Portrait : Roneld Gatien Bitsangou, distinction danse

Vendredi 10 Novembre 2023 - 15:49

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La vie est une merveilleuse occasion d’expérimentation personnelle. Roneld Gatien Bitsangou a trouvé dans la danse le talent qui le distinguerait des autres et du reste du monde. Vocation née d’une figure iconique, celle de Michaël Jackson ni plus ni moins, une carrière se dessinera au fil des années au gré des rencontres et malgré les péripéties... et les acrobaties d’une vie entre coulisses et lumière.

« Quand je serai grand, je serai... », la phrase qui aura bercé plus d’une âme accueillie sur Terre, à l’époque de la vie où les rêves sont chers et précieux et envoient valser les réalités de la vie puisque réservées au domaine des adultes. Ainsi, des modèles, des stars, des icônes ont suscité le rêve auprès des enfants d’hier dont Roneld. « Roneld », ce petit nom qui veut dire « le petit Ronaldinho », lui est attribué par ses amis qui voient en lui un talent qui a envie de s’exprimer et qui se manifestera sans doute par une grande carrière dans le foot.

Pourtant, Roneld, aux jambes habiles, entretient au chaud un rêve, d’enfant, on entend, celui de devenir comme Michaël Jackson, ni plus ni moins. Fasciné par ses pas de danse et les rythmes de sa musique, il est de manière plus profonde touché par la personne derrière le personnage qui par ses choix passe des Jackson Five au Michaël Jackson accompli à la carrière juste immense. La danse, c’est l’hameçon qui pêche le poisson qu’il est. Un hameçon dont il ne s’échappera pas. À 5 ans déjà, Gatien sait qu’il sera danseur. Il s’essaie ainsi au hip-hop sous le regard caché de son coach spirituel, Michaël Jackson. Il s’en va à l’école primaire sans conviction réelle sinon celle de l’instruction. Pourtant, l’école lui offre l’occasion de se distinguer dans un concours organisé lors de festivités scolaires. Il reçoit la récompense et la reconnaissance d’être ni plus ni moins le « meilleur danseur de l’école ».

Si les autres ont pu voir ce qu’il ressent et perçoit au fond de lui, cela le conforte dans son choix, dans sa voie. Il intègre ainsi un premier groupe de danse qui est très vite porté à l’excellence avec une récompense pécuniaire qui le divise aussitôt. Entre les attraits des filles et le vertige de l’argent, la maturité n’était pas encore au rendez-vous. Roneld enchaîne ainsi son épopée communautaire sans trouver un groupe qui fasse long sur le temps. Les décrochages dans le monde artistique sont nombreux, les abandons incalculables, les fuites de talents nombreuses. Il est pourtant approché par un ancien combattant de lutte qui a vu en lui la persévérance qui ne trompe pas l’oeil averti à venir s’entraîner dans un groupe de danse stable, la Compagnie Lisanga, dans laquelle il considère avoir fait ses classes, la formation durera huit ans. Son art : la danse contemporaine. Pourquoi ce choix ? Foncièrement il ne le sait pas, d’autant plus qu’au départ il trouvait cette danse un peu sirupeuse. Si les bases de la technique sont bien posées, celles du « pourquoi cet art-là ? » sont encore en cours d’installation, le fond manque à la forme et fait manquer à Gatien le rendez-vous avec les Jeux de la Francophonie en 2013. Il décide alors de travailler seul afin de se recentrer et de mieux questionner sa démarche, interroger son art. Le Cercle Culturel Sony-Labou-Tansi l’accueille dans sa quête identitaire artistique.

C’est ainsi qu’il est repéré la même année par Delavallet Bidiefono, artiste danseur et chorégraphe, coordonateur de la compagnie de danse Baninga qui a donné son nom à l’espace Baning’Art de Kombé. Coaché par Delavallet Bidiefono, dans une compagnie qu’il considère comme former les guerriers de la danse à Brazzaville, Gatien entre dans une nouvelle dimension de son art qu’il a préféré aux études supérieures depuis l’obtention de son baccalauréat en électricité et bâtiment. Pendant environ quatre ans, il performe sa technique, construit sa démarche et désormais initie des projets de création. En 2017, il crée alors la compagnie Koubama après le succès de l’atelier “ Dance is my life “ pendant lequel il a su transmettre l’amour de sa passion à des jeunes qui, comme lui, ont été pris à l’hameçon de la danse. Malgré un chemin fait de désillusions et de solitudes, Gatien n’en a pas démordu. Il trouve les joies de son quotiden dans la proximité d’avec la nature, les shows et spectacles donnés de façon régulière à l’espace Baning’Art et dans la formation des jeunes danseurs.

C’est en 2023 que Gatien reçoit le sacre d’une jeune carrière déjà bien longue en terme d’années. Il est révélé par le Bolero de Ravel, une représentation proposée par l’Institut Français du Congo au cours de laquelle Roneld, chorégraphe du spectacle, a été hissé en danseur principal sur un écrin, un piédestal, et présenté au public entouré de cinq jeunes danseurs, révélant ainsi le meilleur de son parcours, dans les coulisses d’une vie d’artiste, avec passion-douleur et passion-joie accomplie. Après avoir été formé à l’ombre des grands et de sa propre grandeur avec dévouement explorée, Roneld présente désormais son travail sous la forme de la Création Tonga qui a été présentée dans plusieurs festivals à Brazzaville et est attendu au Bénin en ce mois de novembre, pour entamer sa carrière au niveau international.

Princilia Pérès

Légendes et crédits photo : 

Roneld Gatien Bitsangou/DR

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