Entrepreneuriat local : l’exclusivité du petit commerce aux nationaux

Mardi 18 Mai 2021 - 18:53

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Le ministre de l’Économie nationale, Jean-Marie Kalumba, a rencontré récemment les opérateurs de son secteur à cet effet. Il en a profité pour présenter une feuille de route loin d’embrasser toutes les contraintes au développement des PME et PMI RD-congolaises.

Recevant les principaux acteurs de l’économie nationale dans son cabinet de travail, Jean-Marie Kalumba a présenté succinctement les priorités de son ministère pendant son mandat. Outre l’exclusivité du petit commerce aux seuls nationaux, il a évoqué, notamment, la rationalisation des structures des prix des produits locaux de base, des biens de consommation courante importés et des prestations des services. Son ministère va attacher une importance particulière à la protection des consommateurs. En outre, il a promis de maintenir et renforcer la collaboration avec les corporations des petites et moyennes entreprises. « Nous allons jouer notre rôle de plaidoyer auprès du gouvernement, en vue de la promotion de l’entrepreneuriat RD-congolais ».

Bien entendu, ce discours est connu des corporations professionnelles qui espèrent toujours des actions déterminantes pour sauver un secteur qui disparaît. Aujourd’hui, le pays ne dispose plus de grands hommes d’affaires. Si la question de l’exclusivité du commerce aux nationaux revient sur la table du gouvernement, il vaut rappeler que l’ordonnance-loi 79-021 portant sur la pratique du petit commerce aux nationaux date du 2 août 1979. Après 42 ans et plusieurs ultimatums lancés aux étrangers par ses prédécesseurs, il n’y a aucun début d’application de la loi. Des expatriés continuent impunément à vendre des produits en détail. Toutefois, met en garde un expert, les mesures drastiques pour remettre de l’ordre par la force vont s’avérer infructueuses en raison de la faible capacité financière des Congolais. D’autres éléments méritent également que l’on s’y penche plus sérieusement, notamment la clarification de la vente au détail et la problématique de la concurrence déloyale.

Pour la petite histoire, le secteur des PME n’a pas toujours été le canard boiteux dans la vie économique du pays. Dans les années 1970, les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) constituaient à n’en point douter l’épine dorsale de l’économie RD-congolaise. Il y avait non seulement un grand nombre de MPME, mais il faut noter aussi leur diversification et la capacité de créer de la richesse et des emplois. Plusieurs facteurs ont concouru à la débâcle du secteur, notamment le dur accès au financement, la lourdeur de la fiscalité et les tracasseries administratives. Sur un plan plus interne, il faut épingler les problèmes de management, de montage de dossiers bancables et des plans d’affaires.

Pour relancer les MPME et espérer reconstituer une classe moyenne manquante au pays, il faut des solutions globales à la question de l’entrepreneuriat local. Sans une réflexion sincère et productive, il est difficile même pour les entrepreneurs RD-congolais de profiter des avantages de la Zone de libre-échange continentale africaine ou de l’Agoa. Les économies les plus faibles deviendront des simples consommateurs. « Quand les autorités voudront se réveiller et accompagner les MPME, il sera déjà trop tard », a conclu Pierre Lokuli, un entrepreneur congolais. Beaucoup d’entre eux espèrent que les 100 millions de la Banque mondiale pour appuyer les initiatives entrepreneuriales des jeunes et des femmes entrepreneurs serviront de déclic.

Laurent Essolomwa

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