Interview : Antoinette Kiebi : « Il faut une volonté politique pour mettre en œuvre la parité au Congo »

Jeudi 24 Mars 2022 - 19:15

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La représentativité des femmes aux postes de prise de décision au Congo pose encore problème. L’affirmation du leadership féminin passe par un engagement tous azimuts. Le vote de la loi Mouebara par les deux chambres du Parlement contre les violentes faites aux femmes marque une avancée significative dans la protection des femmes. Nous avons rencontré Antoinette Kiebi, sécrétaire exécutive du Conseil consultatif de la femme pour en parler. Entretien.

 

 

Les Dépêches du Bassin du Congo (LDBC) : La femme congolaise continue de revendiquer son accession aux postes administratifs, électifs, etc; s'appuyant sur la parité. Qu'est-ce qu'il en est au juste ?

Antoinette Kiebi (A.K) : Plus de six ans après la promulgation de la Constitution, il n’y’a toujours de loi pour appliquer ce principe constitutionnel. La parité pose problème au Congo pour deux raisons principales. La première, c’est que les Congolais ne sont pas encore prêts à accepter la femme pourtravailler de façon équitable au développement de ce pays. La second raison, qui est d’ailleurs la plus importante, c’est l’absence de loi.  

LDBC: Malgré la constitutionnalisation de ce principe de parité,  pourquoi cette sous représentativité des femmes ?

A.K : Sur le plan politique, il y a peu de femmes qui s’y engagent.  Mais sur le plan administratif, on peut avoir plus de femmes représentées à diverses fonctions de prise de décision. La loi électorale 2016 indique à son article 167 la représentativité des femmes à 30% pour les élections législatives et locales.

LDBC: Le manque d’engagement constitue aussi un blocage.

A.K : Le manque d’engament est l’un des facteurs de blocage. Il y a aussi le manque d’accompagnement aussi bien politique que familial, et même au niveau des pouvoirs publics. Une femme a besoin d’être formée et boostée. 

LDBC:  Y a-t-il des pesanteurs culturelles qui empêchent la femme de s’affirmer ?

A.K : Je crois que ces pesanteurs sont quand même dépassés. Nous avons l’exemple de nos mamans qui se sont opposées à la pénétration des colons dans notre pays. Nous avons aussi l’exemple de la reine Ngalefourou qui joue un rôle majeur dans l’intronisation des rois et dans la préservation des valeurs de la culture téké.

LDBC: Qu’est ce qui manque finalement à la Congolaise pour qu’elle joue pleinement son rôle dans le développement de notre pays ?

A.K : Je crois qu’il ne lui manque pas quelque chose de particulier. Je suis convaincue que si on veut que la femme travaille sur un même pied d’égalité que l'homme, on doit commencer à appliquer la discrimination positive. A l’Organisation des Nations unies, on parle de 33% et au niveau de l’Union africaine, on parle de 30%.

LDBC: Le vote de la loi Mouebara contre les violences faites aux femmes est-il une avancée ?

A.K : Effectivement, la loi pour contrer les violences faites aux femmes est d’une avancée indéniable. Car la loi, c’est déjà cet outil qui va permettre aux femmes de mieux se défendre lorsqu’elles sont victimes de violences fondées sur le genre.

LDBC: Quelles sont les actions menées par le Conseil consultatif de la femme sur les questions de parité ?

A.K : Concrètement, nous n’avons pas encore la loi. Mais en tant qu’organe consultatif, nous avons mission de faire des suggestions.

Propos recueillis par Sarah Monguia

Légendes et crédits photo : 

Photo: Antoinette Kiebi

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