Voir ou revoir : « Je suis toutes les filles » de Donovan Marsh

Jeudi 19 Mai 2022 - 19:15

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Film puissant inspiré de faits réels, « Je suis toutes les filles » aborde la réalité du viol, de séquestration et du trafic des enfants sur fond d’enquête policière et de dénonciation des violences faites aux femmes et de leurs conséquences d’un point de vue psychologique.

Production Netflix, le film « Je suis toutes les filles » est sorti en 2021 et dure environ 1h 47 min. Le récit se déroule à Johannesburg, en Afrique du Sud. Jodie Snyman, une détective, enquête sur une série de meurtres impliquant des hommes riches et influents du gouvernement. Durant son investigation, elle découvre alors qu’un tueur en série venge des jeunes filles séquestrées et violées en éliminant, un par un, les hommes qui ont participé aux enlèvements, aux meurtres et aux trafics de ces victimes. Toute l’ossature du film s’articule autour du périple de Jodie Snyman, déterminée à faire tomber ce réseau de pédophiles impliquant de grandes personnalités de l’Etat sud-africain.

Ce film, c’est en quelque sorte le combat de deux femmes avec le même objectif, mais pas avec les mêmes méthodes, à savoir Jodie et la tueuse en série. Ce thriller policier se rapproche beaucoup de l’histoire de Gert van Rooyen, un pédophile et tueur en série sud-africain, qui avait enlevé deux filles âgées de 10 et 13 ans en 1979, et qui les a ensuite agressées sexuellement. Condamné à quatre ans d’emprisonnement et libéré après n'avoir purgé que les trois quarts de sa peine, l'homme réitérera à partir de 1988 et fera six victimes au moins, dont les corps n'ont jamais été retrouvés.

Si le sujet de la traite des femmes et notamment des mineures, que ce soit pour de la pédocriminalité ou de l’esclavage comme ici, voire pour le trafic d’organes ou la servitude sexuelle, est un sujet tabou et rare, « Je suis toutes les filles » délie les langues et ouvre le débat sur cette réalité crue dont les conséquences s’avèrent désastreuses tant sur le plan physique que sur le plan psychologique. Avec habileté et intelligence, il se situe à la frontière entre le polar classique et le revenge movie.

Avec une mise en scène et une réalisation haletante mêlant des plans larges de toute beauté, ce long-métrage traite avec beaucoup de justesse le rapport contexte politique et fait social robuste. Cependant, on lui reproche de dévoiler trop vite l’identité du tueur. Ce qui enlève un peu de mystère à « Je suis toutes les filles » car dans la suite du film, la trame apparaît évidente et linéaire. Des personnages un peu plus imposants, notamment l’actrice principale, et des détails plus profonds sur la traite humaine dont sont victimes encore certaines personnes en plein XXIe siècle auraient contribué à rehausser davantage l’éclat de ce film.

Néanmoins, en dépit de quelques fausses notes, « Je suis toutes les filles » demeure plaisant à regarder, notamment grâce à sa touche d’action, de tension, du sujet fort qu’il aborde et de l’émotion qu’il véhicule.

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

L’affiche du film/DR

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