Accès à l’énergie électrique : la société civile conseille un système décentralisé

Samedi 20 Février 2021 - 15:08

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Pour ce regroupement d'ONG, « en adoptant des projets de proximité, beaucoup de ville seraient déjà éclairées et le déficit énergétique déploré serait résorbé ».

La conférence de presse sur l’accès de la population congolaise à l’électricité organisée, le 18 février, à l’hôtel Memling, à Kinshasa, par la coalition des organisations de la société civile pour le suivi des réformes et de l’action publique (Corap) et Afrewatch a permis à tous les intervenants de Kinshasa et ceux de Bunia, en Ituri, et de Kolwezi, dans le Lualaba, non seulement de relever les problèmes mais également de proposer des solutions. Ces solutions sont également contenues dans le plaidoyer lancé par la Corap et soumis aux autorités du pays, ainsi que dans le mémorandum de la Synergie Mwangaza, qui exige la révision de l’accord de joint-venture de 2016 portant création de Sicohydro pour définir la part de l’énergie réservées aux communautés impactées.

Présentant le contexte global de l’accès de la population à l’électricité dans le pays, Emmanuel Musuyu de la Corap a regretté la pauvreté énergétique dont souffre la population congolaise. A l’en croire, le potentiel du pays, évalué à plus de 100 gigawatts, devrait correspondre au niveau de l’accès de la population à l’électricité. « La pauvreté énergétique est créée par le système centralisé : l’énergie ne dessert pas les communautés environnantes des unités de production dont le courant passe au-dessus des toits de ces populations », a-t-il regretté.

Le choix d’une approche décentralisée

Emmanuel Musuyu a, dans cet exercice, présenté les risques des grands barrages que sont notamment les déplacements des populations locales, la corruption, le manque de transparence et la mauvaise gouvernance, les inondations des sites environnantes, les dettes directes et indirectes (inévitables que les communautés seront obligées de payer), ainsi que la disparition du fleuve.

Parmi les solutions alternatives, le secrétaire exécutif de la Corap propose que la République démocratique du Congo puisse promouvoir une approche décentralisée, s’appuyant sur les potentiels de chaque entité, l’extension du réseau national, la valorisation des réseaux isolés, la prise en compte des populations hors-réseaux, le recours à l’hydroélectricité à petite échelle et la réhabilitation des infrastructures énergétiques à l’abandon.

Justin Mobomi du Cenadep, lui, a présenté des cas pratiques sur le projet Inga. Cet activiste de la société civile a regretté l’incapacité du gouvernement congolais à négocier les genres des grands projets comme Inga 3, qui est, selon lui, bloqué à cause de l’exclusivité accordée au consortium chinois.

Richard Mukena d’Afrewatch a présenté la problématique d’accès à l’électricité du projet Busanga au Lualaba. Il a regretté que sur le 240 MW de la production de ce projet, qui devrait résorber le problème d’accès de la population du coin à l’électricité, 170 sont donnés à la société Sicomines. "Ce qui préoccupe les ONG signataires de ce mémorandum est le fait qu'aucune disposition de l'accord de joint-venture moins encore les statuts créant Sicohydro ne garantit ni directement ou indirectement aux populations, particulièrement aux comunautés impactées par ce projet, l'accès à l'énergie électrique", note ce mémorandum de la Synergie Mwangaza.

Relevant le manque de transparence dans la gestion de ce projet, cet activiste de la société civile, tout en appelant à la révision du contrat de joint-venture signé pour la réalisation de ce projet, a regretté qu’aucune disposition légale prévoie l’accès de ces populations à l’électricité de ces barrages dont la construction a impacté leur vie. « Toute l’énergie produite est à vendre ; la population n’est pas retenue comme bénéficiaire du courant produit », a-t-il fait savoir, tout en insistant sur le mémorandum adressé à l’autorité.

De son côté, Jimy Munguriek de CDR/RN Bunia, dans l’Ituri a tablé sur la problématique d’accès de la population à l’accès du projet Budana. Il a regretté qu’avec la vétusté des installations, ce barrage construit par la Sokimo, en 1940, avec une capacité de 14 MW, ne puisse, à ce jour, résorber les besoins des populations-en constante augmentation, en énergie, dont l’accès est très faible. Notant comme défis la réhabilitation de la centrale, qui demandera, du reste, beaucoup de moyens, il a également regretté que rien ne soit prévu pour la population impactée. Insistant sur le profil du consommateur, Jimy Munguriek a indiqué que si le « grand payeur » sollicitent plus d’énergie, c’est le quota de la population, si il en existe, qui en pâtit.

Donat Kambola d’IBGDH a, lui, parlé du projet du projet Bundana, dans le Lualaba, qui est en train d’être mis en œuvre sur le fleuve Congo. Lui aussi a regretté que malgré les impacts négatifs de ce projet sur les populations, les textes de ces différents projets ne prévoient pas la part de ces populations. Dans leur conclusion, toutes les présentations et le mot de bienvenue du modérateur Emmanuel Umpula, ainsi que les réponses apportées aux questions des participants ont recommandé l’adoption des projets de proximité.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: l'affiche de al conférence de presse. Photo 2: la salle, lors de la conférence de presse/Adiac

Notification: 

Non