Société : Sosthène Massemba Kolela, fièrement paysan !

Jeudi 15 Avril 2021 - 19:56

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Une vie à la ferme, un sourire bio, une maison de l’artémisia, un 17 avril jour de luttes paysannes, bienvenue dans l’univers de  Sosthène Massemba Kolela !

Il est le promoteur de la ferme pédagogique Agriloango, un espace nature et découverte  dans l’ancienne capitale du Royaume Loango, où des écoles et des familles viennent à la rencontre des animaux de la ferme ou s’initient au jardinage à travers d’ateliers pédagogiques. Il est aussi le promoteur de « Sourire Bio », distributeur de produits « Made in Congo » réservés aux producteurs du 242. Il est encore coordinateur au Congo Brazzaville de la « Maison de l’Artémisia », une ONG dont le siège est en France et qui fait la promotion, dans 24 pays du monde, de la plante artémisia en faveur de la lutte contre le paludisme. Autant de casquettes vissées sur la tête de Sosthène qui se déclare paysan et fier de l’être ! 

Cette âme de paysan, il la doit à de lointains souvenirs d’enfance où, à la fin des années 70, il passait ses vacances chez son grand-père à Boko dans le département du Pool et il se souvient : «  C’était mon paradis, planté au milieu d’arbres fruitiers et de légumes, j’y vivais au milieu des poules, des moutons, des cochons, là près des étangs où je voyais nager des poissons.  Plus que des souvenirs, c’est une ligne de départ, je voulais ressembler à mon grand-père et j’ai étudié plus tard à  l’université en France pour apprendre sur le bout de mes doigts à cultiver la terre ».  A la ferme Agriloango, cochons, moutons, poules, canards, lapins, oies témoignent en chœur de l’objectif atteint, plus loin dans les étangs les tilapias, sorte de carpes exotiques, applaudissent des deux mains dans les étangs réservés à la pisciculture,  au milieu des vergers, verveine, absinthe, artémisia et autres plantations dressent une haie d’honneur au paysan hautement instruit pour qui être paysan est avant tout un état d’esprit, un mode de vie : «  J’ai souvent entendu que si l’on travaillait mal à l’école, on finirait paysan, il est aberrant d’entendre cela. Au Congo, le terme  paysan est péjoratif, la valeur de notre travail est non seulement dépréciée mais elle est méprisée et c’est étonnant dans un pays qui n’a pas de souveraineté alimentaire  et qui souffre d’un déficit de productions locales ». 

Pas de réveil matin à la table de chevet de Sosthène, c’est le chant du coq qui sonne le réveil pour les hommes et les bêtes quand bien même aujourd’hui Sosthène a changé son tablier de paysan pour un costume d’entrepreneur : «  Je suis moins à la ferme, je navigue entre zone rurale et urbaine car mes journées sont rythmées par mes autres activités et de nombreux rendez-vous.  Il y a une forme de militantisme à laquelle je m’oblige pour faire reconnaître ici et là le statut de paysan. Le 17 avril est la journée internationale des luttes paysannes, hélas le Congo n’a jamais signé la charte des Nations unies pour les droits des paysans », déplore Sosthène. Cependant, sa vision de demain est optimiste, l’homme sent autour de lui un intérêt de plus en plus vif pour la nouvelle génération soucieuse de cultiver notre terre avec fierté !

 

Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

Sosthène Massemba

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