Finance internationale : l'économie unipolaire bouleversée par l'alliance financière sino-russe

Jeudi 11 Août 2022 - 14:00

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À la mi-juin, lors d’une réunion des BRICS (Brésil, Russie, Chine, Inde et Afrique du Sud), le président russe, Vladimir Poutine, annonçait que la Russie, la Chine et les autres pays de la communauté avaient l’intention d’introduire une nouvelle monnaie de réserve mondiale qui devrait fonctionner sur le principe d’un panier de monnaies des pays mentionnés.

Or, tous ces pays sont des producteurs d’or. Cette monnaie devrait également être un concurrent direct du dollar américain. Depuis 2014, la Russie et la Chine s’investissent à réduire la part du dollar dans leurs réserves monétaires et pour le remplacer par des lingots d’or. Cette politique monétaire est dirigée contre le dollar américain, dont la domination dans l’économie mondiale n’a cessé de diminuer dans les vingt dernières années, face à l’euro, au yuan ou au rouble. La Russie et la Chine, alliés politiques, énergétiques et économiques, veulent en effet s’affranchir des Etats-Unis sur la scène internationale. La création d’une nouvelle monnaie de réserve permettra aux BRICS de créer leur propre sphère d’influence et leur propre unité monétaire dans ce domaine et les sanctions imposées par l’Union européenne suite à la guerre en Ukraine, n’a fait que renforcer le président russe dans sa détermination à changer l’échiquier des devises en matière de transactions internationales et commerce des matières premières. Il souhaite donc faire de cette nouvelle monnaie un concurrent du dollar américain.

La Russie a pris d’autres mesures, pour renforcer l’alliance entre les nations BRICS, notamment le commerce vers la Chine et l’Inde.  Le président russe déclarait récemment : « Nous allons réorienter nos liens commerciaux et  nos contacts économiques étrangers vers des partenaires internationaux fiables, principalement les BRICS ». Les échanges commerciaux entre la Russie et les pays des BRICS ont augmenté de 38% et ont atteint 45 milliards de dollars au  cours du premier trimestre de  l'année en cours. Parallèlement, les ventes de brut russe à la Chine ont atteint des chiffres records au printemps, devançant l’Arabie saoudite comme premier fournisseur de pétrole de la Chine. En juin, Vladimir Poutine accusait l’Occident d’ignorer « les principes fondamentaux de l’économie de marché comme le libre-échange. Cela nuit aux intérêts commerciaux à l’échelle mondiale, affectant négativement le bien-être des gens, en fait, de tous les pays », avait-il souligné.

Du côté des Etats-Unis, la dette est abyssale, le cours du dollar est récemment tombé sous la barre de 1€, la croissance atteindrait 2,3% (en deçà des prévisions du FMI d’avril 2022, et les marchés financiers américains craignent une récession. S’ajoutent les tensions autour de Taïwan qui laissent présager que la confrontation sino-américaine sur cette question risque de se durcir au fil des semaines. Le sommet de G20 qui sera organisé en Indonésie en novembre prochain, auquel la Russie doit participer, sera une étape cruciale, une occasion de lancer des  pourparlers de paix  et atténuer les tensions internationales. Mais on peut en douter, car les pays qui jouent traditionnellement ce rôle, la Suisse, la Finlande ou la Suède sont sortis de leur neutralité, les deux derniers pensent même à adhérer à l’Otan. Israël et la Turquie, eu égard à leurs relations économiques avec la Russie et l’Ukraine ont essayé, sans succès.

Noël Ndong

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