Média : Princilia Pérès, le goût de la vie et des lettres

Jeudi 5 Mai 2022 - 18:39

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« Je ne mourrai pas, je vivrai pour raconter ce que l’Eternel a fait pour moi ». Citant ce passage biblique dont elle aura fait son leitmotiv  tout au long de  sa jeunesse, Princilia, atteinte d’une étrange maladie génétique, aura forgé son tempérament  de femme battante au cours de sa vie drépanocytaire.  

Pour saisir son histoire, il faudrait avant tout se plonger dans une encyclopédie médicale, comprendre que la drépanocytose, répandue à 80% en Afrique subsaharienne, est potentiellement mortelle, refermer l’encyclopédie, ouvrir un premier livre de Princilia Pérès:  « De l’ombre à la lumière », paru aux Editions L’Harmattan  où elle témoigne de son parcours drépanocytaire, et ouvrir encore son second livre : « Aurores », paru à compte d’auteur sur Amazon, où elle partage son expérience de mort imminente.  Car partout où elle peut, habitée par le goût de l’écriture, Princilia aime à tremper sa plume, comme celle que l’on aperçoit dans les colonnes des Dépêches de Brazzaville, une « seconde famille », dit-elle.

Pour mieux comprendre encore l’histoire de celle qui aura créé la Fondation Raphaël, du nom de l’ange de la guérison, pour lutter contre cette maladie, il faut rembobiner le film vingt ans en arrière, au bas de l’immeuble vétuste qui avoisine OCH à Brazzaville où Princilia joue au football avec ses camarades de quartier tout en rêvant d’être hôtesse de l’air. L’atterrissage sera brutal.  Forcément, Pricilia se souvient : « On me faisait prendre beaucoup de médicaments  en me parlant de vitamines. L’enfance est insouciante mais je devinais inconsciemment que quelque chose n’allait pas. Malgré tout, j’ai gardé ma joie de vivre jusqu’au collège,  ensuite… ».

Ensuite ? Au collège comme au lycée, c’est une forme de cruauté en milieu scolaire. Princilia n’est pas une enfant comme les autres, exclue socialement, inapte à l’éducation physique et sportive, en résumé une sorte de paria,  contrainte de  subir moqueries, humiliations, harcèlement.  Ce n’est guère mieux à la maison. «  Mes parents n’ont pas agi pour faire en sorte de me délivrer de ce que je pouvais subir chaque jour. Pire, l’ambiance à la maison était délétère. Mon père allait de femme en femme  et ma mère déversait sur moi ses colères. Au fil du temps, je suis devenue une jeune femme brisée, introvertie, insécure, vulnérable et en proie à des crises de panique », avoue Princilia.

Parce que sa mère l’encourage à faire médecine et « parce que tu pourras te soigner toi même », lui dit-elle, Princilia fait médecine, fait de son mieux et fait pour finir un Burn Out en 4e année ! Six mois d’hospitalisation ! «  J’ai validé ma 4e année de médecine péniblement  avec l’aide de quelques amis et de cours photocopiés.. Ma santé a influé négativement sur mes études qui me mettaient sous pression. En l’absence de diplôme, j’ai vu mon avenir s’assombrir. J’ai pris une année sabbatique puis deux et trois avant de m’affranchir de mes parents et mener ma vie selon mes envies. Le pire est derrière moi et je suis aujourd’hui, à 30 ans, une femme épanouie, bien dans ma peau », conclut Princilia Pérès. Avec un état de santé désormais stabilisé depuis plusieurs années, elle voit son avenir rayonnant et tourné vers la communication. Là est son plaisir, sa passion et c’est chill, tient-elle à préciser ! 

Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

Princilia Pérès

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