Interview. Agriculture commerciale : Isidore Ondoki : « Lorsqu’on crée une dynamique, il faut la pérenniser"

Samedi 27 Mai 2023 - 13:45

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Le Projet d'appui au développement de l'agriculture commerciale (Pdac) a organisé, du 7 au 15 mai, une mission de travail dans la zone Nord du pays. Ce déplacement fait suite à la mission de supervision de la Banque mondiale du mois de février, à Brazzaville, et à l’atelier de formation sur l’entretien des pistes agricoles de haute intensité de main- d’œuvre par les organisations non gouvernementales (ONG). Coordonnateur du Pdac, Isidore Ondoki revient sur l’intérêt de ce séjour de travail à quelques mois de la fin de ce projet. Entretien.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.): Monsieur le coordonnateur du Pdac, quelles sont les zones ou départements visités par le Pdac lors de sa dernière mission ?

Isidore Ondoki (I.O.) :  La mission a concerné les villes de Ngo, d’Ongoni, d’Ollombo, dans le département des Plateaux, et Oyo, Makoua, Owando dans le département de la Cuvette.

L.D.B.C.: Quel est le constat réalisé sur le terrain ?

I.O. : Le constat est intéressant. Le projet tend vers sa fin. Alors, nous voudrions que les activités que nous avons financées via le Pdac puissent conduire vers l’atteinte des Objectifs de développement durable. Je rappelle que le projet a pour objectif, entre autres, l’amélioration de la productivité agricole et de l’accès au marché des producteurs ainsi que des petites et moyennes entreprises agroindustrielles. Dans les Plateaux et la Cuvette, les plans d’affaires financés par le Pdac s’exécutent normalement et beaucoup ont réussi. Nombreux sont passés à l’étape de pérennisation, c’est-à-dire des groupements qui ont développé d’autres activités. C’est le cas à Ngo, où un bénéficiaire dont le Pdac a financé 25 hectares de manioc a acquis, par les fonds de son travail, un tracteur. La Banque mondiale a recommandé au Pdac de l'aider à acquérir une charrue. Pour moi, c’est une réussite énorme.

L.D.B.C.: Lors de cette mission, aviez-vous été seul avec les experts du Pdac ou avec les acteurs qui participent au projet ?

I.O. : Dans la délégation, il y avait la Banque mondiale, les ministères du Plan, de la Statistique et de l’Intégration sous-régionale et de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche. Au niveau de la Banque mondiale, la mission était conduite par Ludovic Mialo III, co-chargé du projet et trois autres experts qui sont spécialement des environnementalistes qui avaient pour objectif de voir si et seulement les bénéficiaires du Pdac respectaient les mesures environnementales et sociales.

L.D.B.C.: Vous avez aussi visité les pistes agricoles réhabilitées par le Pdac. Votre constat…

I.O. : Nous avons visité plusieurs pistes, notamment la piste Owando-Ikongono réhabilitée par le Pdac en Haute intensité de main-d’œuvre. Vraiment, nous étions surpris du travail réalisé par l’ONG Alpha et Omega. C’est une réussite, car elle est bien entretenue d’Owando jusqu’à Ikongono. De même, il y a la piste Pamba Ondzaka-Okombé, toujours réhabilitée par le Pdac où plusieurs véhicules s'y rendent. C’est une fierté pour le Pdac.

L.D.B.C.: Peut-on connaître les enjeux de l’atelier de formation sur l’entretien des pistes agricoles de haute intensité de main-d’œuvre par les ONG organisé à Owando ?                                                

I.O.: C’est un atelier de partage, d’échange d’expériences et de connaissances entre le Pdac et les ONG qui sont chargées de l’entretien des pistes agricoles venues de tout le Congo. Le Pdac entretient à ce jour plus de 1000 km en haute intensité de main-d’œuvre. C’était l’occasion, avant la fin du projet, d’échanger avec ces ONG sur leurs problèmes et leurs succès, de sorte qu’après le projet, les conseils municipaux puissent continuer à travailler avec elles. Au départ, il y avait des groupements qui ne possedaient  que deux ou trois hectares, le Pdac a  pu financer jusqu'à hauteur de 25 hectares. Ceci dans le but d’améliorer leur productivité. Aussi, il y a l’accès au marché des groupes de producteurs. Un groupement doit être capable d’exporter sa production vers le centre de consommation. D’où la réhabilitation des pistes agricoles dans plusieurs départements du Congo. Le Pdac a également entretenu des voies d’eaux dans la Likouala et la Cuvette.

L.D.B.C.: A quelques mois de la clôture du projet, êtes-vous satisfait de son exécution ?

I.O.: Normalement oui. Aujourd’hui, tous les indicateurs sont dépassés. Donc, on a bien travaillé. Cela ne veut pas dire que le Pdac a réglé tous les problèmes de l’agriculture au Congo. Nous ne le dirons jamais. En cinq ans du Pdac, on a eu un impact certain dans la pratique de l’agriculture au Congo. C’est l’unique projet qui a donné des moyens très conséquents à ses bénéficiaires. Le Pdac a donné des dons et des subventions au nom de l’Etat congolais à hauteur de 15 milliards FCFA dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Lorsqu’on crée une dynamique, il faut la pérenniser. Et c’est le devoir de l’Etat, car l’agriculture est devenue priorité des priorités contenue dans le Plan national de développement. Nous pensons que la dynamique créée par le Pdac ne doit pas s’estomper. 

L.D.B.C.: Un mot pour clore cet entretien

I.O.: J’invite les bénéficiaires des plans d’affaires du Pdac à accélérer leur exécution, car le projet ne serait plus en mesure de payer les échéances financières. Aux entreprises que nous avons recrutées pour la réhabilitation des pistes agricoles de Mielekouka- Talatala (Sangha), Sibiti-Mayéyé ; Kengué-Kimboto et Lissengué-Liwemé (Lékoumou) de se plier en quatre pour exécuter leurs travaux. Aux collaborateurs du Pdac de s’activer dans le travail afin de mieux le clôturer.

 

Propos recueillis par Stanislas Okassou

Légendes et crédits photo : 

Isidore Ondoki

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