Société : un sang d’encre à l’école !Jeudi 26 Mai 2022 - 17:39 Pour les médecins du XVIIe siècle, l’humeur avait un lien avec le sang. Le mauvais sang, noir comme l’encre, traduisait pour eux un sentiment d’inquiétude et d’angoisse. Il en est devenu une expression, « Se faire un sang d’encre », qui colle à la peau des jeunes filles congolaises à l’école dès lors qu’apparaissent leurs règles auxquelles s’ajoute un sentiment de honte.
Si chaque jour 300 millions de femmes ont leurs règles, le sujet est, en effet, toujours et encore tabou alors qu’il est un enjeu majeur d’éducation et de santé publique. La République du Congo, où la serviette hygiénique est appelée plus communément « Garniture », n’échappe d’ailleurs pas à la « règle » ! Le sujet est à éviter, tourne le dos au bien-être, à l’hygiène et à la santé, alors on se débrouille. Comme en Inde, Dave Tendresse s’est vue contrainte, à son jeune âge, de se fabriquer d’elle même ses protections en découpant des morceaux de tissus. « C’est vrai, c’était une petite serviette jaune que j’adorais. Et puis, je ne m’habillais plus en blanc lorsque j’avais mes règles, car je tachais systématiquement mes vêtements et que c’était plus visible. Moi, je vivais dans un milieu confortable mais je manquais simplement d’information, alors imaginez ce que peuvent vivre d’autres jeunes femmes en situation de précarité », a-t-elle signifié. Les menstruations sont dans de nombreux pays synonymes d’exclusion, considérées comme « sales » et, pire encore, comme le précise l’Unicef, comme une maladie par 48% des jeunes filles en Iran. En Afrique, selon l‘Unesco, une jeune femme sur dix ne va pas à l’école au moment de ses règles, entraînant par la même un véritable décrochage scolaire. On saluera bien évidemment l’initiative de Girls Talk 242 pour cette collecte de serviettes hygiéniques dont l’achat d’un simple paquet, même au plus bas prix de 750 F CFA, est ressenti comme un luxe en milieu scolaire et dans les familles précarisées, manquant d’informations ou cultivant ce tabou en dépit du bon sens. Faut-il rappeler que l’apparition des règles à la puberté, phénomène on ne peut plus naturel, est le simple signal pour dire que le système reproducteur est arrivé à maturité ? Pas de quoi s’en faire un sang d’encre !
Philippe Edouard Légendes et crédits photo :Briser le tabou des règles à l’école Notification:Non |