Portrait : Kris Pannecoucke, un autre regard sur l'Afrique

Lundi 23 Mai 2022 - 11:10

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Né sur les berges du fleuve Congo, Kris Pannecoucke, d'origine belge, est un photographe et vidéaste qui est parvenu à saisir l'âme du grand Congo au travers de son objectif. Portrait de l'invité spécial du festival Kokutan'Art qui se tient du 27 mai au 1er juin, à l'Institut français du Congo de Brazzaville. 

Léonard De Vinci, peintre et savant italien, a déclaré que « Celui qui aime va à la chose aimée comme les sens vont à la chose sensible ». Sensibilité est le mot qui reste à l'esprit quand on rencontre Kris Pannecoucke et quand on découvre son art. Tout comme l'on peut aussi dire qu' « une image vaut mieux que mille mots », un adage qui trouve ici tout son sens tant Kris arrive à traduire l'indicible au travers de ses clichés. L'on ne saurait déterminer si c'est Kris qui a choisi la photographie ou si c'est la photographie qui l'a choisi. En effet, bon gré mal gré des études supérieures en communication et photographie, Kris avoue qu'il n'en retirera pas grand-chose, se considérant plus autodidacte que le produit d'une formation formelle.

Son premier contact avec la photographie se déroule à l'âge de 9 ans lorsque son père lui met un appareil photo entre les mains, et même si le déclic ne se produit pas à ce moment-là, le cheminement, lui, se fait doucement vers une véritable évidence. Passionné de voyage, Kris qui a rejoint la Belgique avec ses parents souhaite retrouver son Congo natal et les berges de ce fleuve qui a marqué les premières années de sa vie. Au fil de ses navettes entre les deux continents, l'Europe et l'Afrique, Kris photographie la République démocratique du Congo (RDC), notamment le fleuve Congo, en ses fils et dans ses scènes de vie courante qu'il arrive à capter dans toute leur authenticité.

Lorsqu'on lui demande comment parvient-il à s'immerger complètement dans ces scènes pour les photographier avec tant de vérité, de fidélité, de justesse, il répond  qu’« il faut parvenir à se rendre invisible ». Parvenir à se rendre invisible avec une différence de peau qui ne passe pas inaperçue laisse interrogateur. Pour se rendre invisible, Kris use de patience, de beaucoup de patience, d'énormément de patience pour tisser des liens de cœur, des liens de l'âme. Une fois qu'il n'est plus considéré comme un " étranger ", sa présence passe pour naturelle et les clichés en trouvent toute leur teneur.

Ce travail qui s'étale sur le temps et qui n'est pas réductible à un simple travail technique mais qui trouve sa valeur ajoutée, sa valeur prisée, dans le contact humain, a valu à Kris d'être sollicité pour des collaborations avec les plus grands magazines de découverte tels que "National Geographic Magazine", "l'Obs" ou "Arte". En tant qu'observateur privilégié de l'intime congolais, Kris ne souhaitait pas dépeindre ce pays-continent comme une terre de misère bien qu'on ne puisse pas ignorer cette douloureuse réalité. Il voit au travers de ses voyages en Afrique en général et en RDC en particulier un continent et un pays qui débordent de créativité et qui sont animés de débrouillardise.

Dans son livre photo intitulé « Fleuve Congo River » publié à Picha Éditions, en 2017, l'on voit ce contraste entre dureté de la vie et créativité, beauté et expressivité. Invité spécial du festival Kokutan’Art, Kris Pannecoucke, dont l'art a le mérite d'être engagé, espère contribuer à son échelle et à sa manière à une prise de conscience des problématiques auxquelles des millions d'individus sont confrontés chaque jour dans leur quotidien mais aussi rappeler à chacun la beauté et la simplicité de la vie, quand on se laisse porter par son mouvement.

Princilia Pérès

Légendes et crédits photo : 

Kris Pannecoucke, artiste photographe/DR

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