Interview. Dr Daniel Nacoulma de l’Unicef : « Il n’y a pas de contre-indications du vaccin covid sur les femmes enceintes et allaitantes. Par contre, les enfants ne seront pas vaccinés

Jeudi 11 Mars 2021 - 15:52

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La vaccination contre la covid que le pays va bientôt lancer cible en première ligne le  personnel de santé qui est plus exposé parce qu’étant en contact direct avec la malades.  Ensuite, les personnes âgées de plus de 55 ans et enfin celles souffrant des maladies chroniques telles que les maladies cardiaques et les diabétiques.

 

Le Courrier de Kinshasa : Les femmes enceintes et allaitantes seront-elles vaccinées ?

Dr Daniel Nacoulma : Oui. Pour être précis, pour le moment les études n’ont pas démontré une contre-indication concernant  par exemple les femmes allaitantes. Les études n’ont pas montré qu’il n’y a pas une expression de ce vaccin à travers le lait maternel. Par contre, pour les femmes enceintes, on analyse toujours le risque  parce qu’en termes de santé publique, on voit quel est  le risque de ne pas vacciner une femme enceinte et le risque de la vacciner. Donc on analyse et on prend  le bon coté. Il faut aussi savoir qu’il y a des femmes enceintes qui ont  une certaine comorbidité, c'est-à-dire elles peuvent être femmes enceintes avec hypertension, avec problèmes cardiaques. Il faut analyser. C’est  l’analyse qu’on fait de risque qui permet de dire aujourd’hui qu’au stade actuel, on vaccinera les femmes enceintes et allaitantes sans problème .

L.C.K : Qu’en est–il des enfants qui sont aussi porteurs du virus ? Seront-ils  vaccinés ?

Les enfants sont certes porteurs de virus mais les études ont montré qu’ils ne constituent pas la cible où l’impact est très élevé en termes de maladie ou de décès. Raison pour laquelle nous avons ciblé, dans un premier temps, la tranche d’âge de la population qui présente un grand risque de contracter la maladie. Le choix en santé publique tient compte de risque élevé de décès, des maladies graves qui vont entraîner les morts. A l’étape actuelle, on ne vaccinera pas les enfants. Certes, ils sont des porteurs mais ils ne constituent pas une population à risque de faire des cas graves ou de décès.

L.C.K : L’Unicef a beaucoup investi dans la santé des femmes et des enfants. Dans le cas de la covid, vous vous fiez aux autres études ou bien l’Unicef a aussi mené  ses propres investigations pour faire totalement confiance au vaccin  pour qu’il soit aussi administrer aux femmes enceintes et allaitantes ?

Dr D.N : L’Unicef est une agence de l’ONU qui travaille avec les autres agences de façon concertée. Le  vaccin qui entre dans le mécanisme Covax sont des vaccins homologués par l’OMS. Donc quand un vaccin ou médicament n’est pas homologué par l’OMS,  c’est difficile que l’Unicef se mette  dans l’approvisionnement du pays d’un produit quelconque qui n’est pas homologué par l’OMS. Il en est de même en ce qui concerne la chaîne de froid que nous utilisions pour conserver le vaccin.

Si ce n’est pas homologué par l’OMS, on ne peut pas utiliser n’importe quel réfrigérateur pour conserver le vaccin.  C’est pourquoi nous disons aux gens que les vaccins sont conservés seuls dans les réfrigérateurs appropriés. Ce n’est pas dans le réfrigérateur ménager qu’on utilise pour conserver le vaccin. Donc nous nous alignons sur la politique de rigueur, sur l’efficacité et la sécurité que  l’OMS  exige.

L.C.K : Le vaccin contre la covid ne tend pas à l’expiration, d’autant plus que sur l’emballage il est mentionné la date de péremption, le 24 juin ?

Dr D.N : Il faut reconnaître que dans toute introduction du nouveau vaccin, on évite de fabriquer des vaccins qui ont une longue durée avant de se périmer. Pour le moment dans le monde entier, le vaccin contre la covid-19 est fabriqué pour une durée de six mois. Quand vous regardez sur l’emballage, ce vaccin a été fabriqué en décembre 2020 donc les six mois sont à compter à partir de janvier.

Nous devons donc utiliser ce vaccin avant le 27 juin 2021. Avant cette date, le vaccin est efficace et ne pose pas des problèmes. C’est après cette date que nous serons obligés de le détruire. Et si nous détruisons ce vaccin comparativement aux personnes que nous sommes en train de perdre et qui tombent malades, on aura donc investi pour rien. Aujourd’hui l’appel est que nous puissions avoir le maximum de personnes à vacciner avant cette date.

L.C.K: La vaccination contre la covid cible avant tout le personnel de santé soignant les malades de la covid; les personnes âgées de plus de cinquante-cinq ans et celles souffrant des chroniques dont les diabétiques, les malades cardiaques. Avez-vous déjà pensé à mobiliser toutes ces personnes?

Dr D.N: Nous pensons pouvoir commencer bientôt. Le plus tôt serait le mieux. Nous allons commencer cette semaine si tout va bien. Il faut que tous les agents de santé, le système de santé se mobilisent pour  que nous puissions vacciner le maximum de personnes. C’est de cette façon que nous allons démontrer la capacité du pays à réagir devant les défis et les urgences. Comparativement à d’autres pays qui ont reçu les vaccins, la RDC a reçu une plus grande quantité. Ce n’est pas pour rien.  C’est parce que le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi assume aujourd’hui la présidence de l’Union africaine. C’est donc l’occasion pour nous de montrer que  le chef de l’Etat n’est pas président de l’Union africaine pour rien et que l’on mette l’accent pour atteindre les résultats auxquels la communauté internationale est en train d’attendre de nous.

L.C.K : Le vaccin Astrazeneca que la RDC  a reçu est-il une dotation d’un pays ami ?

Dr D.N : Le vaccin que la RDC a reçu, à ce jour, n’est pas une dotation d’un pays. C’est l’initiative mondiale Covax qui a été lancée par Gavi, OMS, Unicef avec les pays d’Asie, d’Europe qui ont mis en place des fonds pour faciliter l’acquisition et l’accès au vaccin aussi bien dans les pays riches que dans les pays pauvres. Cela dans un souci d’équité.

Covax est un fonds mondial. Un fonds qui a été mis en commun. C’est cette initiative qui met le vaccin à la disposition des pays.  Toutefois, il n’est pas exclu, dans un avenir proche, qu’un pays dans une collaboration bilatérale entreprenne de faire une dotation de vaccin. Aussi faudra-t-il savoir qu’en dehors du vaccin Astra zeneca,  le groupe technique consultatif du pays sur la vaccination a proposé une panoplie de vaccins donc astra zeneca n’est que l’un des vaccins.  Tenant compte de l’efficacité, de la capacité de la conservation du pays, le groupe consultatif  a proposé quatre possibilités de vaccins qui pourront  être utilisés dans le contexte de la RDC. Aujourd’hui, le pays a choisi astrazeneca. Mais il est possible demain en fonction des opportunités qui s’offrent qu’on reçoive d’autres vaccins qui sont recommandés par cette instance.

L.C.K : Le pays s’est-il doté du matériel approprié pour une bonne conservation de ces vaccins ?

Dr D.N : Le choix  du vaccin tient aussi compte de la capacité, de la disponibilité de la chaîne de froid pour la conservation. Le vaccin astrazeneca que le pays a choisi doit être conservé entre 2 et 8°.  Ces conditions sont déjà remplies au niveau du pays. Nous avons réceptionné  le vaccin à l’aéroport international de Nd’jili et puis acheminer à l’entrepôt de Kinkole qui est une grande aire au niveau de l’Afrique centrale et qui fait la fierté de la RDC.

A partir de l’aire de Kinkole, ces vaccins vont être envoyés dans les chambres froides au niveau des chefs lieux de provinces, puis dans les antennes et dans les zones de santé. Aujourd’hui, toutes les formations sanitaires de la RDC, à peu près 81% sont dotées des réfrigérateurs homologués dans la majorité de l’énergie solaire. Ces réfrigérateurs peuvent conserver les vaccins entre 2 et 8°. Ce sont ces réfrigérateurs qui conservent actuellement  les vaccins  de la vaccination de routine. Il n’ya pas d’inquiétude par rapport à la conservation de ces vaccins et le personnel de santé va avoir une orientation pour le suivi de ces vaccins.  Ce n’est pas la première fois que la RDC va introduire un nouveau vaccin dans le pays.

Blandine Lusimana

Légendes et crédits photo : 

Le responsable de la vaccination à l'Unicef, Dr Daniel Nacoulma

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