Souvenir : Il y a 142 ans naissait Brazzaville sur le site de MfaaJeudi 6 Octobre 2022 - 14:32 A l’occasion de la célébration des 142 abs de la fondation de la ville de Brazzaville, l’historien et écrivain Hopiel Ebiatsa a fait un plaidoyer dans lequel il demande la restitution de l’histoire réelle.
De Brazza, dit l’historien-écrivain, ne s’attardera donc pas. Il quitte Mbé le même jour. Trois semaines plus tard, après avoir marché dans la savane, navigué sur la Léfini, il atteint le fleuve Congo et voit finalement apparaître sa mer intérieure. Le 1er octobre, il arrive à l’embouchure de la Ntsiémé. Le 3 octobre, il explore la rive jusqu’à la rivière Djoué. Sur ce trajet, les villages et les hameaux en grand nombre grouillent d’une vie intense. Parmi ceux-ci, il y a Mfaa qui abrite le marché le plus important de la rive droite qui réunit au troisième jour de la quatraine téké, « Okila », les femmes et les hommes venus de tous les coins par l’eau et par les pistes de terre pour échanger. Ils sont pêcheurs, chasseurs, cultivateurs, artisans, courtiers... Ce même jour, voilà De Brazza de retour au village Mfaa qui accueille la cérémonie solennelle au cours de laquelle il retrouve les divers chefs représentants de « Makoko » de part et d’autre du lac pour prendre possession du site où il fonde cette deuxième station. Il la nommera Ncouna, plutôt Kouna, pour indiquer localement une direction en la pointant du doigt. Les Kongos renseignaient ainsi les Portugais sur l’existence du royaume d’« Anzico ». C’est, disaient-ils, Ntama Kouna soit, loin là-bas. (Réf. Ebiatsa Hopiel, Pouvoir royal téké et présence européenne-fin XVe-fin XIXe siècle, Paris, Edilivre, 2010).
Et Mfaa devient Brazzaville En 1881, Ncouna devenait Brazzaville. Reste que, 142 ans après, les Tékés n’ont pas oublié. Partis de l’intérieur de leurs plateaux pour rejoindre cette ville devenue la capitale du pays, ils ont toujours dit, disent, diront encore et toujours, qu’ils vont à Mfaa. Leurs enfants et leurs parents qui l’habitent ne sont pas Brazzavillois comme se désignent toutes ces personnes venues des autres coins du pays. Eux, les Tékés, sont à Mfaa, non pas seulement les habitants mais surtout les propriétaires des terres sur lesquelles naquit et depuis prospère Brazzaville. Comment venir expliquer cette envie de Mfaa exprimée avec autant de vigueur, autant d’insistance voire autant d’arrogance ? s’interroge-t-il.
Sur ce point, le débat est, en effet, depuis ouvert, précise Hopiel Ebiatsa. Deux camps s’affrontent de manière très tranchée. D’un côté, il y a les thuriféraires de la débaptisation dont la plupart, refusant on ne sait pourquoi de parler de Mfaa, ne se sont jamais accordés sur le nouveau nom à donner à leur ville. De l’autre, il y a ceux qui, au nom d’une histoire qu’il faut regarder dans les yeux, écartent d’un revers de la main l’idée de changer de nom à cette ville chargée d’histoire. « On ne le dira jamais assez : capitale du Moyen-Congo et de l’Afrique équatoriale, elle deviendra plus tard capitale de la France libre d’où allait partir la résistance africaine qui libéra la France de l’occupation nazie. En 1944, elle abritera la célèbre Conférence de Brazzaville qui ouvrait la voie aux indépendances des colonies françaises d’Afrique noire. En 1960, elle devenait la capitale du Congo indépendant, secoué trois ans plus tard par une révolution socialiste dont elle sera considérée à juste raison comme le berceau. Ce débat qui ressurgit de temps en temps en certaines occasions peut et doit désormais être définitivement clos. Pourvu que les décideurs se donnent le courage et les moyens de l’action », indique l’historien et écrivain, Hopiel Ebiatsa. Affaire à suivre. Bruno Okokana Légendes et crédits photo :1et 2 - Les premières cases de Ncouna / DR
3 : L'hôtel de ville de Brazzaville / DR
Notification:Non |