Kwilu : l’Olpa renforce les capacités des journalistes

Samedi 22 Mai 2021 - 14:15

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L’ONG de promotion et de défense de la liberté de la presse a organisé un atelier à l'intention des journalistes sur la redevabilité des institutions provinciales.

 

L’Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (Olpa) a organisé, le 19 mai,  Bandundu-ville, chef-lieu de la province du Kwilu, un atelier au bénéfice des journalistes de cette partie de la République démocratique du Congo (RDC). Ces travaux ont tourné sur le rôle des médias dans la consolidation des institutions transparentes et efficaces en RDC.

A cette occasion, la secrétaire exécutive intérimaire de l’Olpa, Chancelle Nsingi Bamenga, a fait savoir que cette activité s’inscrivait dans le cadre du projet « Renforcement des capacités des médias indépendants en RDC », qui bénéficie de l’appui de la Fondation nationale pour la démocratie (NED). Elle a, à cet effet, rappelé que la presse, en tant que quatrième pouvoir, doit jouer un rôle actif et ouvert notamment en donnant une bonne information et ainsi contribuer à la consolidation d’institutions plus transparentes et efficaces.

De son côté, le ministre provincial chargé de la Communication et des Médias du Kwilu, Zephyrin Muma Ngomuzeyi, qui a donné le go de cet atelier, a estimé que l’initiative de l’ONG Olpa est à saluer par les professionnels des médias du Kwilu, où les organes de presse sont appelés à jouer un rôle non négligeable pour accompagner les gouvernements national et provincial ainsi que d’autres institutions de cette province à matérialiser la vision des dirigeants qu’est le bien-être des Congolais. « Le thème de ces assises est plus qu’interpellateur car les journalistes réunis en ce lieu ont la lourde responsabilité de contribuer à la consolidation des institutions kwiloises fortes, et au service de tous », a-t-il déclaré.

Trois communications pour conduire les médias à jouer leur rôle

Trois communications ont marqué les temps forts de cet atelier. Le président provincial de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC/Kwilu), Joachim Mundia Kima, a planché sur l’évaluation de la couverture médiatique des élections de 2018 et du travail de la presse indépendante depuis l’avènement de nouvelles institutions, pour conclure sur des leçons à tirer. Le panéliste a fait le diagnostic du travail des journalistes et des médias de Kwilu lors des échéances électorales de 2018. Il a estimé que les journalistes de cette province n’ont pas donné le meilleur d’eux-mêmes. « Ils ont été attentistes et laxistes, cédant à la manipulation politicienne au lieu de travailler pour l’intérêt général », a-t-il dit.

Le président de l’UNPC/Kwilu a aussi relevé les difficultés rencontrées par ces professionnels des médias durant la période électorale 2018, lesquelles, selon lui, sont liées notamment à l’accès aux sources d’informations et les moyens de déplacement. Comme projet d’avenir, Joachim Mundia Kima a émis le vœu de voir l’UNPC/Kwilu se doter d’un siège, d’un centre de presse, ainsi que des moyens conséquents pour organiser les ateliers de renforcement des capacités au profit des journalistes locaux et participer activement à l’action de revisitation des règles du métier.

Le ministre de la Communication et des Médias du Kwilu a parlé de «l’impact des médias locaux sur le fonctionnement des institutions provinciales et le comportement des acteurs politiques de la province du Kwilu ». Zephyrin Muma Ngomuzeyi a défini les médias locaux comme l’ensemble des moyens d’information du public, des organes de presse, journalistes, chroniqueurs, reporteurs, cameraman et responsables des rédactions, maisons de presse, radios, télévisions, presse écrite ou audiovisuelle ou encore les médias en ligne émettant à partir du lieu où l’on se trouve. Selon lui, les médias doivent garantir le respect des libertés de pensée, des idées, en aidant la population et les dirigeants à prendre des décisions réfléchies en vue de renforcer la démocratie et le respect des règles des jeux établies. « Les médias du Kwilu peuvent aider à la stabilité des institutions et au maintien de l’ordre public », a-t-il insisté. Et de poursuivre que les médias comme 4e pouvoir a un impact considérable sur le public, la gestion du pouvoir politique et la bonne gouvernance.

De son côté, le président du cadre de concertation de la société civile de Kwilu, Placide Mukwa, a entretenu l’assistance sur le contrôle citoyen et l’apport des médias dans l’accompagnement de la population. Pour lui, le contrôle citoyen est un ensemble très large des mécanismes et actions qui permettent aux citoyens et aux organisations de la société civile d’obliger les acteurs politiques et les institutions à rendre compte sur leur gestion publique, afin de favoriser la bonne gouvernance locale. Placide Mukwa a précisé que ce contrôle vise à informer, alerter, influencer ou réorienter l’action publique. Il vise alors à « renforcer le principe de bonne gouvernance. Il rappelle le devoir de transparence dans la gestion de la chose publique, afin d’aboutir à une action publique aussi efficace que légitime, en adéquation avec le cadre légal et les demandes de la population ». Ainsi, a-t-il conclu, lorsque les citoyens s’engagent à en savoir plus sur la gestion de l’Etat, des collectivités publiques, ils participent à la manifestation de la démocratie et l’Etat de droit

Les médias dans l’accompagnement de la population

A l’issue de ces communications, les participants se sont scindés en deux groupes de travail. Le premier groupe a travaillé sur les stratégies pour la facilitation du contrôle citoyen par les médias du Kwilu et le second groupe a travaillé sur l’apport des médias de la province dans le changement du comportement de la classe politique. Après débat, des recommandations ont été formulées. Il s’agit notamment de créer des émissions interactives, de respecter le code d’éthique et de déontologie professionnelle, de collaborer étroitement avec les décideurs, de proposer des projets d’édits portant protection des journalistes au niveau provincial, renforcer régulièrement les capacités des journalistes, de créer des médias en ligne et d’encourager le journalisme d’investigation.

Surprise après l’interpellation d’un journaliste à Mbandaka

Dans un autre communiqué du 21 mai, cette organisation indépendante de défense et de promotion de la liberté de presse s’est dite surprise par l’interpellation de Frédéric Manyo Ilanga, journaliste à Equateur radio (E-Radio), station privée émettant à Mbandaka, dans la province de l’Equateur.

A en croire l’OLPA, le journaliste a été interpellé, le 21 mai 2021 alors qu’il répondait à une convocation de l’Agence nationale des renseignements (ANR/Mbandaka) « Frédéric Manyo Ilanga a été conduit au cachot de l’auditorat militaire de garnison de Mbandaka où il va passer sa première nuit, peu après son audition par un inspecteur de police judiciaire », a expliqué l’ONG. Et de faire savoir que l’Anr lui reprochait d’avoir animé une émission intitulée « Ngonga Ebeti », le 14 mai 2021, au cours de laquelle le secrétaire exécutif provincial du parti politique Mouvement de libération du Congo (MLC), Papy Eteke, a lancé l’appel à un rassemblement de protestation à la suite de l’arrestation d’un agent de police accusé d’insubordination pour avoir démantelé un réseau criminel qui sème l’insécurité dans cette ville de l’Equateur.

L’OLPA, qui refuse, par ailleurs, de se prononcer sur le fond de cette affaire, dit rester convaincu que les services des renseignements ne ménageront aucun effort pour préserver la liberté de presse garantie par la législation congolaise et les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’homme. L’ONG exige, par conséquent, une relaxation pure et simple de ce  journaliste.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Photo des familles des participants à l'atelier Photo 2: La salle, lors de l'atelier Photo 3: Le journaliste Frédéric Manyo Ilanga

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