Lire ou relire : « Les Aquatiques » d'Osvalde Lewat

Vendredi 5 Novembre 2021 - 12:36

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Réalisatrice et photographe franco-camerounaise, Osvalde Lewat observe dans son ouvrage une élite où l’opportunisme fait office de valeur, où être accusé d’homosexuel représente un arrêt de mort social et où être soi-même n’est pas évident quand on est femme.

Dès les premières pages, le ton est donné : honneur, dignité, paix, telle est la devise du Zambuena, capitale d’un pays imaginaire. Osvalde se glisse dans la peau de femme du préfet de Zambuena. Avec son héroïne Katmé,  elle plonge dans les petits arrangements d’une élite qui ne pense qu’à elle-même, et l’indéfectible amitié qui la lie à un copain du lycée, Samy, un artiste.

Vingt ans après l’enterrement de la mère de l’héroïne Katmé, cette dernière doit faire déplacer la tombe et, son mari préfet de la capitale y voit une opportunité politique qu’il compte exploiter sans état d’âme. Un événement catalyseur pour la jeune femme bientôt suivie d’une autre où son meilleur, Samy, accusé d’homosexualité, est emprisonné.

Jusqu’ici endormi dans la confortable position sociale et matérielle de ‘’Maman préfet’’, Katmé entame une réflexion sur sa vie et pose un regard fard sur une société dominée par les faux–semblants, où hors du mariage point de salut pour une femme. En creux, c’est une radioscopie d’une Afrique centrale qui s’offre aux lecteurs, avec le décryptage fin, toute une nuance et tranche de vie d’un système de présidence à vie qui ankylose d’autres sociétés d’Afrique. « Je raconte l’histoire conventionnelle de certaines personnes, mais qui à un moment donné de leur existence, se trouvant face aux soubresauts de leur vie, qui sont forcées à déterminer leur chemin », explique l’auteure.  

En effet ‘’Les Aquatiques’’, c’est une population d’Afrique qui vit dans une région souvent inondée lors des saisons des pluies, qui finit tout le temps par surnager. Le titre est une métaphore de la vérité, de la différence. En Afrique, explique l’auteure, la femme choisit souvent la sécurité et, elle a toujours été fascinée par celles qui choisissent le mariage que le défi de la conquête de leur monde de liberté et l’envie de donner un coup de pied dans la fourmilière. Il ne s’agit pas pour l’auteure de porter un jugement pour toutes ces femmes qui, pour elle, n’ont peut-être pas les moyens de procéder autrement. Cependant, pense-t-elle, il faut toujours aller à la quête de soi-même. « Au fil d’années, j’ai imaginé des personnages qui se sont densifiés et se sont construits au fil de mes propres confrontations à la vie. J’ai grandi en Afrique, dans un milieu homophobe, alors j’ai eu l’idée de raconter une histoire d’amitié, mais aussi des vies qui seraient confrontées au réel et à homophobie, dans un pays imaginaire de continent. Pour ma part, j’ai eu la chance d’avoir une famille qui était là pour moi, des gens qui m’ont entourée même si tout n’était pas parfait et je considère avoir eu un environnement social plutôt protégé », a renchéri l’auteure.

En d’autres termes, ce livre est un roman d’amour, de loyauté, de liberté, de la quête de soi. L’auteure se sert de la littérature pour présenter des êtres qui se retrouvent ballotés par la vie du fait du contexte politique et social dans lequel ils vivent. C’est une réalité qu’on retrouve avec plus d’acuité dans certains pays d’Afrique centrale et aussi partout ailleurs.

Cissé Dimi

Légendes et crédits photo : 

La couverture de l'ouvrage

Notification: 

Non