Événement : le DRC-Africa business forum a vécu

Samedi 27 Novembre 2021 - 16:09

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La rencontre restera l’une des plus marquantes pour l’année 2021 tant pour la thématique développée que pour les enjeux économiques pour la République démocratique du Congo (RDC). Du 24 au 25 novembre, dans le cadre hautement politique du Palais du peuple, le pays a rappelé au monde qu’il reste un acteur majeur de la transition énergétique.  

Cobalt, lithium, manganèse et nickel sont les matières premières qui entrent dans la composition des voitures électriques. « Si la RDC fournit à elle seule toute la production mondiale, il nous faudra 100 ans pour épuiser nos réserves », a lancé le ministre de l’Industrie, Julien Paluku.

Ce premier chiffre montre combien ce projet fascine les autorités congolaises qui ont décidé, d’ailleurs, de tenir sur le sol national la première édition du DRC-Africa business forum. Pour produire 100 000 tonnes de précurseurs des batteries, il faut réunir en moyenne 16 000 tonnes de cobalt, 48 000 tonnes de nickel et 15 000 tonnes de manganèse. Avec les 2/3 de la réserve mondiale du cobalt enfouis sous son sol, représentant environ 25 millions de tonnes, le pays se réjouit des projections qui font passer la demande de ce minerai de 130 000 à 250 000 tonnes. Par ailleurs, la même tendance est signalée pour le lithium dont la RDC dispose actuellement de la plus grande réserve mondiale avec 400 millions de tonnes.

Au regard du potentiel disponible, le pays  veut se positionner comme un acteur phare de la transition énergétique qui fera exploser le marché des véhicules non polluants. Globalement, les chiffres font rêver : 145 millions de voitures électriques en 2025 et 250 millions de véhicules à l’horizon 2030. Autre chiffre interpellateur, le marché mondial des batteries électriques représente environ 8 000 milliards de dollars américains. Aussi ces assises inédites ont-elles permis de réunir à Kinshasa tous les intervenants du secteur de la production de batteries électriques et les financiers, dont la Banque mondiale et quelques grandes banques comme Afrexim Bank, Banque arabe de développement économique de l’Afrique et d’autres structures financières. Leur implication sera déterminante dans la mise en place de la chaîne de valeur dénommée « Chaîne de valeur régionale autour de l’industrie de marchés de batteries ». L’un des défis importants pour la RDC sera sans doute d’assurer la transformation des minerais sur place. Beaucoup d’analystes voient déjà ce pays en train de commercialiser des batteries « Made in RDC ».

Dans son intervention, le ministre congolais des Finances, Nicolas Kazadi, a fait le tour des retombées macro-économiques de l’industrie des batteries et véhicules électriques du pays. Selon une étude de Blomberg qui était au centre des échanges, « la combinaison du cobalt, du nickel et du manganèse pourrait donner lieu à un chiffre d’affaires d’environ 3,2 milliards de dollars américains pour un coût de production de 200,6 milliards de dollars américains ».

Quant aux effets d’entraînement du processus de transformation, ils devraient toucher plusieurs secteurs en amont et en aval pour contribuer à une hausse de 3 à 4% de l’économie congolaise. Avec une usine fonctionnelle, il serait possible d’atteindre un taux de croissance de 9,1% au lieu de 6% prévus l’année prochaine. Cette usine, a renchéri Nicolas Kazadi, aurait contribué à baisser la part de la croissance du produit intérieur brut qui viendrait du secteur minier pour faire monter davantage celle venant de l’industrie. L’option de la transformation est prise très au sérieux par les autorités congolaises. Grâce à cette usine, Kinshasa voit déjà proliférer des investissements dans d’autres secteurs tout aussi stratégiques dont l’agriculture et l’agro-industrie. « La RDC est réellement aujourd'hui sur la trajectoire de la transformation structurelle et de la transition énergétique en vue de créer un État fort », a martelé Nicols Kazadi.

Pendant les deux jours, les parties prenantes de haut niveau ont réfléchi sur les voies et moyens de développer la chaîne de valeur régionale autour de l’industrie des batteries électriques et un marché des véhicules électriques et des énergies propres. Il a fallu identifier les opportunités et faciliter les investissements pour augmenter la part de l’Afrique dans cette chaîne de valeur des batteries, des véhicules électriques et des énergies renouvelables. Les travaux ont connu la participation du président zambien, Hakain Hichilema, des délégués de plusieurs pays (Maroc, Gabon, etc.) ainsi que des organisations comme la Commission économique pour l’Afrique et la Banque africaine de développement, des firmes spécialisées comme Tesla, Bosh, Panasonic et tant d’autres.

Laurent Essolomwa

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