Présidentielle 2023 : Denis Mukwege présente son projet de société à Bukavu

Lundi 27 Novembre 2023 - 17:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le candidat Denis Mukwege est à son fief naturel à Bukavu, dans le cadre de sa campagne électorale. Son avion a atterri dans l'après-midi du 25 novembre à l’aéroport de Kavumu, en provenance de Kinshasa.

En chemise blanche, tenue symbolique du Prix Nobel de la paix, Denis Mukwege a commencé par saluer le public venu nombreux l’accueillir sur le tarmac. "L'Homme qui répare des femmes" a ensuite pris la direction de Bukavu à pied, avant de prendre le véhicule pour continuer la route. Chemin faisant, il s’est arrêté à Miti et Mudaka pour saluer la population qui l’attendait, tout en marchant avec elle.

Arrivé à Bukavu, il a communié avec la population sur la place du 30 juin. Le candidat président de la République a présenté les candidats députés nationaux et provinciaux des huit territoires de la province du Sud-Kivu ainsi que de la ville de Bukavu, alignés sur la liste de l’Alliance des Congolais pour la refondation de la nation (ACRN), le regroupement qui le porte. Son speech s'est essentiellement focalisé sur les douze piliers qui composent son projet de société.

Le candidat n°15 à la présidentielle du 20 décembre prochain a brossé au public la situation qu’il avait traversée lorsqu’il commençait son travail de docteur. Il s’agit de l'insécurité et des cas des violences sexuelles récurrents qui continuent à sévir en République démocratique du Congo. Sur la base de ses dénonciations et celles de la société civile, les Nations unies ont du reste publié le rapport mapping.  Denis Mukwege pensait que la situation allait s’améliorer mais cela n'a pas été le cas. C’est ainsi qu’il a commencé à sillonner le monde pour réclamer justice en faveur des victimes.  « Je suis allé presque partout dans le monde pour réclamer justice en faveur des Congolais. J’ai usé de toute mon intelligence pour trouver justice. Mais partout où j’arrivais, on me disait : ''Tu es membre de la société civile, tu n’es pas mieux placé pour réclamer justice". Pour y arriver, le Conseil de sécurité a dit : "C’est tout simplement un plaidoyer que vous devez faire », a-t-il relevé dans son allocution. « J’ai essayé avec le régime passé, mais ce n’était pas possible. Avec l’actuel régime, j’ai eu des promesses, mais ça ne s’est pas concrétisé », a-t-il poursuivi, ajoutant : « Et j’ai commencé à me demander comment je peux demander ce que moi-même je peux réaliser  ». 

D'après lui, la guerre a atteint un niveau incommensurable: « La souffrance dépasse tout entendement. Et c’est comme si la population est déjà habituée avec cette situation. On me répondait, "Si tu étais président, on allait t’écouter... ». C'est ainsi qu'il a sollicité auprès de la population de Bukavu : « Si vous me donnez le mandat, la première chose que je ferai à l’ONU, c’est de leur dire : "Aujourd’hui, je suis le représentant des Congolais. Dites-moi si vous n’allez pas m’écouter". Je vais leur demander en premier lieu de rendre justice aux Congolais. Et s’ils refusent, cela veut dire qu’on ne nous considère pas comme êtres humains. Et à ce moment-là, tout Congolais saura comment marcher ». C’est pour cette raison que Denis Mukwege a favorablement répondu à l'appel qui lui a été lancé par ses amis professeurs regroupés dans le Collectif des intellectuels qui le poussaient à briguer la magistrature suprême. « Je ne ferai pas de carrière politique. Mais remplir ma mission pour la sécurité. La guerre a tout bloqué », a-t-il déclaré.

Réforme de l'armée, la police et les services des renseignements

Dans son projet de société, la paix et la sécurité sont les racines, parce qu’on ne peut rien faire dans l’insécurité. « Si je deviens président de la République, je veillerai à ce qu’il y ait une armée restructurée et modernisée. L’armée a l’unique objectif de protéger les frontières du pays. Nous ne voulons plus que les autres pays viennent se régler les comptes dans notre pays. Nous pensons qu’il faut une réforme de l’armée, nous voulons une armée organisée, une police qui sécurise la population ainsi qu’un service des renseignements qui n’est pas seulement là pour apprendre qu’on a pris une portion du pays », a-t-il laissé entendre. Denis Mukwege envisage donc une armée à trois têtes, avec, entre autres, les vigiles militaires, c’est-à-dire ceux qui seront placés aux frontières, la police et les services des renseignements. « Aujourd’hui, à cause du manque des moyens, on entend dire : "Il a été tué par des personnes non autrement identifiées". Ce qui cause l’impunité. Un pays sans justice n’en est pas un », a-t-il souligné.

À propos des services des renseignements, il a dit : « La réforme de la sécurité va permettre de savoir ce que nous avons et n’avons pas. Nous ne voulons pas une armée tribale, mais celle qui sera créée par les 145 territoires pour avoir une armée patriotique. Ce sont les patriotes qui vont entrer dans cette armée. C’est la priorité pour la paix dans notre pays... », notant: « La sève, c’est l’éducation, notamment professionnelle ». Denis Mukwege a déploré la condition de cinq ans d’expérience professionnelle qu’on brandit souvent aux jeunes à la recherche de l'emploi. Il a détaillé les douze piliers de son projet de société, dans un élan de communion totale avec la population de Bukavu.

 

Martin Enyimo

Légendes et crédits photo : 

Denis Mukwege démarrant sa campagne électorale à Bukavu

Notification: 

Non