Soudan du Sud : Salva Kiir et Riek Machar accusés de plonger le pays dans le chaos

Lundi 30 Août 2021 - 14:42

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Plusieurs organisations regroupant universitaires, avocats, organisations de femmes et de jeunes ont appelé la population à manifester le 30 août sur toute l’étendue du territoire national, pour réclamer la démission du président Salva Kiir et de son vice-président Riek Machar.

Deux ans après son indépendance le 9 juillet 2011, le Soudan du Sud, l’un des pays les plus pauvres du monde a sombré dans une sanglante guerre civile, opposant les forces du président Kiir à celles de son rival Riek Machar, qui a fait en cinq ans plus de trois cent quatre-vingt mille morts, 4 millions de déplacés  et a précipité le pays dans une grave crise humanitaire.

Aujourd’hui, 82% de la population vit sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale, malgré des réserves de pétrole et l’aide de la communauté internationale. La guerre, l’insécurité, la corruption sont les principaux responsables.

« Quand ils gouvernent ensemble, rien ne bouge ! Ils ne sont d’accord sur rien. Et quand ils ne sont pas ensemble, ils se battent et sont responsables de souffrances, de destructions, et de nombreux décès de civils », s’est lamenté Rajab Mohandis, de la Coalition du peuple pour l’Action civile.

« Plusieurs accords de paix ont été signés entre les deux hommes, à chaque fois ils promettent de travailler ensemble, et à chaque fois ces accords sont oubliés. Leur désaccord remonte à la guerre d’indépendance et continue jusqu’à aujourd’hui. De nombreux Sud-Soudanais pourraient diriger ce pays bien mieux qu’eux », a-t-il ajouté.

Trois ans après le dernier accord de paix signé en 2018, et qui n'a toujours pas été entièrement mis en œuvre, la situation politique est à nouveau bloquée, a déploré la société civile. Elle accuse les deux dirigeants de faire passer leurs intérêts personnels avant le pays.

« Le président Salva Kiir a tellement peur d’être délogé, qu’il passe son temps à essayer de se maintenir au pouvoir au détriment du pays. En plus, tous deux sont conscients que des crimes contre l’humanité ont été perpétrés, et que le jour où ils ne sont plus au pouvoir, ils pourraient être traduits en justice. De nombreux Sud-Soudanais pourraient diriger ce pays bien mieux qu’eux. Il est temps de changer ; car nos leaders ont échoué et nous ne pouvons plus continuer ainsi », a déploré la société civile.

Différentes organisations appellent donc à manifester pour exiger le départ des deux hommes.

Le gouvernement n'a pas réagi mais un porte-parole du chef de l’État a mis en garde contre ce qu'il qualifie de « déclaration de guerre ». Rappelant que l’accord de paix prévoit des élections en 2023.

Au mois de juillet dernier, le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, a promis de « ne pas ramener » le pays « dans la guerre », lors d'un discours prononcé à l'occasion du dixième anniversaire de l'indépendance, appelant à « travailler ensemble pour remettre le pays sur le chemin du développement ».

« Je vous assure que je ne vous ramènerai plus dans la guerre. Travaillons tous ensemble pour nous remettre de la dernière décennie et ramener notre pays sur la voie du développement dans cette nouvelle décennie », avait déclaré le président. Salva Kiir a également salué « le nouvel esprit de dialogue entre les parties ».

Les priorités du gouvernement sont « le secteur de la sécurité et les réformes économiques », a-t-il ajouté, expliquant que « ces deux domaines permettront de stabiliser notre pays et d'assurer la croissance économique grâce à une augmentation de la production conduisant au développement socio-économique ».

 

Yvette Reine Nzaba

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