Sommet de Brest : la France et les Européens restent au Mali

Lundi 17 Janvier 2022 - 15:04

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La ville de Brest, en France, a abrité une réunion informelle des ministres  des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE). La France et les Européens, engagés militairement, dans la lutte contre le terrorisme au Mali, veulent rester « mais pas à n’importe quel prix », a déclaré le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian.

« Si nous sommes au Mali, nous y restons, mais pas dans n’importe quelles conditions », a souligné le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, alors que la tension est à son paroxysme entre la junte malienne et l’UE, dans le sillage de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cédéao). Cette dernière ayant pris des sanctions contre les nouveaux dirigeants maliens qui viennent d’ajourner les élections et la transition de plusieurs années. « Nous préparons des sanctions à l’encontre de ceux qui font obstruction » à la transition, a averti le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. La ministre française de la Défense, Florence Parly, a estimé qu'il était « urgent que la transition politique soit menée à son terme ». Ce sont les premiers conseils informels sous présidence française du Conseil de l’UE et ils ont lieu dans un climat de fortes tensions avec Moscou. 

Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense en 2013, n’a pas caché sa « déception » suite à l’évolution de la situation au Mali. « Nous avons combattu pour la liberté des Maliens. Et nous sommes toujours là, pour combattre le terrorisme et ceux qui veulent porter atteinte à cette liberté », a-t-il rappelé. Sans les soldats français, « ce pays serait devenu un État islamique, comme cela a été le projet de Daech à Rakka [Syrie]. Cette intervention a permis d’éviter cela et [également] de mettre en œuvre un processus démocratique », a-t-il poursuivi. Dès 2013, il y a eu ainsi « des élections présidentielle et législatives qui se sont retrouvées après ». Et d’ajouter : « Ce qui ne s’est pas passé après, c’est la mise en œuvre des accords d’Alger. Ce qui manque, c’est la volonté de les mettre en œuvre ». Puis il a salué la prise de position de la Cédéao « courageuse, qui fait référence à l’histoire et la propre sécurité des pays d’Afrique de l’ouest ». Une position soutenue à « l’unanimité » par tous les pays européens. Les vingt-sept restent dans la droite ligne des décisions prises par la Cédéao, envers le Mali, mais veulent poursuivre pour l’instant l’engagement militaire européen dans ce pays et dans le reste du Sahel.

Les ministres européens de la Défense maintiennent  que les missions militaires européennes de formation et de conseil aux forces armées et de sécurité maliennes doivent continuer.

Joseph Borell pense que le déploiement du groupe privé russe, Wagner, va renforcer les difficultés.  Mais à terme, ce déploiement risque de mettre fin à l’engagement des forces spéciales européennes. Pour Florence Parly, les autorités maliennes doivent améliorer la gouvernance et mettre une échéance à la transition : « Cette junte est arrivée après deux coups d’État. Ce sont les autorités qui sont dans une logique de fuite en avant, pour finalement quoi ? Se maintenir au pouvoir à tout prix. Et cette situation n’est pas acceptable. Il est urgent que la transition politique soit menée à son terme et pas un terme qui soit fixé dans cinq ans », a-t-elle fait savoir.

Le Premier ministre malien, Choguel Maïga, a annoncé un dépôt de plainte dans les prochains jours contre la Cédéao pour ses mesures économiques « illégales ». Les organisations internationales, régionales et africaines seront saisies de la plainte. Des centaines de milliers de Maliens sont descendus en masse dans la rue le 14 janvier, après l'appel des autorités de transition à manifester contre les sanctions imposées par la Cédéao (embargo commercial, fermeture des frontières, interruption de l’aide financière, gel des avoirs…), avec le soutien de la France, les Etats-Unis et l’UE, en raison du retard des élections. La junte malienne a proposé de rester au pouvoir jusqu’à cinq ans avant d’organiser des élections.

La Russie et la Chine ont bloqué, le 11 janvier, l’adoption d’un texte du Conseil de sécurité des Nations unies proposé par la France, soutenant les sanctions décidées par la Cédéao contre la junte. Ce texte visait à obtenir une position unie du Conseil à l’égard des militaires à la tête du Mali qui ne prévoient plus d’élections le 27 février, comme ils s’y étaient initialement engagés.

Noël Ndong

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