Femmes et aéronautique : Elles prennent les commandes ce 8 mars chez SimAerospace

Vendredi 5 Mars 2021 - 13:06

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Près de quatre cents femmes ont pu, grâce à elle, baigner dans l’univers de l’aviation aérienne et être formées aux métiers d’hôtesses d’accueil et d’Amadeus. SimAerospace, la startup congolaise axée sur les métiers de l’aéronautique donne des ailes aux jeunes hommes, mais aussi aux jeunes femmes qui rêvent de se faire une place dans ce secteur à prédominance masculine.  A l’occasion de la journée des droits des femmes, nous avons rencontré Ilithe Ongania, un des cofondateurs de cette plateforme.  La parité est à l’ordre du jour. Entretien.

Les Dépêches du Bassin du Congo (LDBC) : Bonjour monsieur Ilithe. Comment se porte SimAerospace ? Et combien de femmes travaillent actuellement avec vous ?

Ilithe Ongania (I.O) : Bonjour à vous. SimAerospace se porte très bien. Nous avons repris nos ailes malgré cette période marquée par le coronavirus. Nous avons même commencé une nouvelle formation de présentateur(trice) de météo à la télévision. En termes de ratio, SimAerospace compte dix hommes et huit femmes, nous ne sommes pas loin de la parité et nous mettons dans nos formations un accent particulier sur le genre.

LDBC : Occupent-elles des postes à responsabilité ?

I.O : En matière de responsabilité nous ne faisons pas de distinction de sexe. Nous privilégions plutôt la compétence. Nous avons donc des personnes compétentes, hommes comme femmes à des postes à responsabilité. Et il y a hiérarchiquement des femmes à tous les niveaux chez nous. En cette journée internationale des droits des femmes, nous nous ferons le plaisir de laisser les commandes à l’équipe féminine de SimAerospace.

LDBC : Connaissez-vous des femmes congolaises pilotes, techniciennes ou ingénieures avioniques ?

I.O : Dans l’histoire de l’aviation congolaise, il y a des femmes qui ont été et qui sont pilotes, moi j’en connais personnellement deux, qui ont la vingtaine et qui sont pilotes de ligne. Elles volent même sur des 737. Des femmes techniciennes, il y en a de moins en moins parce qu’il y a très peu qui aiment porter la combinaison de travail, elles préfèrent plutôt une tenue qui met en valeur le côté femme, en l’occurrence celle du pilote.

LDBC : Au Congo, bon nombre de femmes qui exercent dans ce secteur sont pour la plupart hôtesses, pourquoi se ruent-elles majoritairement sur cette spécialité, pendant que l’aéronautique en offre bien d’autres ?

I.O : L’aéronautique est encore très méconnue au Congo, surtout du côté des jeunes femmes, il y a vraiment un besoin de communication qui se fait sentir. S’il y a très peu de femmes dans divers secteurs de l’aviation c’est parce qu’il y a un problème de communication et un manque de vulgarisation des débouchés de ce secteur. Il y a aussi le poids culturel qui fait à ce que certaines n’osent pas se lancer dans certains métiers.  Pour briser cette glace, il faut mettre en exergue des modèles à suivre pour inspirer d’autres femmes à se lancer. Nous organisons des journées portes ouvertes pour mieux faire connaitre ce secteur, mais l’écho n’est pas retentissant parce qu’il n’y a pas de partenaires qui prêtent main forte. C’est un appel que nous lançons pour que cette activité soit portée à grande échelle.

LDBC : Vous organisez régulièrement des formations d’hôtesse d’accueil et de l’air, combien de femmes avez-vous déjà formé à ce jour ? trouvent-elles des débouchés ?  

Sur les trois années de Sim Aerospace, durant les différentes sessions, nous avons à ce jour formé près de 400 jeunes femmes dans les métiers d’hôtesses d’accueil et d’amadeus. Certaines d’entre elles ont intégré diverses structures, d’autres ont même lancé leurs propres activités. Au-delà de l’employabilité, que nous ne pouvons garantir à tous les coups au sortir des formations, le but de ces formations est de permettre à chacune d’être une créatrice de richesse, afin de dynamiser l’économie locale.

LDBC : Dans un pays où les compagnies aériennes sont en perte de vitesse, quelles sont les actions à mener pour remonter la pente et améliorer la qualité des services dans ce secteur ?

I.O : Il faut commencer à créer des conditions pour bâtir une industrie aéronautique, en prenant en compte toute la logistique dont ce secteur a besoin pour fonctionner à plein régime (personnel qualifié en termes de maintenance, d’exploitation…). Il faut entamer les premiers petits pas (créer des centres de formation, des aéroclubs, débuter avec une aviation aérienne légère, avec avions monomoteur, bimoteur, avant de partir sur des propulseurs et ensuite des réacteurs). Il y a déjà un pôle qui peut nous inspirer dans ce cadre, Ethiopianne Airlines. Ils ne fabriquent pas encore des avions mais ils assurent toute la logistique dont ils ont besoin.  Si un Etat ne peut pas le faire seul, une vision globale, comme avec Air Afrique à l’époque est également souhaitable dans le cadre de l’intégration sous-régionale.

LDBC : L’emploi est l’un des murs auxquels se heurtent la jeunesse congolaise. Quelles sont les potentialités de l’aéronautique en termes d’emploi ?

I.O : L’industrie aéronautique est vraiment un moteur de croissance dans une économie. Elle peut créer des milliers d’emplois directs et indirects. Il suffit d’avoir une bonne stratégie globale de l’industrie aéronautique, qui va au-delà de la création d’une simple compagnie aérienne.

Propos recueillis par Durly Émilia Gankama

Légendes et crédits photo : 

Photo1et 2: Des jeunes dames à bord du simulateur de vol conçu par SimAerospace

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