Covid 19: le variant Delta compromet les perspectives d’immunité collective

Samedi 28 Août 2021 - 12:00

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Face à la forte contagiosité du variant Delta, il semble illusoire d'atteindre l'immunité collective uniquement grâce aux vaccins, mais ceux-ci restent cruciaux pour circonscrire la pandémie.

Depuis des mois, l'immunité collective, c'est-à-dire le seuil de personnes immunisées au-delà duquel l'épidémie cesse, est considérée comme la solution d'une sortie de crise. Cependant, des épidémiologistes considèrent que la vaccination seule ne permettra pas de faire régresser et contrôler l’épidémie. La cause : l’équation entre contagiosité du virus et efficacité du vaccin

Désormais dominant, le variant Delta est jugé 60% plus transmissible que le précédent (Alpha) et deux fois plus que le virus historique. Or, plus un virus est contagieux, plus élevé est le seuil nécessaire à l'immunité collective (laquelle s'obtient via les vaccins ou l'infection naturelle).

Pour le virus historique, le seuil d'immunité collective était estimé à 66%. Pour le variant Delta, il est à 90%.

Encore faudrait-il aussi que les vaccins soient efficaces à 100%. Or l’on sait maintenant que l'efficacité des vaccins Pfizer et Moderna contre l'infection a baissé de 91% à 66% depuis que Delta est devenu dominant aux Etats-Unis.

En outre, l'efficacité diminue avec le temps : elle tombe de 88% à 74% au bout de cinq à six mois pour Pfizer, et de 77% à 67% après quatre à cinq mois pour AstraZeneca. C'est ce qui pousse de plus en plus de pays à envisager une dose de rappel.

Tous ces paramètres rendent illusoires l'immunité collective sans aucun geste barrière d’autant que le variant actuel infecte des gens vaccinés. Cependant, les spécialistes insistent sur le fait que les vaccins sont indispensables. Et les scientifiques préconisent un maximum de personnes protégées en y associant le port du masque et le respect des distances dans les lieux clos ainsi que les transports pendant encore pas mal de temps…

Un an après le Covid, fatigue et essoufflement persistent pour de nombreux patients

Un an après leur hospitalisation pour Covid, fatigue et essoufflement sont encore au rendez-vous pour de nombreux patients, montre une étude chinoise qui appelle à mieux prendre en compte les effets à long terme de la pandémie. Environ la moitié des patients sortis de l'hôpital souffrent encore d'au moins un symptôme persistant (le plus souvent de la fatigue ou une faiblesse musculaire) et un patient sur trois présente encore un essoufflement après douze mois. Ces proportions sont plus élevées chez les patients touchés par une forme sévère de Covid, qui ont séjourné dans un service de soins intensifs. Les chercheurs se sont appuyés sur le bilan de santé réalisé par près de 1.300 personnes sorties entre janvier et mai 2020 d'un hôpital de Wuhan, première ville touchée par la pandémie. Ils ont comparé ces données avec celles recueillies six mois après la sortie des mêmes patients. Les auteurs soulignent par ailleurs que les femmes sont 43% plus enclines que les hommes à souffrir de fatigue ou de faiblesse musculaire persistante, et deux fois plus à se voir diagnostiquer de l'anxiété ou une dépression. Elles sont aussi trois fois plus touchées par une baisse de la capacité de diffusion de leurs poumons.

REPERES

° Etats-Unis : de plus en plus d'entreprises osent la vaccination obligatoire pour leurs employés, voire leurs clients. Les pharmacies CVS, le pétrolier Chevron, Disney ou la banque Goldman Sachs, tous ont imposé à tout ou partie de leurs employés d'apporter la preuve qu'ils ont bien été vaccinés. La banque Morgan Stanley BlackRock, Google, Facebook, Uber, avaient déjà interdit leurs locaux aux employés sans schéma vaccinal complet.

° Risque de caillots moins élevé après le vaccin. Le risque de développer des caillots sanguins est beaucoup moins élevé après s'être fait vacciner qu'en attrapant la maladie, indique une étude britannique sur les effets secondaires liés au vaccin. Cette étude a comparé les données médicales de 29 millions de personnes ayant reçu leur première dose de Pfizer-BioNtech ou d'Oxford-AstraZeneca entre décembre 2020 et avril 2021 avec celles de presque 2 millions de personnes testées positives au coronavirus.

° La Nouvelle-Zélande a prolongé vendredi son confinement national jusqu'au 31 août pour juguler la propagation de cas liés au variant Delta et cette mesure restera en vigueur plus longtemps à Auckland, épicentre de l'épidémie. Seules 26 personnes sont décédées dans ce pays de cinq millions d'habitants, grâce à une stricte fermeture des frontières ainsi que des confinements et une intense politique de traçage dès l'apparition de nouveaux cas, une stratégie "zéro Covid" que l'archipel entend poursuivre.

° La pandémie a fait au moins 4 472 486 morts dans le monde depuis fin décembre 2019. Un chiffre qui, selon l’OMS, pourrait être deux à trois fois plus élevé que celui qui est calculé à partir des chiffres officiels. Les Etats-Unis sont le pays le plus touché avec 633 564 décès, devant le Brésil (577 565), l'Inde (436 861), le Mexique (256 287) et le Pérou (198 064).

° Les Etats-Unis ont envoyé jeudi dernier plus de deux millions de doses de vaccin à l'Algérie, au Ghana et au Yémen. 604 800 doses du vaccin de Johnson & Johnson iront à l'Algérie et 151 200 au Yémen, tandis qu'un peu plus d'1,2 million de doses du vaccin de Moderna iront au Ghana. Les envois sont effectués à travers le système Covax, le distributeur soutenu par l'Organisation mondiale de la santé et l'Alliance du vaccin. Avec ces dernières cargaisons, le nombre total de doses livrées par les Etats-Unis à l'Afrique s'élèvera à plus de 25 millions. Le gouvernement américain a également acheté 500 millions de doses du vaccin de Pfizer-BioNTech, spécifiquement pour les offrir à l'Union africaine et à 92 pays à faibles revenus. Washington a aussi fait don de 2 milliards de dollars à Covax.

° L'Afrique se trouve en plein cœur d'une troisième vague de contaminations et accuse un retard conséquent dans la course à la vaccination de masse. Moins de 2% de la population à travers le continent est entièrement vaccinée, certains pays ont dû détruire des doses inutilisées en raison du manque d'infrastructures sanitaires, mais également en raison d'un fort scepticisme anti-vaccin.

Julia Ndeko avec AFP

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