Tunisie : un gap financier important du budget de l'Etat 2023 à combler

André Parent a souligné que la situation en Tunisie, pays lié par un accord d’association à l’Union européenne (UE), risque d’être « extrêmement compliquée », à défaut de conclure un accord avec le FMI. Le diplomate a indiqué: « Cela va faire des mois que nous disons aux autorités tunisiennes que nous sommes à leur disposition pour couvrir le besoin de financement résiduel au titre de 2023 et 2024. Le budget de l’Etat tunisien de 2023 fait apparaître un gap financier estimé entre 1,5 et 1,8 milliard de dollars qu’il faut combler ». Poursuivant : « Le FMI compte mobiliser 1,9 milliard de dollars sur quatre ans, ce qui veut dire que la première tranche devant être décaissée s’élèverait à environ à 500 millions de dollars. Nous sommes donc loin du montant nécessaire pour combler le gap financier ». Il a ajouté que Paris qui dispose d’une enveloppe de 250 millions d’euros en attente de décaissement, est prête à  apporter un appui additionnel tout en mobilisant la communauté des bailleurs de fonds internationaux pour couvrir ce besoin résiduel.

Toutefois, il a insisté sur l’honorabilité préalable des autorités tunisiennes à leurs engagements vis-à-vis du FMI, parmi lesquels figurent la promulgation de la loi relative à la gouvernance des entreprises publiques et la levée progressive des subventions sur les carburants. Le diplomate français a, par ailleurs, évoqué l’état des lieux des investissements des sociétés de son pays en Tunisie, qui est secouée par une crise multidimensionnelle depuis plusieurs mois, en particulier économique. A cet égard, il a indiqué qu’en 2022, les investissements des sociétés françaises installées en Tunisie ont atteint 187 millions d’euros, ce qui fait de la France le premier pourvoyeur d’investissements étrangers directs dans le pays, relevant que « le millier d’entreprises françaises qui sont aujourd’hui implantées en Tunisie emploient entre 140 000 et 150 000 personnes ».

Très récemment, le président français, Emmanuel Macron, a appelé, depuis la capitale belge Bruxelles, à « aider la Tunisie à retrouver de la stabilité politique » et à conclure un accord avec le FMI. « Il faut d'abord, comme objectif premier, stabilité et chemin de croissance pour la Tunisie, dans le contexte très fragile où ce pays se trouve, mais il nous faut aussi à très court terme réussir à stopper les flux migratoires qui partent de Tunisie et qui accroissent la pression sur l'Italie et le reste de l’Europe », avait souligné Emmanuel Macron.

La note souveraine de la Tunisie a été abaissée au rang de « risque élevé » par l’agence de notation Moody’s qui évoque un « risque de défaut de paiement de la dette ». Tunis négocie depuis plusieurs mois avec le FMI pour obtenir un prêt de 1,9 milliard de dollars. Cependant, les discussions entre les deux parties sont au point mort depuis un accord de principe annoncé mi-octobre.