Interview. Aline Olga Lonzaniabeka : « La plume me permet de me ressourcer »Jeudi 9 Décembre 2021 - 18:53 Ecrivaine, militaire et mère de trois enfants, Aline Olga Lonzaniabeka nous parle de ses deux livres consacrés à la femme dans l’armée. Entretien.
Aline Olga Lonzaniabeka (A.O.L.) : Je suis Aline Olga Lonzaniabeka, colonel des Forces armées congolaises, mère de trois enfants. J’aime tout ce qui a trait à la culture générale. L.D.B.C. : A quand remonte votre passion de l’écriture et qu’est-ce qui l’a motivée ? A.O.L. : Depuis l’école primaire, je gribouille des mots dès que j’ai une feuille. Et au collège, j’avais un gros agenda dans lequel j’écrivais des histoires imaginaires, des poèmes aussi. Je ne peux dire la motivation que j’ai eue… Personnellement, j’écris parce que c’est quelque chose que j’aime faire : lire et écrire. Ce sont des loisirs, un moyen de m’évader, de me ressourcer. Je me sens vraiment dans mon élément lorsque je noircis des pages avec des mots. C’est un désir issu du plus profond de mon être. L.D.B.C. : Comment parvenez-vous à concilier votre vie professionnelle, familiale et la plume ? A.O.L. : Comme je vous l’ai dit auparavant, la plume me permet de me ressourcer. Je suis en manque lorsque je ne lis pas et lorsque je n’écris pas. C’est un intermédiaire reposant entre ma vie professionnelle et familiale. La conciliation entre ces trois activités est plutôt harmonieuse pour ce qui me concerne. J’arrive à équilibrer les choses sans un effort appuyé. L.D.B.C. : Votre premier livre sur la femme dans l’armée congolaise, quel en est le message de fond ? A.O.L. : Dans le premier ouvrage intitulé "La femme congolaise et la défense de la nation", j’évoque les femmes en général dans notre pays qui ont lutté pour se faire une place dans la société (dans l’URFC), des femmes qui ont laissé de grandes richesses de par leur implication comme Jeanne Viale, Tchimpa Vita, les jumelles Golengo qui ont été les premières parachutistes de notre pays et bien d’autres. Je parle du premier contingent des femmes à rejoindre les bancs de notre armée et surtout des préjugés, les mauvais jugements, les mauvaises interprétations autour de la femme qui a voué sa vie à cette corporation qui est l’armée. J’ôte le voile afin que le commun des mortels ne considère plus la femme soldat comme un être égaré mais plutôt comme une femme pleinement accomplie qui a fait son choix, le choix de servir son pays sous le drapeau, dans l’armée, un choix honorable. J’incite les lecteurs à découvrir le monde merveilleux qui est celui de la femme en treillis pour inciter les parents à donner des opportunités à leurs filles de nous rejoindre. A inciter les jeunes filles de ne pas hésiter ou avoir honte de ce métier qui donne beaucoup de potentialités tout en forgeant positivement nos personnalités. L.D.B.C. : Le nouvel ouvrage que vous venez de publier semble aborder le même thème, pouvez-vous nous en parler ? A.O.L. : Pour ce qui est du deuxième ouvrage qui vient de paraître, "L’intégration des femmes dans la dynamique des institutions militaires", j’aborde des cas de figures de plusieurs armées dans différents pays. En effet, lors de mes voyages dans ces pays, que ce soit pour les formations militaires ou simplement pour des conférences littéraires, j’ai pris le temps d’observer, de converser, de tâter du doigt certaines réalités concernant les carrières du personnel féminin dans les armées. Si dans certains pays d’Europe et d’Afrique, la femme soldat peut embrasser une carrière sans restriction et aller jusqu’à avoir le grade le plus haut de la hiérarchie militaire, dans d’autres pays cela semble être encore lointain. De par sa morphologie ainsi que son rôle de procréation, l’on considère la femme comme un être faible qui ne peut orienter sa carrière dans certaines sensibilités de l’armée. Elle est tournée vers des postes de second rôle. D’où la question sur la réelle intégration des femmes dans les armées. Elles ont atterri dans un métier typiquement masculin au départ et ont dû batailler pour se faire accepter en faisant leurs preuves. Je souhaite que la lecture de cet ouvrage incite la hiérarchie à suivre, de manière saine en se fondant sur les compétences et les rendements professionnels, les carrières des femmes soldats. A leur donner des opportunités de formations qui pourront les hisser dans l’échelle de la hiérarchie militaire. Propos recueillis par Aubin Banzouzi Légendes et crédits photo : Aline Olga Lonzaniabeka Notification:Non |