Mali : vers un renouvellement conditionné du mandat de la Minusma

Mercredi 15 Juin 2022 - 11:45

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Le mandat de la Mission onusienne de maintien de la paix au Mali (Minusma) expire le 30 juin. La question de son renouvellement fera l’objet de vote le 29 juin, au Conseil de sécurité.

Présente au Mali depuis 2013, la Minusma compte 15 000 Casques bleus. Mais les relations avec Bamako se sont dégradées ces derniers mois.  La Minusma souhaite le renouvellement de son mandat,  inquiète de la restriction de son champ d’action, le Mali ayant imposé une  vaste zone d’exclusion aérienne dans le centre du pays. Les exigences pour obtenir des autorisations de vol sont de plus en plus pénalisantes, plusieurs contingents ouest-africains de Casques bleus se sont parfois retrouvés bloqués au Mali, en fin de mission, alors qu’ils devaient rentrer chez eux, selon la Minusma. La mission onusienne se plaint aussi de se voir refuser l’accès à certaines parcelles du territoire, citant le cas le plus emblématique du village de Moura. La mission indique avoir aussi enregistré de nombreux témoignages de massacres de civils accusant l’armée malienne et les forces de sécurité privée de Wagner. La Minusma indique avoir ouvert une enquête, mais n’a jamais été autorisée à se rendre sur place.  Son travail serait mal perçu par les autorités de transition. Un rapport publié fin mai a suscité la colère du Mali, pointant « l’explosion des exactions de l’armée : 249 personnes tuées entre janvier et mars dernier », par les Forces armées maliennes (Fama) et leurs alliés russes.  

Il s’agirait d’un énième renouvellement du mandat de la Minusma. Bamako a catégoriquement démenti toute allégation d’exaction, et dénoncé une volonté de ternir l’image des forces nationales. A l’occasion de l’examen par le Conseil de sécurité du rapport du secrétaire général de l’ONU sur la situation au Mali, le 13 juin, le chef de la diplomatie, Abdoulaye Diop, s’est opposé à l’intervention des forces françaises sur le sol malien. Il est « surpris que le rapport relève que les mouvements signataires ont dénoncé l’enrôlement de 2000 nouveaux éléments devant être déployés dans les régions du nord dans le cadre du recrutement spécial » et déploré l’absence de « plainte d’un quelconque groupe dans ce sens ». Il a souligné que « ce recrutement ne saurait interférer avec le processus de désarmement, démobilisation et réintégration/réinsertion de l’Accord  ». Abdoulaye Diop ajoute que  la mise en œuvre de l’accord a connu des avancées notoires, notamment sur les plans politique, sécuritaire, du développement, de la justice et de la réconciliation. Sur la plan sécuritaire, il a insisté sur la montée en puissance des Fama et des résultats probants enregistrés sur le terrain, notamment la neutralisation d’importants membres de Katibats terroristes, la récupération des matériels, la libération des localités du joug des terroristes, la destruction des sanctuaires terroristes et le retour de la population déplacée.

Le renouvellement du mandat de la Minusma

Concernant le renouvellement du mandat de la Minusma, le Mali a fait des observations. Pour Abdoulaye Diop, il est « essentiel que le mandat soit centré sur la protection de la population civile et l’appui au rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble de son territoire », et indispensable de mieux définir et articuler la notion de protection des civils dans un contexte de guerre asymétrique. Aussi recommande-t-il de clarifier contre qui on veut protéger la population. « Dans ce contexte, le mandat de la Minusma doit obligatoirement prendre en compte la montée en puissance des forces de défense et de sécurité du Mali, qui sont désormais en première ligne face aux groupes terroristes ».

Durant ce nouveau mandat de la Minusma, le Mali pose des conditions : l’interdiction de l’intervention  sur son territoire de la force française Barkhane « après la décision unilatérale de retrait de ladite force et la dénonciation par le Mali des Accords de défense avec la France. Nous en appelons au respect de la souveraineté du Mali et des décisions prises par les autorités maliennes à cet égard » ; la nécessité d’une meilleure coordination des actions de la Minusma avec l’Etat malien de manière à assurer une pleine efficacité dans l’accomplissement de son futur mandat.

Abdoulaye Diop a démenti les restrictions sur la Minusma, mais rappelant la souveraineté de l’Etat malien  et son double objectif : protéger les forces maliennes engagées dans une nouvelle posture dynamique et offensive pour reprendre l’initiative et réduire la capacité de nuisance des groupes terroristes sur la population malienne ; et maîtriser les risques pour le trafic aérien. Par ailleurs, Abdoulaye Diop a attiré l’attention du Conseil de sécurité sur les risques de politisation et d’instrumentalisation des droits de l’Homme aux fins « d’agendas cachés », rejetant les allégations de violations des droits de l’Homme au Mali, « ayant pour objectif de ternir l’image des Forces armées maliennes et de les discréditer vis-à-vis de la population et de la communauté internationale ».

Noël Ndong

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