Examens d’Etat : Brazzaville et Pointe-Noire peinent à s’en sortir

Lundi 30 Août 2021 - 16:00

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Aux examens d’Etat d’enseignement général, notamment le baccalauréat et le Brevet d’études du premier cycle (BEPC), Brazzaville et Pointe-Noire présentent le plus grand nombre de candidats mais ne parviennent pas à figurer parmi les cinq premiers depuis quelques années déjà. Les localités de l’arrière-pays continuent de prendre le dessus.

Au baccalauréat général en 2016, sur le territoire national le département de la Bouenza arrivait en tête avec 31,36% de taux de réussite même si, dans l’ensemble les centres de Luanda et du Cabinda, au-delà des frontières nationales, occupaient la première place. Brazzaville (19,19%) et Pointe-Noire (18,29%) occupaient respectivement la 7ème et la 8ème position. En 2019, la Sangha était première avec 42,01% tandis que Brazzaville trainait à la 7ème place avec 29, 25%, Pointe-Noire 10ème avec 27,29%. Les villes, grandes pourvoyeuses de candidats, n’ont pas fait de miracle en 2020 : le département de la Cuvette-ouest est arrivé en tête avec 56,6%, la capitale et la ville océane toujours plus bas.

La réalité est la même au BEPC. Les élèves des deux grandes villes n'ont pas pu réaliser de bons résultats. En 2016, le Kouilou était en tête avec 63,35% alors que Brazzaville 46,26% et Pointe-Noire 44,61% étaient respectivement 7ème et 8ème. Le même département a réédité l’exploit l’année suivante. La Cuvette-Ouest a pris le relais, en 2019, avec un taux de réussite de 67,34%, Brazzaville avec 54,11% s’est contentée de la 8ème place et Pointe-Noire de la 10ème avec 48%. En 2020 et en 2021, c’est le département de la Lékoumou qui s’est imposé. La loi du nombre, avec probabilité, voudrait que Brazzaville et Pointe-Noire qui présentent le plus grand nombre de candidats occupent les meilleures places. Pourtant les deux départements sont censés avoir un avantage par rapport aux établissements de l’arrière-pays en termes d’infrastructures et donc des conditions d’apprentissage.

Quelques raisons évoquées

Les causes des contre-performances de Brazzaville et Pointe-Noire sont multiples. Ici, de façon non exhaustive, quelques-unes d’entre elles sont soulignées : la démotivation des enseignants, le manque de niveau des élèves… Les retards observés dans le processus de reclassement ou d’avancement, par échelon, poussent certains enseignants à chercher des compensations financières dans les écoles privées, les centres d’encadrement, les encadrements à domicile. Ce qui n’est pas mauvais. Seulement, les horaires pédagogiques requis sont sacrifiés notamment au niveau des établissements publics qui présentent le plus grand nombre de candidats avec le risque de bâcler les programmes.

Par ailleurs, la démotivation est évoquée par nombre d’enseignants. « Certains ont commencé leur carrière comme enseignants de collège. Ils retournent par la suite à l’Ecole normale supérieure pour passer enseignants de lycée. Une fois sur le terrain, à ce titre, ils continuent de percevoir pendant plusieurs années le salaire d’enseignant de collège », expliquent quelques pédagogues interrogés à ce sujet.

Le contraire dans l’arrière-pays

Dans les localités de l’hinterland, il n’y a pas d’écoles privées. Si les enseignants se permettent de mettre en place des centres d’encadrement dans certaines localités, ce sont les mêmes élèves des écoles publiques qui s’y retrouvent, précisement ceux des classes d’examens. Les cours sont ainsi mieux assimilés, les programmes achevés. Il est clair que plusieurs autres raisons peuvent expliquer cette réalité.

Dans la mise en œuvre de l’objectif de développement durable numéro 4 des Nations unies, les pouvoirs publics se battent pour réunir les conditions afin d'y parvenir. Il s’agit, en effet, d’« assurer une éducation inclusive et équitable de qualité et de promouvoir des possibilités d'apprentissage tout au long de la vie pour tous ». Sur le territoire national, la chance est donnée à toutes les couches sociales : bantous, autochtones et autres vulnérables de jouir du droit à l’éducation. Si ce sont les problèmes structurels ou fonctionnels qui maintiennent Brazzaville et Pointe-Noire au bas de l’échelle, en matière de résultats aux examens d’Etat, des solutions méritent d’être apportées.

Rominique Makaya

Légendes et crédits photo : 

Des élèves dans une salle de classe à Brazzaville

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