobation du personnel, ce comité de gestion a forcé la main et a pris possession des lieux. Ce qui l’avait conduit à organiser une chasse aux sorcières, tendant à mettre hors d’état de nuire tous ceux qui l’ont combattu. Depuis leur avènement à la tête de cette institution, ils ont eu déjà à faire partir quatre personnes dont le président du syndicat Synapat, sans l’aval du conseil de l’Institut, pour intimider le personnel. « C’est dans le cadre de cette action punitive que le président du syndicat a été licencié dans des conditions pas conformes à la loi », indiquent nos sources.

Des frais qui ne servent qu’au comité de gestion

Depuis cette situation, l’Institut supérieur pédagogique de Matadi a diplômé plus de deux cents étudiants dont chacun paie, pour l’entérinement de son diplôme, une somme équivalent à 123 500 Francs congolais. Mais, aucun de ces finalistes n’a reçu son diplôme alors qu’ils ont, tous, payé ces frais d’homologation et d’entérinement de diplôme. « Où est parti cet argent ? », se demandent nos sources, qui indiquent que cet argent est introuvable dans les comptes de l’Isp-Matadi.

A en croire ces sources, les étudiants sont également obligés de payer les frais techniques, ateliers labo-informatiques. Malgré le fait que ces derniers se soient acquittés de cette obligation, l’institut ne leur offre aucun laboratoire pour leurs exercices pratiques. « Pour le laboratoire, chaque étudiant est obligé de s’amener avec un ordinateur. Sinon, on regroupe les étudiants à trois, pour travailler sur la machine amenée par un des leurs. Alors que le labo-informatique n’existe pas, dans cette institution qui organise la section de gestion informatique, l’argent payé par les étudiants dans cette rubrique est tout simplement détourné par le comité de gestion », explique-t-on. L’Isp-Matadi a plus de six cents étudiants, expliquent ces sources, si l’on multiplie le montant payé par chacun d’eux (41 175 FC) par leur nombre (six cents), on saura la hauteur de l’argent qui ne sert qu’à enrichir les membres du comité de gestion.

Aussi, les étudiants sont obligés de payer la carte d’accès à la bibliothèque. Quand bien-même que cette dernière existe, ils ne remettent jamais de carte d’accès aux étudiants, malgré que ces derniers s’acquittent des frais exigés pour ce faire, mille six cent quarante-sept FC. Pour la pratique professionnelle, les étudiants de première et deuxième graduats, plus de trois cents, paient 24 725 FC. Les enseignants, qui sont les encadreurs de stages, ne bénéficient jamais de cet argent, qui est une propriété des membres du comité de gestion. « Ils refusent de payer aux enseignants cet argent. Ces derniers, en colère, promettent de ne pas organiser le stage, l’année prochaine », font savoir ces sources.

Pour la cuisine diététique, de la section hôtellerie, cela fait deux années consécutives qu’ils n’ont même pas acheté une cuillère ; alors que chaque étudiant paie 32 940 FC. Sur la rubrique Effort de construction, chaque étudiant paie 32 940 FC. Et, l’on ne sent jamais la volonté d’acheter une parcelle à cette institution, qui continue à être locataire. « A part le comité du professeur Emmanuel Mata, qui réunissait de l’argent pour l’achat d’une parcelle. A son départ à la tête de l’Isp-Matadi, il a laissé près de 40 mille dollars américains à la caisse de l’institut pour acheter une parcelle. Aujourd’hui, cet argent a disparu », soulignent ces sources.

Chaque étudiant paie également, l’année, 32 940 FC, pour l’acquisition des équipements informatiques. Mais, pendant deux ans, l’institut n’a acquis même pas un ordinateur, moins encore un livre, alors que chaque année, l’étudiant est obligé de payer 32 940 FC.

Aujourd’hui, le personnel, particulièrement les enseignants de l’Isp-Matadi, qui pense avoir retiré leur confiance au comité de gestion actuel, ne jurent que sur le départ de l’équipe composée notamment de Gabriel Bambile, l’intouchable, qui se dit l’homme fort du comité de gestion.

Il y a également dans ce comité de gestion un novice, le secrétaire général administratif Serge Nsemi Tuluenga, qui n’a même pas un numéro matricule de la Fonction publique et qui ne ferait que du sur place depuis sa nomination. Le directeur général nommé, le Pr. Nela, avait démissionné suite aux bévues constatées en 2018 dans la nomination de cette équipe. Le professeur Baudouin Nkenda qui l’a succédé ; étant enfant de la maison, avait pris la décision de relever le défi. Mais, à ce jour, il parait incapable pour gérer cette institution.

Parmi les points positifs de cet institut d’enseignement supérieur et qui milite pour que les autorités se penchent sur ce dossier, il y a notamment la diminution de la sous-qualification des enseignants de 93 à 83 %. « Aujourd’hui, si la sous-qualification des enseignants dans la ville côtière a été réduite à 83%, c’est grâce à l’Isp-Matadi », expliquent nos sources, qui tiennent à la sauvegarde de cette institution qui compte, en plus du personnel administratif, trente-cinq enseignants dont deux professeurs, dix-huit chefs des travaux et quinze assistants, et qui appellent l’autorité à se pencher sur cette situation en vue de permettre à cet institut d’accomplir sa mission.

 

Lucien Dianzenza

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