Petit commerce et commerce de détail : une réforme difficile à mettre en œuvre

Mercredi 9 Février 2022 - 12:15

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Le 7 février, le gouvernement a lancé un atelier sur le petit commerce et le commerce de détail. Il s’agit de réfléchir sur les moyens d’actualiser les textes légaux et réglementaires. A terme, l’objectif global est d’assurer la promotion d’une véritable classe moyenne en République démocratique du Congo (RDC).

Depuis plusieurs décennies, le petit commerce et le commerce de détail ont constitué une épine dans le pied des gouvernements successifs. En effet, il y a eu une forte pression pour l’application stricte de la loi réservant cet exercice aux seuls nationaux. Sur ce point, il faut indiquer que les différents textes légaux et réglementaires pour régir le secteur restent au point mort. En lançant l’atelier, le ministre de l’Economie nationale, Jean-Marie Kalumba Yuma, espère un débat constructif sur cette problématique ainsi que les perspectives.

L’ordre du jour des travaux reprend des thèmes fondamentaux : état des lieux critique des textes et règlements en vigueur, compréhension unanime des concepts et questions relatifs à l’exercice du petit commerce et commerce de détail en RDC, évaluation des conséquences socio-économiques de la mise en œuvre des mesures conservatoires contenues dans le décret 11-37 du 11-10-2011.

Toutefois, l’enjeu dépasse le cadre même du petit commerce. En effet, l’effort de création d’une classe moyenne n’avance pas non plus. Malgré un potentiel entrepreneurial bien réel, le constat reste amer. En trois ans, soit entre 2013 et 2016, la RDC a enregistré une moyenne de création de 7 000 entreprises. Par contre, rien qu’en une année, un pays comme le Nigeria a enregistré plus de 70 000 nouvelles entreprises.

A ce jour, la RDC ne compte que quelque 10 000 petites et moyennes entreprises évoluant en majorité dans le négoce et le commerce général, un secteur à faible valeur ajoutée. Leur nombre aurait même baissé à 8 000 avec la covid-19, la lourdeur fiscale et le manque d’appui institutionnel. Pour le reste, le pays aligne de très faibles investissements des nationaux dans l’industrie légère (4 %) et l’agriculture (2 %).  

Le travail d’évaluation apparaît comme une étape cruciale avant de lever de nouvelles options. De nombreux experts identifient des problèmes de plusieurs ordres : fiscalité, accès au marché, accompagnement financier, etc. En outre, le pays dispose des documents de base issus des études profondes visant à développer l’entrepreneuriat. Si l’absence d’application des textes contribue à rendre l‘enjeu plus complexe, le plus grand challenge sera d’arriver à accompagner les Congolais dans la création des entreprises. Il y a bien une vocation entrepreneuriale à susciter et la seule sensibilisation sur cette question ne sera d’aucun apport au regard des défis à relever.

Laurent Essolomwa

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