Média : Complexe Imeni, encore un peu de sucre ?

Vendredi 19 Février 2021 - 11:47

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Adulé ou décrié, Complexe Iméni fait partie de cette nouvelle génération de médias en ligne. Son leitmotiv ? Ne pas rire des autres mais rire avec les autres ! Rencontre avec Loic Djembo pour parler de l’info digitale.

Qu’est ce que Complexe Iméni ?

Il s’agit d’un média social que j’ai créé en août 2018 à Pointe-Noire, axé sur la culture et le divertissement. La ligne éditoriale est d’un genre satirique et tend à traiter l’information avec moquerie et ironie. Ce traitement de l’information assez provocateur nous l’appelons « le sucre ». En vérité nous ne rions pas des autres mais rions avec les autres, ce que notre communauté de près de 25 000 fans comprend et accepte.  

En quoi un média en ligne peut-il se démarquer d’un média traditionnel ?

Auparavant l’accès à l’information dépendait principalement des chaînes de télévision et de radio. La démocratisation d’Internet, malgré son coût encore très élevé en comparaison de certains pays africains, comme le Cameroun ou la Côte d’Ivoire, ouvre une fenêtre sur d’autres types d’infos qui ne sont pas cadenassés par les médias traditionnels, c’est le cas notamment pour les sujets politiques. Pour les jeunes d’aujourd’hui, Facebook est le principal vecteur de communication, c’est sur ce réseau social qu’ils se tiennent informés. Les réseaux sociaux ouvrent également le champ à une information de proximité en temps réel où l’on peut parler de sujets aussi divers que les accidents, les problèmes de quartier, les coupures d’électricité, des infos que ne peuvent naturellement pas traiter les grands médias.

N’y a t’-il pas de risques de dérives de l’information ?

Bien entendu, la démocratisation d’Internet comporte le risque de voir apparaître des médias en ligne n’ayant pas de connaissance journalistique, ignorant la déontologie et l’éthique du métier. Il en résulte parfois un manque de vérifications des infos publiées où abondent les fake news.

C’est aussi le risque de possibles diffamations ou d’atteinte à la vie privée ?

Je ne crois pas qu’il faille assimiler Internet et les médias en ligne à un vivier de fake news, diffamations ou autres, ce serait faire insulte au monde digital dans lequel on vit. Les médias en ligne ont permis de mettre fin aux dictats de l’information. C’est une liberté pour la jeunesse que de pouvoir choisir ses canaux d’informations et l’on doit faire confiance aux sens du discernement des internautes. Pour ce qui est de la diffamation, je suis conscient, en ma qualité de juriste, que c’est une infraction pénale et qu’il convient d’y prêter par conséquent une grande attention. L’atteinte à la vie privée est une chose plus nuancée selon que l’on parle d’un simple citoyen ou d’une personnalité publique. Il appartient à chacun de faire la part des choses. 

Les risques de dérapage sont-ils plus nombreux avec la course aux scoops que se livrent les médias en ligne ?

Il y a dans cette question un côté péjoratif car je pense que le scoop est la base du journalisme, c’est chercher l’exclusivité d’une information avec l’objectif de se démarquer, c’est encore attirer l’attention des lecteurs.  Cette base du journalisme est identique pour les médias en ligne comme pour les médias traditionnels, que ce soit au Congo ou dans les autres pays du monde.

Quelle peut-être la rançon du succès pour les médias en ligne ?

Au Congo, nous n’avons pas les outils permettant de mesurer l’audimat des télévisions ou radios, il n’existe aucune forme de sondage quelconque. En revanche, les médias en ligne, à travers les interactions que sont les « J’aime », les commentaires et partages ont ce pouvoir de mesurer leur propre audience. C’est donc avec des chiffres précis quant à ces audiences que Complexe Imeni a pu attirer par exemple quelques annonceurs comme Orca ou Brasco. Notre succès est de participer à une information plurielle même s’il faut convaincre encore de notre valeur marchande et se battre comme les autres.     

 

 

Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

Loic Djembo

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