Les immortelles chansons d’Afrique : « Ba coups ya la vie » de Papy Tex

Jeudi 26 Août 2021 - 20:09

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L’un des piliers de l’orchestre Empire Bakuba composa, en 1983, « Ba coups ya la vie », une lumineuse chanson qui donna un coup de fouet à la carrière de l’artiste et sera plébiscitée meilleure chanson de cette année-là.

Le titre, inscrit dans le panorama musical de la République démocratique du Congo, a provoqué une déflagration quelque temps après sa sortie. Pressé en format quarante-cinq tours, ce disque est estampillé Editions Vévé, VV/386. Subdivisée en trois parties, la chanson offre au début une rumba infusée de sonorités aux accents pop. Cet air a connu deux versions. Dans l’une d'elles, la virevoltante guitare solo de Kinanga Nanzao François, alias Boeing 737, est ubiquiste. Elle jette les bases sur lesquelles viennent se poser la guitare basse et la batterie qui permettent à Papy Tex de chanter en homophonie. Dans l’autre, la guitare rythmique joue pleinement son rôle. Elle est appuyée par la guitare basse et la batterie. Puis renforcée par des riffs de saxo et de la guitare solo.

Par « Ba coups ya la vie », l’auteur se réfère aux douloureux événements qui alimentent notre existence. Son personnage est victime de trahison. D’ailleurs, il demande à Dieu de lui montrer un endroit où il peut se cacher pour échapper à l’humiliation. « Mwasi na ngai akomi kolanda mbanda mpona bisengo ya mokili » (Ma femme est maintenant derrière mon rival à cause de la jouissance de ce monde).

Pour ramener sa femme à des meilleurs sentiments, l’homme use d’une métaphore pleine de sagesse : « Chaussette atako ebeba sapatu abombaka sekele, sapatu atako etengama lokolo aboyaka ye te mama. Mais obuaki ngai mpo nabeba nazanga mbongo mama, likabo te. Baye bakufa, batika mbongo » (Même si la chaussette est en mauvais état, la  chaussure garde le secret. La chaussure bien qu’elle soit tordue, le pied ne l’abandonne jamais. Mais toi tu m’as délaissé parce que je suis devenu laid et pauvre, cela ne fait rien. Ceux qui sont morts ont laissé la fortune).

Le timbre vocal de Papy Tex, lequel distille une certaine mélancolie, colle bien au thème développé à travers cette œuvre musicale. C’est ce qui justifie en partie la réussite de cette mélopée.

Né le 28 juin 1952, à Kinshasa, Matolu Dodé Jean, dit Papy Tex, fit ses pas dans la musique à l’âge de 15 ans. Son destin a croisé celui de Pépé Kallé avec lequel ils ont collaboré jusqu’à la mort de ce dernier. En 1968, ils enregistrent leur premier disque quarante-cinq tours « Pardon Papy » et créent, en 1970, l’orchestre « African Choc » avec lequel ils remportent le titre de meilleur orchestre, lors du concours organisé par Dewayon. Entretemps, Seskain est révoqué  dans Afrisa, il monte le groupe «  Bakuba » avec Pépé Kallé et Papy Tex. Après dislocation du groupe, ces deux derniers rencontreront Dilumuna et formeront le trio Kadima qui deviendra « Empire Bakuba », le 17 mars 1972.  

Fréderic Mafina

Légendes et crédits photo : 

Papy Tex

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