Société : la petite fille et la première dame

La scène se passe le 8 mars, à l’occasion de la célébration de la Journée internationale des droits de la femme, au siège du quartier général de campagne au cœur du centre-ville de Pointe-Noire. La Fondation des Femmes en Mouvement et l’Association Jeunesse et Espoir y organisent une rencontre citoyenne et une jolie rencontre va avoir lieu. Alors que la première dame est attendue pour honorer cet événement, une petite fille, bouquet de fleurs à la main, attend fébrilement l’arrivée de la voiture officielle. On chouchoute la jeune enfant, on la rassure, on la maquille sur place. Elle se doit d’être belle, après tout c’est une mini-miss ! 

Esther Mangala est née il y a moins de dix années à Brazzaville mais a grandi dans la ville océane au quartier populaire Makayabou, là ou poussent plus d’herbes sauvages que de jolies fleurs. Elle mène la vie ordinaire des enfants de son âge, à la maison - entre une maman femme de ménage et un papa policier - comme à l’école où elle est en classe de CM1. C’est par un après-midi de décembre que sa petite vie s'est illuminée d’un seul coup.  Esther s’imagine plus tard être docteure, c’est ce dont elle rêve, mais pour l’heure sa sœur ainée Bénicia l’a inscrite au concours de mini-miss Noël de l’émission de télévision « Facile à chanter ». Sur la scène de l’Espace Culturel Yaro, elle frappe dans l’œil du jury qui la couronne en ce jour magique de la veille de Noël !

Vient le temps alors de quelques projets pour Cédric Bak, producteur de l’émission, qui travaille à la visibilité de son égérie fraîchement élue. Du merchandising avec la mise en vente de montres personnalisées à l’image de la mini-miss, des jingles auto-promo pour les émissions jeunesse de la chaîne NTI, des passages dans des écoles pour recueillir des dons en faveur des orphelinats et... une brève rencontre avec l’épouse du président de la République !

Il est un peu moins de 16 heures ce 8 mars lorsque le protocole accompagne Esther, élégamment vêtue d’une petite robe en pagne, pour aller à la rencontre de la première dame du Congo dès sa descente de la voiture aux vitres fumées.  Quelques mots chaleureux de bienvenue soufflés à l’oreille de Me Antoinette Sassou N'Guesso, des yeux qui pétillent trahissant les larges sourires sous les masques, un grand bouquet de fleurs offert et un souvenir, certainement inoubliable tout au long de la vie, pour la ravissante Esther Mangala. Il y a des contes de fées comme cela où les fleurs disent plus que les mots.